Dante 01 : critique
Cela faisait 10 ans que l'on attendait avec une certaine impatience le premier essai solo de Marc Caro, l' « autre » du duo Jeunet-Caro à l'origine du revival fantastique français des années 90 avec des réussites telles que Delicatessen et La Cité des enfants perdus. Au lieu de suivre les traces de son compère sur les voies d'un cinéma alliant tradition et flamboyance technique, Marc Caro choisit avec Dante 01 le retour aux sources avec une science-fiction épurée proche de l'expérimentale.
On retrouve ici le goût de Marc Caro pour les ambiances claustrophobes (choix aussi motivé par un budget modique), dont il arrive à s'affranchir grâce àune mise en scène qui évite l'étouffement, et une stylisation des caractères directement héritée de la bande-dessinée. Parmi les pensionnaires de cet asile spatial qu'est le Dante 01, on peut reconnaître les têtes chauves de François Levantal, de Gérald Laroche,de Yann Colette et de l'inévitable Dominique Pinon, trognes du cinéma français utilisées à bon escient, et d'où émerge un quasi-mutique Lambert Wilson alias Saint-Georges, au look taillé à la serpe. C'est dans les relations entre ces personnages allumés, allant de la violence carcérale à la Oz jusqu'à l'exaltation mystique suscitée par les super-pouvoirs de Saint-Georges que se situe le meilleur du film, illustrées par quelques SFX des plus convaincants.
Hélas, ce qui aurait suffit à faire un court-métrage au suspens maitrisé et nihiliste (à l'image du Bunker de la dernière rafale) s'étiole et perd de son intensité initiale, Marc Caro ne réussissant jamais à transcender le cadre confiné dans lequel se débatte ses personnages, à qui il manque un minimum de background psychologique afin de déclencher une quelconque empathie. Et le tout de s'achever abruptement par une parabole religieuse des plus lourdes qui clôt le film sur un final grandiloquent échouant à égaler l'imagerie de grands classiques de la SF .
La déception est de mise pour ce que l'on pouvait espérer être le grand retour de la SF française et de l'un de ses meilleurs illustrateurs, même si Dante 01 recèle de séquences audacieuses et prenantes qui laissent espérer une suite bien meilleure pour les prochains essais de Marc Caro. Et peut-être qu'il lui faudra éviter à l'avenir le crédit de Pierre Bordage en tant que co- scénariste (tout comme sur Eden Log), l'écrivain français se révèlant être le mauvais génie d'un genre qui a bien du mal à s'affirmer dans une production française bien morose.
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(3.0)