Autant dire que pour tous ceux qui auront vu le premier opus, le jeu est nettement moins fun : on connaît les règles, les procédés et le dénouement. Avoir vu Funny Games est donc un véritable handicap qui prive le spectateur de tout suspense et de tout enjeu, si ce n’est le fait d’attendre (avec de moins en moins d’espoir) un petit changement face au projet initial. Le casting se donne pourtant à 200% mais rien n’y fait : l’air de déjà vu réduit leurs prestations à de simples performances, comme on les prise tant à Hollywood.
Alors diable, pourquoi ce remake ? L’envie de faire voir ce film au plus grand nombre d’américains, trop flemmards pour regarder des œuvres en VOST ? Une démarche juste égocentrique et intéressée ?
Ne condamnons pas cette transposition américaine trop vite, il y a bien des ambitions ; celle, notamment, de s’adresser frontalement au cinéma américain qui a usé et abusé de la violence comme objet de divertissement. Funny Games US, comme son grand frère, pointe ainsi les désirs sado-masochistes du spectateur, son rapport à l’image et les réactions paradoxales qu’elles peuvent générer. Et avec Naomi Watts dans le rôle d’une gentille housewive à la blondeur parfaite, Haneke détruit non seulement le cinéma violemment pop corn, mais fait aussi et surtout exploser le fantasme de la famille américaine standard telle qu’elle nous a été exhibée depuis des décennies.