Jolt : critique qui n'a plus de jus sur Amazon

Electric Blonde

Qu’il commence à être loin le temps où les deux Kill Bill cartonnaient au cinéma ou que, plus récemment, Mad Max : Fury Road revisitait à la perfection l’univers futuriste dans l’esprit féministe. Et alors que Kate Beckinsale s’était essayée au cinéma d’action avec la franchise Underworld, la comédienne anglaise revient sans son cuir fringant et décoloré en blonde dans un revenge woman parodique où le cartoon fréquente l'action. Dans Jolt, l'actrice britannique incarne une jeune femme qui souffre depuis sa plus tendre enfance d’un trouble explosif intermittent. Ce problème donne lieu chez ce personnage à des accès de violence incontrôlables et des envies de meurtres très intenses.

Pour pallier ce trouble très dérangeant au quotidien, notre Atomic Blonde a eu affaire à des spécialistes qui n’ont rien trouvé de mieux qu’un appareil à électrodes pour la calmer, qui balance une grosse décharge lorsque l'on appuie sur un bouton. Avec ce postulat de départ, Jolt avait de quoi envoyer un coup de poing des plus électriques, sauf que derrière la drôlerie se cache un scénario bancal et très maladroit.

Je ne connais pas ton prénom, mais tu es l'homme de ma vie

En effet, tout va changer lorsque l’héroïne rencontre un homme bien sous tout rapport qui lui fait découvrir les joies de l’amour (et du sexe). Et parce qu’elle a passé une bonne nuit avec lui, l’héroïne devient automatiquement amoureuse et lorsque Justin (Jai Courtney), comptable de métier, est retrouvé assassiné, Lindy se met en tête de retrouver l’auteur de cet acte. Elle va donc mener seule une petite vendetta pour venger la mort d’un mec qu’elle n’a vu que... deux fois.

L’intrigue commence et Lindy enchaînera les niveaux en gravissant (littéralement) les étages puis les boss comme dans un jeu vidéo et rencontrera le gros boss final tant attendu qui n'est autre que Justin lui-même, accompagné de raisons nulles sur le pourquoi du comment de cette histoire. Une construction narrative navrante qui fait rentrer Jolt dans la catégorie des pétards mouillés dont on aimerait oublier qu'ils existent. 

Et ça fait pouf

électricité statique

Outre un scénario complètement foireux en soi, on ne cesse de se dire que c'est dommage qu’une actrice aussi talentueuse que Kate Beckinsale ait rejoint un projet de série B aussi pété. Vraiment, il ne manque plus que les chansons du groupe de métal Evanescence pour se croire dans une production moisie des années 2000.

À la manière du duo de films Daredevil et Elektra, tout sonne faux et ne nous entraîne jamais dans un trip électrique infini. En lui-même, Jolt est super con et même si les personnages se moquent de l’univers, en enchaînant les petites punchlines dignes du rappeur Jul, chaque situation est emportée par le non-sens et l’invraisemblance. En atteste la séquence revisitée du film de John Woo, À toute épreuve, où l’héroïne finit coincée dans l’espace maternité d'un hôpital et est obligée d’envoyer des bébés à la flic interprétée par Laverne Cox. 

Si on ajoute les jolis décors mais sans personnalité et les appartements type new-yorkais décorés de la même manière que toutes les productions américaines de seconde zone, l’ensemble est assez pauvre. Pire, la réalisatrice Tanya Wexler semble être encore moins à l’aise lorsqu’il s’agit de mettre en scène la chorégraphie d’une scène d’action violente et pleine de tension.

"Je vise et je tire c'est ça ?"

Et en dépit de la problématique du peu d’effet de l’humour durant l’ensemble du film, le principal souci de Jolt est sans aucune contestation possible la pâleur des séquences de combat. Mis à part les coups de genou de Lindy sur les entre-jambes de ses adversaires masculins toujours aussi efficaces, l'ensemble s'agite dans tous les sens sans proposer la moindre inventivité, car ce n'est pas en faisant des ralentis que l'on construit une dynamique de combat à l'écran (n'est pas Snyder qui veut, et encore...).

Elles en deviennent si convenues que l'intérêt du trouble dysfonctionnel du personnage se perd peu à peu puisque de toute façon, ses pouvoirs qui n'en sont pas vont lui permettre de fracasser chaque adversaire. Malgré un résultat pitoyable, les désirs des grands studios de lancer des licences à tour de bras sont si grands que la dernière scène annonce sans une once de discrétion une possible suite. Autant vous dire qu'on espère ne jamais avoir à recroiser Susan Sarandon dans une telle catastrophe.

Jolt est disponible depuis le 23 juillet sur Amazon Prime Video en France