Critique : Le Brigand bien-aimé

Erwan Desbois | 23 avril 2007
Erwan Desbois | 23 avril 2007

Hollywood n'a pas été avare en films dressant le portrait de cavaliers Sudistes valeureux, loyaux et émouvants, loin de leur statut de perdants honteux et déshonorés de la Guerre de Sécession. Mais derrière les grandes réussites (La prisonnière du désert, pour ne citer que lui) se cachent des œuvres qui dépassent franchement les bornes et se complaisent dans la démagogie. Le brigand bien-aimé - titre autrement plus sincère que l'arrogant The true story of Jesse James original - fait partie de cette deuxième catégorie, en n'hésitant pas à justifier les actes criminels du légendaire Jesse James par les atrocités subies de la main des Yankees. La première demi-heure voit ainsi le pauvre Jesse rossé à mort par des Nordistes, blessé par balle au front alors qu'il brandissait un drapeau blanc, et assistant impuissant à l'incendie criminel de sa ferme à peine remis sur pied.

 

Le brigand bien-aimé porte tout de même par éclairs la marque de son réalisateur Nicholas Ray. Le mal de vivre perceptible des deux frères James derrière leurs grands yeux bleus et leur frénésie de casses, bien que sous-exploité au final, s'inscrit dans la lignée des adolescents écorchés vifs de La fureur de vivre ou Les amants de la nuit. Les incessants allers-retours temporels du récit installent une ambiance étonnamment mélancolique, laquelle est renforcée par la froideur et le détachement dont fait preuve le metteur en scène dans les scènes de fusillades. En refusant tout héroïsme aux personnages y compris lors des duels au pistolet, Le brigand bien-aimé préfigure les westerns désabusés qui peupleront les décennies à venir. Mais ses défauts en font un pionnier claudiquant et imparfait.

 

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