Critique : Midnight movies

Quel est le point commun entre La Nuit des morts-vivants, Pink Flamingos, The Rocky Horror Picture Show ou encore Eraserhead ? Réalisés dans les années 70 alors que la société américaine subissait de profonds changements, politiques, sociaux et culturels, ces œuvres ont profondément influencées notre manière de voir et de faire des films et sont instantanément devenus cultes grâce aux séances de minuit. En s'axant sur six films majeurs commentés par leurs réalisateurs Midnight Movies raconte l'histoire de ce mouvement cinématographique majeur qui a vu certaines œuvres bien déviantes devenir de véritables phénomènes de société. Provocateurs, dérangeant ou subversifs, l'engouement créé par ces derniers est très vite devenu symptomatique d'une volonté de basculer les tabous par le prisme du cinéma.

A l'instar du récent The Kid stays in the Picture, le documentaire de Stuart Samuels se voit comme un film à part entière avec ses protagonistes (de David Lynch à John Waters en passant par George Romero ou encore Alejandro Jodorowsky) dont les péripéties s'inscrivent dans les tourments de l'Histoire avec un grand H. Ainsi, l'ensemble demeure passionnant grâce aux interventions de ces « personnages » instigateurs malgré eux de cette contre culture cinématographique dont les propos sont d'une pertinence et d'une justesse rare. Toutefois, le film pêche quelque peu par une narration trop impersonnelle, le réalisateur ayant tendance à s'effacer au profit de ses intervenants. Un défaut qui se ressent jusque dans la conclusion trop hâtive de l'ensemble où le retour de la société vers des valeurs plus républicaines fait écho à une démarginalisation des Midnight Movies au profit d'une production cinématographique plus grand public. Le réalisateur ne met malheureusement pas assez en relief ce parallèle et préfère éluder une véritable réflexion au profit d'un aspect trop nostalgique.

En l'état, Midnight Movies demeure avant tout un brillant état des lieux d'une société en pleine mutation où le médium cinéma, devint par l'intermédiaire des séances de cinéma, le porte parole d'une jeune génération en crise.