Critique : L'Étoile du soldat

Audrey Zeppegno | 22 novembre 2006
Audrey Zeppegno | 22 novembre 2006

Début des années 80, l'armée Rouge envahit l'Afghanistan afin de renforcer le régime communiste au pouvoir, en contrecarrant la résistance Islamiste. Enrôlé à son corps défendant dans l'armée Soviétique, Nicolaï remplit son devoir, en espérant que ce conflit auquel il ne comprend rien ne l'éloignera pas trop longtemps de sa gratte et de son groupe de rock. Dans la peau de cette nouvelle recrue tombée du nid moscovite : un Sacha Bourdo tout en pudeur, aussi attendrissant que couillu. Face à lui : un statu quo, une force de frappe endolorie qui fait acte de présence, opère quelques descentes par-ci par là mais pas de scène de combat pyrotechnique. Au cours d'une mission plus risquée qu'une autre, le bizut échoue entre les pognes d'un groupe de moudjahidin. Les rapports qui se tissent entre ces insurgés et leur prisonnier évoluent de la méfiance à la curiosité, de l'étrangéité à l'affiliation avant de virer carrément à l'entente cordiale.

Expert en la matière Afghane, depuis qu'il y largua les amarres en 1981, la caméra au poing, pour prendre le pouls de la situation, Christophe de Ponfilly signe ici son premier long de fiction. Grand reporter, cinéaste et auteur fasciné par cet état tampon, au point de se lier d'amitié avec le commandant Massoud, il s'attela à ce projet, en réaction aux remous médiatiques post 11 septembre. Tiré d'une histoire vraie, L'Etoile du soldat s'inscrit dans le prolongement d'une carrière documentaire vouée à nous guérir de nos amnésies collectives. Un rappel sonnant filmé pour nous faire trébucher, comme pour pallier aux parasitages et aux actes manqués des flashes infos. L'objectif étant de glisser un point de vue expérimenté dans tout ce foutoir, histoire de trier le bon grain de l'ivraie, de raviser les conclusions tirées à la va-vite et d'exposer sous toutes les coutures une réalité qui ne date pas d'hier.

Car après tout, que savions-nous de l'Afghanistan avant qu'Oussama ne s'y terre et que Bush se décide à botter le cul des Talibans ? Quid de l'invasion URSS, du soutien rebelle financé par les USA ? De la partie d'échec que ces mastodontes y livrèrent en toute fin de guerre froide ? Des raisons qui expliquèrent la flambée de l'intégrisme ? Rien. Nada, nothing, niet… ou si peu de chose. Ce à quoi Christophe de Ponfilly remédie, en nous immergeant dans le quotidien des guérilleros Afghans. Plus convaincant lorsqu'il se focalise sur les us et coutume de cette faction de maquisards et sur leur adoption d'un captif insolite, que lorsqu'il feinte les jeux de guerre, L'Etoile du soldat lève un coin de nos œillères d'occidentaux. Et au final, un mérite pareil, ça gomme toutes les imperfections.

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