Critique : Incontrôlable

Qui l'aurait cru ? Qui aurait pu croire que LE pitch comique par excellence, digne des meilleures comédies américaines, serait français. Déjà scénariste du très fin Ma femme s'appelle Maurice, Raffy Shart remet donc le couvert avec Incontrôlable, empreint de la même délicatesse, de la même inventivité et du même savoir-faire. Sauf que ce talent unique est porté ici à son apogée. Le metteur en… (en quoi au fait ?) ne choisit d'ailleurs pas la facilité. Il aurait pu faire de ce corps incontrôlable l'élément déclencheur d'une série de parasitages et autres quiproquos entre le héros et son entourage, le héros et lui-même, à la manière d'un Peter Sellers ou d'un Jim Carrey. Mais non, Raffy Shart le fait foncer contre les murs, tomber par terre, se brûler la bistouquette, etc. Ah, ah, ah, ah… argh ! Oui, ça finit par faire mal.

Pour relever un tel défi, et cette véritable performance d'acteur, le réalisateur n'a encore une fois pas cédé à la pression des grands studios, ou aux sirènes d'Hollywood en faisant appel à un Will Ferell ou à Jim Carrey himself. Grand bien lui fasse, car Michaël Youn décroche le rôle de sa carrière et prouve, après maintes « Jackasseries », que lui aussi peut se la jouer Actor's Studio. Ainsi, il n'a pas hésité à prendre 18 kilos pour son personnage de scénariste en mal d'inspiration (sic !), et même pire, à prendre des cours de danse et de mime. Le fou !

Il habite donc chaque plan avec un charisme impressionnant et décroche de sacrées punchlines entre deux pets. Certaines rappellent même la qualité d'écriture d'un Michel Audiard – du genre : « Je vais te chier dans le con pétasse ! ». Mais alors que le spectateur est déjà sous son siège (ou hors de la salle), le film réussit l'exploit de trouver THE idée, la cerise sur le gâteau. En effet, le corps de Michaël Youn n'est pas seulement incontrôlable, il a aussi la voix de l'âne dans Shrek. Oui, c'est bon, n'en jetez plus, c'est le moment de rigoler. Quel plaisir d'assister à la renaissance de la comédie française, à des milliers de kilomètres de la facilité et de la vulgarité de l'équipe du Saturday Night Live.