Critique : NCIS : Enquêtes spéciales

Stéphane Argentin | 15 septembre 2006
Stéphane Argentin | 15 septembre 2006

Lancé en septembre 2003 sur la chaîne américaine CBS – grande pourvoyeuse de procedurals depuis Les Experts en 2000 – sous l'impulsion de Donald P. Bellisario, grand manitou de la télévision à qui l'on doit quelques uns des shows les plus emblématiques du petit écran (Magnum, Supercopter, Code quantum), NCIS (initiales de Naval Criminal Investigative Service, un département bien réel chargé d'enquêter au sein de la Navy, cf. le site officiel), rebaptisé en français NCIS : Enquêtes spéciales, est un spin-off plus ou moins officiel du JAG, série qui referma ses portes en avril 2005 après dix ans de bons et loyaux services. Mais plutôt que de déplacer l'action dans un autre lieu ou un autre service, NCIS donne un bon coup de pied au derrière de son prédécesseur (un brun guindé il faut bien le dire, les sourires s'y comptant sur les doigts d'une seule main) et offre une variation bien plus contemporaine des investigations en terrain militaire.


Entre temps en effet, un autre show a littéralement cassé la baraque et est devenu le maître étalon en matière d'investigation procédurière : CSI / Les Experts. Depuis, pas une série se rapprochant de près ou de loin à une enquête policière ne cherche à copier tout (la déclinaison italienne, R.I.S. – Delitti Imperfetti, et française, R.I.S. – Police scientifique) ou partie de ce numéro un de l'audimat via un petit détour par le labo du médecin légiste, celui du chimiste / scientifique ou encore le recoupement d'indices via la magie de l'informatique. Sans oublier bien entendu la bonne vieille investigation séculaire de terrain.

  

NCIS, c'est précisément cela : le JAG version CSI saupoudré de la « Donald Bellisario's touch ». Chaque épisode s'ouvre ainsi sur la découverte d'un cadavre dans un état de fraîcheur variable et en relation plus ou moins directe avec la Navy. La fine équipe d'enquêteurs entre alors en scène. Et qui dit macabé dit bien entendu coroner. Au sein du NCIS, cette tâche peu avenante est l'apanage du Dr. Donald Mallard dit Ducky. Campé par le légendaire David McCallum, par ailleurs le seul visage « célèbre » de la série, Ducky est le type même de médecin légiste que n'importe quel mort souhaiterait rencontrer. Traitant ses victimes avec le plus grand respect, Ducky possède en effet la particularité de « parler » aux défunts tout en pratiquant leur autopsie. Non, Ducky n'est pas fou ! Et cette lubie pour le moins excentrique ne l'empêche aucunement d'être un expert dans son domaine.

  

Une qualité que l'on retrouve par ailleurs chez Abby, la scientifique et petite génie en informatique du groupe. Outre son penchant pour le gothique (son apparence physique et vestimentaire sont là pour l'attester), Abby est capable, sous l'impulsion des hectolitres de Coca qu'elle s'enfile à longueur de journée (à la rédaction, Sandy, grand amateur de la marque, est battu à plates coutures), d'extraire le code génétique complet de la moindre particule de poussière retrouvée sur les lieux du crime par le biais de la myriade d'ordinateurs à sa disposition sur lesquels elle pianote frénétiquement et plus vite que les malheureuses machines ne sont capables de répondre.


Quant au travail de terrain à proprement parlé, Anthony Dinozzo dit Tony et Caitlin Todd dite Kate s'en chargent. Mais là encore, on est bien loin du duo d'enquêteurs officiel au look cérémonial type Mulder & Scully. Le premier, dragueur et farceur invétéré, ne perd jamais une bonne occasion de blaguer, voire de chambrer ses collègues de travail, en premier lieu Kate. Des écarts de conduite systématiquement rappelés à l'ordre à grands coups de tapes derrière la tête par Leroy Jethro Gibbs (que tout le monde appelle Gibbs), un vieux de la vieille de l'armée et dans la vie (trois mariages et autant de divorces), leader autoritaire du groupe qui ne cesse de pousser son équipe dans ses derniers retranchements (avec lui, rien ne va jamais assez vite !). Un rythme de travail effréné et une bonne humeur générale qui se retrouvent par ailleurs aussi bien dans la musique (le générique très « boite à rythme » entraînante) que dans la mise en scène très léchée qui alterne les plans à panotages multidirectionnels pour suivre les différents personnages et les séquences au montage plus énergique (les scènes dans le labo d'Abby, les jumpcut dans les plans grutés à l'arrivée de l'équipe sur un nouveau lieu d'investigation).


Au final, NCIS parvient à se démarquer suffisamment de la concurrence, entre autre grâce à cette touche de légèreté omniprésente qui permet ainsi au téléspectateur de mieux « digérer » certains aspects peu ragoûtants de l'enquête (les autopsies de Ducky notamment). Un humour que l'on doit à n'en pas douter à Donald Bellisario qui avait déjà appliqué cette formule gagnante avec Magnum. Ultime clin d'œil à la série avec Tom Selleck, le personnage de Tony est d'ailleurs un grand fan de Magnum. Preuve que vingt ans plus tard, la formule fonctionne encore, NCIS ayant été immédiatement plébiscité par le public américain (11,8 millions de téléspectateurs la première année) mais aussi français lors de l'arrivée de la série sur M6 au cours de l'été 2004 (3,8 millions de téléspectateurs). Autant dire une nouvelle valeur sûre du petit écran…

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