Critique : Dangereuse séduction

Le thriller érotique n'est plus ce qu'il était... Les plus libidineux cinéphiles (au hasard Eddy Adam et Julio Lopez de la section X) vous le diront, Basic Instinct 2 ne fut que la face visible d'un iceberg trop beau pour être vrai annonçant prématurément la résurrection d'un genre mort-né. Nanti d'une affiche aussi sulfureuse que son sujet (un whodunit avec en toile de fond les rencontres sur Internet), Dangereuse Séduction se classe directement dans cette catégorie. Ce principe formulé, prenons le nouveau film de James Foley pour ce qu'il est : un vrai/faux polar où s'entremêlent considérations philosophique sur le manque de communication dans la société actuelle et psychologie de bazar où plane l'ombre d'un complexe d'Œdipe inversé. En l'état, il n'est pas sans rappeler un autre thriller bien connu des érotomanes, l'oublié Excès de confiance, en plus timoré et moins efficace dans l'effet.

Passé une laborieuse mise en place, le film délaisse son intéressant potentiel au profit d'un déroulement beaucoup trop classique où chaque moment de tension se voit constamment désamorcé par des Deus Ex Machina si énormes qu'on en viendrait à se demander si James Foley, le nez rivé sur son guide « le thriller hitchcockien pour les nuls », ne prendrait pas le spectateur pour un imbécile. Une maladresse excusable si le monsieur avait su exploiter la perversité de ses personnages et gratter comme il se doit le doux vernis des apparences. Pris entre l'éternel rictus de Bruce Willis et les minauderies d'Halle Berry, seul Giovanni Ribisi insuffle à l'ensemble un semblant d'ambiguïté avant une résolution finale ridicule lorgnant plus du côté de Scooby Doo que de Columbo. Au pire, Dangereuse Séduction fera les beaux jours de TF1 en prime time, au mieux il aura le mérite de poser la question fatidique : à quand un thriller sur les dangers de Meetic dans nos contrées ? Adressez vos scripts à EuropaCorp, tickets de métro et de ciné acceptés.