Critique : Odette Toulemonde

Jean-Noël Nicolau | 23 janvier 2007
Jean-Noël Nicolau | 23 janvier 2007

 Odette Toulemonde est un film mignon. C'est la première pensée qui vient à l'esprit lorsque le générique de fin débute. Nous avons le sourire aux lèvres et le cœur léger, la vindicte critique anesthésiée par autant de bons sentiments si joliment emballés. Pourtant nous ne sommes pas les premiers à nous pâmer devant les comédies romantiques sucrées, ce qui tombe plutôt bien car Odette Toulemonde refuse presque totalement la guimauve, en préférant un mélange de réalisme social assez sordide et de rêverie innocente. La vie d'Odette est hautement désolante, voire désespérante, et pourtant ce petit bout de femme trouve le bonheur dans les moindres détails de son quotidien, exaltée par la prose à l'eau de rose de Balthazar Balsan, écrivain populaire qui ne s'assume pas comme tel. Massacré par un critique, abandonné par son entourage, Balsan ne va trouver le salut qu'auprès de la sincérité d'Odette, une Amélie Poulain en moins exaspérante.

Dans le rôle, Catherine Frot est éblouissante, c'est un véritable festival et les allergiques à l'actrice (s'il y en a) peuvent sagement passer leur chemin. Elle illumine tout le film de son charme unique, à la fois très particulier et irrésistible. Peu de cabotinage, même lors des chorégraphies un peu prévisibles sur du Joséphine Baker, beaucoup de simplicité et un ton très juste, confèrent à la performance de Catherine Frot des attraits précieux. Albert Dupontel se met au diapason en laissant sa partenaire dominer leurs scènes partagées. Par ailleurs, l'acteur n'en fait pas trop même si son portrait de grand déprimé s'avère convaincant et paradoxalement assez haut en couleurs. Parmi les seconds rôles, on peut particulièrement louer les jeunes acteurs incarnant la progéniture d'Odette.

Pour son premier film, l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt verse dans l'autobiographie sans trop appuyer la mise en abyme. Sa mise en scène est sobre, tout en se réservant une poignée d'écarts oniriques discrets et d'autant plus efficaces. Odette Toulemonde ne recherche pas la poésie à tout prix, distille les petits détails incongrus (dont un gag récurrent avec un néo Jésus assez désarçonnant) et préfère miser sur la comédie romantique. L'humour noir fait peu à peu place à un récit de rencontre, tout simple, traité avec un premier degré désarmant. Certes, si vous n'aimez pas les histoires d'amour généreuses, vous risquez de ne pas entrer dans le petit monde d'Odette. Les autres se laisseront aisément emporter par ce film frais et léger, dont la grâce inattendue s'avère des plus touchantes.

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