Critique : Mohabbatein

Ilan Ferry | 3 juin 2006
Ilan Ferry | 3 juin 2006

Un professeur hors normes va bousculer une à une les fondations d'une prestigieuse université en initiant ses étudiants à la vie et à l'amour grâce à des méthodes d'enseignement peu conventionnelles… ça vous rappelle quelque chose ? Que les adeptes de l'étiquette facile passent leurs chemin, car plus qu'un simple remake du Cercle des poètes disparus à la sauce Bollywood, Mohabbatein est avant tout une ode à l'amour avec un grand A. À l'instar de succès comme La Famille indienne ou encore New York Masala, ce deuxième film de Aditya Chopra (fils de Yash Chopra et réalisateur du méga succès Dilwale Dulhania Le Jayenge) peut se targuer de réunir sur la même affiche quelques unes des plus grandes stars du cinéma indien.


Autour du vétéran Amitabh Bachan, parfait de force et de retenue en directeur meurtri, les couples se forment sous l'œil bienveillant de Shah Rukh Khan et de la somptueuse Aiswarya Rai. Amants maudits par excellence, séparés par les circonstances mais « réunis » par l'amour, ils apportent à l'ensemble une dimension certes glamour, mais surtout empreinte d'une poésie inattendue renvoyant par là même à ce que le cinéma a pu nous offrir de meilleur en matière de mélo. Cependant, Mohabbatein ne se limite pas à un puissant mélo dans la grande tradition bollywoodienne et nous conte non pas une, mais quatre histoires d'amour ! Une initiative de prime abord bienvenue, mais qui montre assez rapidement ses limites. Aditya Chopra a les yeux plus gros que le ventre et le démontre en jonglant constamment d'une histoire à l'autre et prend ainsi le risque d'amenuiser leur impact, voire de perdre le spectateur dans les méandres d'un récit trop disparate.


Un fait d'autant plus dommageable que chacune des trois histoires proposées (la quatrième servant de « colonne vertébrale » aux autres), se voient traitées trop superficiellement sans jamais vraiment laisser place au nœud même de l'intrigue à savoir l'affrontement entre Shah Rukh Khan et Amitabh Bachchan, deux hommes aux antipodes l'un de l'autre mais liés par un douloureux secret. À travers eux ce sont bien les oppositions entre tradition et modernité, amour et devoir qui sont mis en relief. Un leitmotiv qui constitue la véritable force du film donnant lieu à de formidables scènes entre ces deux monstres sacrés du cinéma hindou. Toutefois, ne boudons pas notre plaisir car malgré un propos fort mais maladroitement traduit par un récit en demi teinte, le film offre de formidables moments musicaux tels Soni, Soni ou encore Aankhein Khuli, qui représentent à eux seuls de véritables tours de force musicaux et autant de vecteurs du combat incessant mené par Raj (Shah Rukh Khan) pour faire triompher l'amour. De facto, c'est bien sa romance avec Megha (Aiswarya Rai) qui demeure la plus touchante et, paradoxalement, la plus vivante. Si Mohabbatein s'égare par moments, il n'en demeure pas moins touchant grâce à son couple vedette, véritables anges romantiques dispensant un message hautement fédérateur.

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