Critique : What a wonderful world
Le réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi (Mille mois) a beaucoup de culture cinématographique. Un peu trop même, peut-être, au regard de son nouveau long-métrage dans lequel les références et les scènes filmées « à la manière de » étouffent le récit. Celui-ci, construit autour de trois personnages, a pour ambition de dresser le portrait du Maroc d'aujourd'hui, pris entre l'aridité du désert et des traditions et les fantasmes de réussite et de félicité apportés par le progrès technologique.
Les ambitions de mise en scène de Bensaïdi, qui interprète également le rôle principal du tueur à gages mutique, entre Le samouraï et Monsieur Hulot, fonctionnent le temps de la présentation des personnages - inventive et originale. Mais par la suite, les ruptures permanentes de ton et le désir excessif d'intégrer dans chaque scène une idée visuelle forte retirent toute substance à ces mêmes personnages, qui ne se développent jamais. Leurs péripéties nous laissent du coup de marbre, alors même qu'elles brassent des thèmes intéressants sur le papier (la libération des murs vis-à-vis des femmes, la fuite clandestine vers l'Occident). Un peu plus de sobriété, et une virtuosité cantonnée aux moments forts du récit (comme par exemple le dénouement, réellement touchant pour le coup), n'auraient pas été de refus.
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