Critique : Rusty James

Patrick Antona | 14 novembre 2007
Patrick Antona | 14 novembre 2007

Teen-movie vitaminée, drame urbain stylisé et parabole mystique sur les liens familiaux virant à la tragédie grecque, Rusty James est de ces films charnières qui, malgré son côté rétro-80's plus que marqué, possède nombre de séquences qui ont marqué les rétines des jeunes spectateurs de l'époque.

Illustré par un noir & blanc expressionniste censé traduire le regard daltonien d'un « Motorcycle Boy » tourmenté et fantomatique (Mickey Rourke alors en pleine glorieuse ascension), Rusty James s'appuie sur la symbolique de la lutte absurde que se livre les poissons combattants (les « Rumble Fish » du titre en VO), leurrés par leur propre reflet dans l'aquarium. Et dont le rouge éclatant demeure le seul point de couleur d'un Motorcycle Boy halluciné et solitaire, véritable ange déchu qui refuse son statut de légende vivante, et sujet à l'adulation forcenée d'un frère en quête d'absolu (Matt Dillon dans the incarnation du teenager américain des 80's). Adulation fraternelle et puérile qui trouvera sa funeste extrémité dans une fin extatique et libératrice qui, bien que fatale pour « Motorcycle Boy », voit son tragique quelque peu atténué par un retour de la polychromie dans un no-man's land blafard et une dernière échappée en moto pour le jeune frère survivant .   

Film-phare de la vague du genre "film de bande", aux côtés des Outsiders toujours de Coppola, des Seigneurs de Philipp Kaufman, voire des Guerriers de la Nuit de Walter Hill, Rusty James possède une dimension ésotérique supplémentaire qui le rapproche plus de la comédie musicale à la West Side Story avec ses bagarres chorégraphiées et ses histoires d'amour contrariées. Et garde, malgré le poids des ans, un irrésistible attrait grace à un casting quatre étoiles qui se partage entre jeune garde alors en pleine ascension (Rourke, Dillon, Diane Lane, Nicolas Cage, Chris Penn, Laurence Fishburne) et vieilles tronches capées (Dennis Hopper, William Smith, Tom Waits), ainsi que par une bande-son envoutante et quasi-expérimentale de Stewart Copeland.

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