Good Night, and Good Luck : Critique

Magali Cirillo | 4 janvier 2006
Magali Cirillo | 4 janvier 2006

George Clooney, l'homme qui donne envie de se réincarner en cochon juste pour qu'il vous caresse le groin, repasse derrière la caméra. « Il y avait urgence » diront certains, tant son premier film, Confessions d'un homme dangereux, sorti en 2003, avait fait bonne impression. Avec Good Night and good luck, Clooney nous plonge une nouvelle fois dans le monde de la télévision. Mais ici, point de meurtre, point de cadavres, mais un véritable pamphlet politique.

Le film s'inspire d'une histoire vraie, celle de Edward R. Murrow, journaliste sur la chaîne CBS qui osât s'attaquer à la politique du Sénateur McCarthy et à sa fameuse Chasse aux sorcières (souvenez-vous de vos cours d'histoire de 3è !). On est en 1953, en pleine guerre froide, une époque pendant laquelle le climat de suspicion poussé à son paroxysme faisait de chaque citoyen un potentiel espion communiste. Simple mais d'une efficacité étonnante, le scénario, récompensé au festival de Venise, raconte sans fioritures l'aventure d'un homme et d'une équipe, persuadés de faire ce qu'ils doivent faire. Recentrée sur quelques mois, toute l'action se déroule pratiquement en huis clos, la majorité des scènes se situant dans les studios de la chaîne de télévision. Ce qui permet à Clooney de mettre en lumière la force des dialogues et des personnages qui apportent toute leur énergie à ce film qui ne manque ni de rythme, ni d'humour.

 

 

Animé par un réél souci de réalisme, Clooney parvient à reconstituer l'ambiance et l'atmosphère des années 50 à la perfection. Ne se contentant pas de soigner décors et costumes, l'acteur réalisateur pousse le vice jusqu'à utiliser les textes écrits par les journalistes de l'époque et à insérer de véritables images de McCarthy lui-même (ce qui explique en partie que le film soit en noir et blanc), faisant de l'effrayant sénateur l'un des personnages centraux du film. Assez intelligent pour ne pas se donner le premier rôle, George Clooney peut se féliciter d'avoir choisi David Strathairn pour incarner Murrow. En effet celui-ci semble tout droit sorti d'une faille spacio-temporelle tant il colle au personnage. Le reste du casting est lui aussi impeccable, Robert Downey Junior et Patricia Clarkson en tête, drôles et émouvants dans leur rôle de couple marié « illégitime », puisqu'à l'époque il était interdit pour deux employés de CBS de se marier ensemble (!).

 

 

Bien sûr, le parallèle avec le présent est plus qu'inévitable ; il est voulu. On pense ainsi forcément à George W. Bush et à sa propension à jouer sur la peur de l'autre. On pense aussi au pouvoir des médias, tantôt vecteurs de vérité, tantôt manipulateurs, et au flot d'images auquel les téléspectateurs sont soumis chaque jour sans avoir toujours toutes les clefs en main pour les comprendre. N'oublions pas que papa Clooney est un ancien journaliste qui a su transmettre à son fiston le goût de l'information et du débat. En résulte un film très engagé qui propose autant une mise en garde qu'une véritable dénonciation de la main mise du politique sur le medium télévisuel. À l'heure actuelle, voilà une démonstration brillante qu'on se doit de garder en mémoire et pas seulement parce qu'on s'intéresse aux us et coutumes de la bannière étoilée.

 

 

Résumé

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