L'Amour et les forêts : critique d'un parfait cauchemar amoureux
Virginie Efira et Melvil Poupaud s'aiment à la folie dans L'Amour et les forêts, adaptation du livre d'Éric Reinhardt réalisée par Valérie Donzelli (La Guerre est déclarée, Main dans la main), et co-écrite avec Audrey Diwan (L'Evénement). Ça commence très bien, mais ça finit évidemment très mal, comme dans toute bonne histoire d'amour toxique. Et comme toujours, Virginie Efira est parfaite.
efira suffira
Oui, Virginie Efira est partout, tout le temps. Ces trois dernières années, elle a tourné autant de films que Terrence Malick en 50 ans. Quand elle n'est pas à l'affiche d'un long-métrage (ou deux), elle est sur les couvertures de magazine, les plateaux télévisés, ou la scène des César (sacrée en 2023, après deux nominations consécutives en 2021 et 2022). À ce stade, elle a sûrement une certification gold du CNC, et la légende raconte que sans elle et Pierre Niney, Laure Calamy, Romain Duris, Catherine Deneuve, Karin Viard et Vincent Cassel, 75% du cinéma français disparaîtrait aussi vite qu'Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu des salles de cinéma.
Est-ce que c'est trop ? On a envie de dire : telle n'est pas la question. Virginie Efira a beau être ancrée dans le paysage comme le mauvais goût sur Écran Large, elle continue d'accrocher, d'intéresser, d'emporter. On l'a vue rire, pleurer, parler et marcher des dizaines de fois au cinéma en quelques années, mais elle continue à étonner, comme si c'était une redécouverte à chaque fois.
L'Amour et les forêts en est la 78e preuve. Même si elle incarne des jumelles, elle est d'abord et surtout Blanche, qui tombe follement amoureuse de Greg. Le conte de fées laisse place à l'enfer puisque la tête de Greg sert d'illustration à "pervers narcissique" dans le dictionnaire. Très vite, c'est la jalousie, la peur, la torture, et la prison. Et dans cet arc-en-ciel qui passe du rose au noir, Virginie Efira touche absolument toutes les justes notes avec une simplicité désarmante, entourée d'une belle distribution (Melvil Poupaud, mais aussi Romane Bohringer, Virginie Ledoyen, Marie Rivière et Dominique Reymond). C'en serait presque trop facile si ça n'était pas aussi beau à l'écran.
"T'as vu l'épisode de Dix pour cent avec Isabelle Huppert ?"
donzelli va
L'Amour et les forêts marque un beau retour pour la réalisatrice Valérie Donzelli. Elle s'était légèrement égarée avec Main dans la main et Marguerite et Julien, peut-être noyée dans des dispositifs et des ambitions trop grandes. Ici, c'est plus simple : elle raconte une histoire d'amour qui vire à l'horreur. Pas de danse magique, pas d'hélicoptère et anachronismes, et pas une seule parenthèse comique. En restant attachée à son héroïne, sa famille et son petit monde ordinaire, Valérie Donzelli retrouve un équilibre.
C'est en grande partie grâce à une caméra plus vibrante, légère et flottante, qui épouse les mouvements des corps. Valérie Donzelli et son directeur de la photographie Laurent Tangy n'ont pas peur de s'approcher des visages ni de jouer avec les couleurs et les textures. En amenant régulièrement un plan ou un effet qui brise la logique, la réalisatrice crée une dimension étrange et poétique. Et en évitant l'approche faussement invisible et naturaliste, elle rappelle la fantaisie de ses précédents longs – mais avec plus de maîtrise ici.
Autre beau talent embarqué dans l'aventure : le compositeur Gabriel Yared, dont le CV donne le tournis (Godard, Jean-Jacques Beineix, Robert Altman, Jean-Jacques Annaud, Xavier Dolan). Valérie Donzelli l'a sollicité en pensant à la musique de 37°2 le matin, et il amène lui aussi des touches inattendues et étonnantes, pour rythmer cette romance qui passe de l'eau de rose à l'horreur. Toujours, le film traduit un point de vue, une sensibilité et une envie de cinéma presque palpable à l'écran.
l'AVèNEMENT
L'Amour et les forêts, c'est aussi Audrey Diwan. Auréolée du succès de L'Evénement en 2021 (Lion d'or à la Mostra de Venise tout de même), la réalisatrice a prêté main-forte à Valérie Donzelli pour adapter le roman d'Éric Reinhardt. En co-scénariste, elle a certainement apporté sa rigueur et une forme d'épure narrative, pour que la mécanique de cette romance cauchemardesque soit implacable. Comme L'Événement, cette histoire purement intime prend ainsi des airs de thriller, et de course contre la montre.
Raconté sous forme d'un long flashback, le récit utilise intelligemment les ellipses pour recomposer le puzzle infernal avec l'héroïne. En mettant l'accent sur les crises les plus violentes (notamment une scène absolument terrifiante où Greg retourne la situation pour se victimiser) mais aussi les moments lumineux (cette belle escapade dans une forêt), le tempo est habilement tenu du début à la fin. En d'autres termes : on sait très bien où va cette histoire très familière, mais elle est si bien racontée, incarnée et filmée, que ça fonctionne étonnamment bien.
Attention derrière toi, c'est affreux
À la croisée des chemins, entre Mon roi (chronique en flashback d'une histoire avec un salaud ordinaire, mais avec moins de complaisance) et Jusqu'à la garde (récit d'une intimité qui glisse vers la peur, mais avec moins de puissance), L'Amour et les forêts se termine avec une scène glaçante. Pour continuer, le monde de Blanche doit se refermer. La caméra bascule avec elle pour le point final de cet enfer, et pour raconter l'asphyxie à laquelle le personnage est condamné. C'est à l'image du film : simple, clair et précis.
Lecteurs
(2.3)05/06/2023 à 17:54
Je sors de voir le film.
Virginie Effira est parfaite comme toujours et Melvil Poupaud très inquiétant.
La description de l'installation de l'emprise et la difficulté de s'en échapper.
02/06/2023 à 19:02
Ben moi, j'ai adoré tout du début jusqu'à la fin.
Je suis fan de Virginie Efira, et son visage change suivant les émotions.
J'aurais aimé qu'elle parte avec son amant qui vit dans les forêts....
Seul bémol, la chansonnette très comédie musicale, bof.
Sinon à voir
31/05/2023 à 22:42
Je suis mitigée. Je pensais qu’il serait plus fort ! Les acteurs sont bien mais Melvil Poupaud n’est pas assez convaincant. Pour moi trop lisse. Virginie Effira est TOP comme d’habitude mais il est vrai que certaines scènes sont inutiles (tir à l’arc)… le sujet était tellement bien traité dans le film « jusqu’à la garde « que je suis restée sur ma fin…
Mais cela reste un bon film tout de même !
31/05/2023 à 07:47
Également très déçu. Tout est téléphoné et il y a pas mal de trucs qui ne fonctionnent pas (les jumelles font complètement Fake). Poupaud est limite ridicule en ogre et Efira...ben oui on en a marre car elle joue toujours pareil...Sans parler des seconds rôles limite WTF comme Virginie Ledoyen. Et la mise en scène pop acidulée moi j'aime pas. Difficile de voir ce film après la claque "Je verrai toujours vos visages" (même s'il n'y a aucun rapport !)
30/05/2023 à 15:09
Je suis sorti très déçu.
Le sujet comme le roman offraient une matière d'une belle complexité : le comportement pervers du mari, l'aveuglement dans lequel l'enferme sa maladie, l'impuissance de la victime sont des éléments connus qui auraient pu faire naître des personnages moins attendus et plus denses, avec des échanges plus ambigus...
Quelques scènes assez lourdes : le tir à l'arc, les personnages qui se tapent la chansonnette...
La tension dramatique néanmoins est palpable et tout est juste dans le jeu des acteurs...
29/05/2023 à 06:11
Chef OP. Inexistant, on sait dès le début comment ça va se terminer
Succession filmique des traits de caractère d'un PN. Les acteurs jouent bien, musique excellente, mais tout le reste est vraiment pathétique. Ça renifle du mauvais Hitchcock et de la comédie musicale scène du déménagement pour plaire à l'export? Virginie Ledoyen, avait déjà donné avec ses chorégraphies en son temps, mais là ça sonne faux. Bel exemple a étudier en cours de cinéma pour décortiquer la nomenclature d'un navet.. BOF ennui Garanti pour cette diegese poussive. A éviter gardez vos sous.
25/05/2023 à 18:41
Quel dommage !
Bouleversé par le livre ,j’étais très impatient d’en voir la transcription au cinéma.
Consterné ! Il est vrai que transposer un bon livre au cinéma est un très difficile challenge .
L’image est constamment moche , la réalisation assez médiocre. Les acteurs principaux sont bons même les les seconds rôles .
Virginie Efira est vraiment très bien
Elle fait du Efira . Comme dans tous ses films !
Le propos sur les violences conjugales est probant, très tendance, mais supprime tout ce qui allait bien plus loin dans le livre sur la violence( conjugale entre autres) dont peut être capable un pervers narcissique
Dommage!!! Un livre très fort sacrifié sur l’aura de la bien pensence du moment avec l’aide de très bons acteurs
Un fin qui nous laisse sur notre ..faim !!!
Bof !!!! Pas mal ! Sans plus
Pas de quoi casser trois pattes à un canard !
25/05/2023 à 15:13
Ouuf, 2 mois sans voir Efira à l'affiche... je commençais à m'inquiéter pour elle, j'ai eu peur qu'il lui soit arriver quelque chose !
25/05/2023 à 12:00
Je suis allé le voir hier soir : un bon mélange de drame et d'angoisse. Un sujet glaçant, porté par deux acteurs principaux comme à leur habitude excellents. Melvil Poupaud est tout simplement glaçant.
Je rapprocherais ce film de "Jusqu'à la garde" quelque part. Le sujet est similaire, et c'est traité avec justesse de la même manière. La mise en scène est classique, mais l'atmosphère du film est terrifiante et l'écriture et l'interprétation sont excellents.
25/05/2023 à 01:06
J'aime tellement ce film