Critique : Cosa nostra (L'Affaire Valachi)

Sandy Gillet | 15 novembre 2005
Sandy Gillet | 15 novembre 2005

La réussite de Cosa nostra tient sans aucun doute dans sa propension à nous faire part d'une certaine réalité sèche, sans scories romanesques ou effets de manche visuels. Une forme d'épure dictée par le matériau de base et par une décennie, l'âpreté du cinéma postsoixante-huitard, que Terence Young (le père de James Bond au cinéma, faut-il le rappeler ?) transcende par cette maestria du conteur chevillée au corps propre à son cinéma.

 

 

 

 

Cosa nostra, c'est d'abord l'adaptation d'un livre écrit par le journaliste Peter Maas, qui reprenait l'ensemble des dépositions et témoignages faits par un certain Joseph Valachi en 1963. Emprisonné à la suite de dénonciations, comme tous les membres influents de la famille new-yorkaise, Joseph Valachi s'était en effet mis sous la protection de la police de crainte que son ancien employeur, Vito Génovèse, le fasse tuer. Grâce à lui, on pouvait enfin établir d'une manière précise et définitive l'existence du crime organisé aux États-Unis. Terence Young reprend donc ce canevas, et met en scène un Charles Bronson paradoxalement très crédible dans le rôle de l'Italo-Américain Joseph Valachi (lui, le Lithuanien d'origine !) qui, en se « mettant à table », permet au film d'adopter son fil rouge formel, à savoir le flash-back.


Se déploie alors sous nos yeux une œoeuvre proche du documentaire, où les acteurs endossent à merveille des rôles préexistants (outre Bronson, on trouve en face un Lino Ventura, alias Vito Génovèsese, des plus efficaces) et où l'intégrité du propos a été préservée jusqu'au bout (les noms n'ont par exemple pas été modifiés), permettant de fait à la fiction d'y puiser ce dont elle a besoin : une inspiration violemment organique.

 

 

 

 

Inutile de vouloir comparer Cosa nostra au Parrain : quand l'un ne fait que décrire une réalité patente forcément peu glamour, l'autre esthétise avec brio une réalité qui devient, à l'image de l'Amérique, « bigger than life ». On pourra essayer aussi de rapprocher Cosa nostra aux Affranchis, mais là encore, si le film de Scorsese emprunte la même mise en forme (un récit de repenti en forme de flash-back), le ton et la mise en scène demeurent bien ancrés dans l'univers forcément plus flatteur du cinéma. Non, si l'on devait chercher une filiation actuelle avec le dernier bon film de Young, ce serait du côté de la télé et de la formidable série des Soprano, où la vision d'une Mafia au jour le jour, filmée à hauteur d'hommes et empêtrée dans des problèmes de tout un chacun, renvoie à la description que pouvait en faire Valachi : une organisation basée sur la notion de famille avec tout ce que cela comporte en termes de filiation – amour, désamour, trahison et violence.

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