Critique : Breakfast on Pluto

Vanessa Aubert | 27 février 2006
Vanessa Aubert | 27 février 2006

L'Irlande des années soixante-dix est le théâtre de deux phénomènes majeurs : le tumulte des actes terroristes en pagaille et Patrick « Kitten » Braden. Kitten, comprenez chaton, un surnom original et révélateur de la candeur de ce jeune Irlandais. Créé par la plume de Patrick Mc Cabe dans son roman Breakfast on Pluto, Kitten est un marginal dans une société en plein déséquilibre et cherche comme son pays une certaine sérénité. En adaptant pour la seconde fois un livre de Mc Cabe, Neil Jordan choisit de faire rimer une petite histoire avec la grande.

C'est la maturité de l'Irlande et celle de son héros qu'il met en parallèle. Kitten, né homme mais se sentant femme, s'accorde avec le flashy et l'extravagance de son époque. Les imprimés psychédéliques, les pattes d'eph et autres coiffures super laquées sont parfois difficiles à porter, et c'est dans le casting que Jordan risquait de perdre l'âme de son récit. En vérité, c'est là qu'il le trouve. Le choix de Cillian Murphy est un coup de génie. L'acteur illumine le film en faisant vivre Kitten sans le caricaturer. Outre l'impressionnante transformation physique, Cillian modifie sa voix sans exagération pour coller à la douceur du personnage. On oublie la mâchoire virile et la démarche masculine du comédien pour ne voir qu'un travesti aux gestes précieux totalement crédibles. Le jeu est précis et contribue à l'empathie que l'on éprouve pour ce héros en quête d'amour.

Pourtant, si la prestation de Murphy est indéniable de talent, les 2h15 d'évasion ne parviennent pas à nous prendre totalement aux tripes. Si la trame principale est la recherche par Kitten de sa mère, le contexte historique annexe est parfois trop présent et disperse l'attention. De même, les nombreuses aventures sur le chemin de Kitten, sans être dénuées d'humour, ne font pourtant pas avancer le récit. Preuve avérée que Jordan sait choisir ses acteurs, les seconds rôles sont impeccables, de Brendan Gleeson à Liam Neeson en passant par Eva Birthistle, la romantique du Just a kiss de Ken Loach. Restent quelques scènes détonantes (en prison) ou étonnantes d'émotion (au club de strip-tease) qui réussissent à accepter l'invitation de Jordan pour ce petit-déjeuner sur Pluton.

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