Critique : Promets-moi

Sandy Gillet | 20 janvier 2008
Sandy Gillet | 20 janvier 2008

Promets-moi perdure la tradition qui veut que chaque nouveau film de Kusturica ne fasse que très rarement l'unanimité. Trop Serbo-réac ici (Underground), trop hollywoodien là (Arizona Dream), trop « n'importe quoi » (Chat noir, chat blanc), bref trop Kusturica (sic !) dans la majorité des cas. Car, même pour ses détracteurs ponctuels ou habituels, il faut bien reconnaître au cinéaste de l'ex-Yougoslavie un style qui lui est propre, totalement assumé et maîtrisé.

C'est d'ailleurs très certainement le seul et vrai reproche que l'on pourra faire à son dernier-né de Promets-moi. Soit une sorte de redite un peu facile et feignasse qui va parler aux fans de la première heure trop heureux de se retrouver en terrain connu mais qui à force finit par un tantinet lasser. Impossible en effet de ne pas avoir en tête tout le long d'une histoire absurde et pourtant joyeusement universelle (un paysan pré-ado s'en va à la ville vendre sa vache et honorer les promesses faites à son grand-père dont celle de trouver une épouse), un peu de La vie est un miracle mais surtout un vaste copié/collé de Chat noir, chat blanc, son dernier chef-d'œuvre en date, mais en forcément moins bien.On a donc droit au rituel montage de dingue, à la musique certes composée pour la première fois par son fils Stribor mais qui ne fait que reprendre le sillon éprouvée par le Non Smoking Orchestra (où il était déjà percussionniste) du groupe de son père, aux faciès improbables et aux jeux d'acteurs ad hoc qui flirtent bien souvent avec l'outrance et l'hystérie.

L'univers est donc connu et reconnu. Le fait qu'il puisse encore choquer ou provoquer un rejet définitif est dans l'ordre des choses comme si Kusturica voulait repousser le spectateur néophyte ou non dans ses derniers retranchements. Cependant pour peu que l'on s'en donne la peine, Promets-moi laisse encore voir le talent immense de son auteur dans sa propension à raconter une histoire comme lui seul est capable de le faire : avec un enthousiasme sincère et toujours virginal.

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