U-235 : critique super U

Simon Riaux | 30 novembre 2022 - MAJ : 01/12/2022 10:16
Simon Riaux | 30 novembre 2022 - MAJ : 01/12/2022 10:16

Des résistants belges super badass, des nazis cruels, une bonne dose d'entrecôte de bidasses, des torpilles comme s'il en pleuvait. Quand le plat-pays s'attaque à la Seconde Guerre mondiale avec U-235 de Sven Huybrechts, ça nous éclabousse, et c'est ça qu'on veut.

CORONAZIS

La Seconde Guerre mondiale a inspiré quantité de superproductions et d’auteurs. Mais entre Le Jour le plus Long et Il faut sauver le soldat Ryan, le conflit a aussi servi, sur tous les supports existant alors, de matériau à un pan résolument bourrin de la pop culture. De pulps en serials, séries B en feuilletons radiophoniques, dégommer du fritz était une figure imposée déclinée à l’infini, qui a marqué au fer rouge plusieurs générations. C’est précisément l’état d’esprit brutal et gentiment décérébré que U-235 entend ressusciter. 

 

photoDes basterds qui moussent

 

Et le réalisateur Sven Huybrechts y parvient avec une jubilation communicative. Dès son ouverture, il s’amuse de tous les codes de ce sous-genre, tels que remâchés puis cristallisés par Indiana Jones, avant que Quentin Tarantino ne le conjugue à son tour, et propose une introduction en forme de note d’intention. En moins de trois minutes, on a ainsi droit à un festival de pyrotechnie à l’ancienne (ah, ces roquettes accrochées à des câbles, ces corolles de flammes sorties de Commando...), une caractérisation des protagonistes aussi fine qu'une artère de cachalot et déjà beaucoup de barbac éparpillée.

Il faut dire que l'aventure qui nous attend est emmenée par une troupe de joyeux drilles, qui interrogent les nazis à la grenade, quand ils ne s'apprennent pas l'art délicat de la torture de barbares de père en fille. Personne n'est là pour niaiser, et surtout pas le scénario, qui présente ses héros, les initie au pilotage de sous-marin, puis en fait du pâté, en un temps record.

Et pour y parvenir, le metteur en scène fait feu de tout bois avec une énergie rare. Jamais on ne le sent handicapé par son faible nombre de décor, tant il multiplie les situations et techniques pour maintenir ses personnages sous pression. Jusque dans ses dialogues fleuris (la VF est à ce titre une réussite régressive qu'on vous recommande vivement), tout ici respire un amour désuet mais communicatif du cinéma d'aventure à l'ancienne.

 

photo"Ciel, mon nazi !"

 

FOUS-MARINS

Cette force est aussi une limite, les héros s'avérant limité par leur dimension de vignettes, expressives mais manquant parfois cruellement de nuance. Paradoxalement, leur énergie finit un peu par jouer contre U-235, tant on rêverait de voir cette mauvaise troupe démastiquer du nazi en lieu et place des bavards d'Inglourious Basterds. Leur gouaille, leur amour pour le dézingage à tout crin, rendent évident puis regrettable le choix de les confiner dans un sous-marin, à fortiori quand se profile le climax, un peu plus convenu et propre sur lui que ce qui l'a précédé.

Mais, pour programmatique que soit le métrage, son metteur en scène déploie lors de chaque péripétie une hargne et une inventivité bienvenus. Rien qui soit de nature à surprendre véritablement le spectateur, nulle trace ici d'un point de vue qui renouvelle le film de sous-marin, mais une tentative délicieusement burnée de retrouver la vista d'un certain cinéma d'antan. Et nos marins d'eau douce coupée à la gnôle d'aligner les morceaux de bravoure, mitraillant un avion en pleine submersion ou découpant de la gambette au débotté. De quoi se confiner, sans trop de finesse.

 

photo

Résumé

Simple, techniquement malin et délicieusement bourrin, U-235 est un plaisir qui ressuscite l'énergie décomplexée des pulps et serials d'antan, dont on pourra simplement regretter qu'il ne donne pas un peu plus d'ampleur à ses personnages.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
05/12/2022 à 14:14

Des belges émulent à la fois les films de sous-marins, les films avec des mercenaires de la Seconde Guerre Mondiale et... Indiana Jones et "Abyss" ??
Trop d'exagérations (trash) empêchent de garder une constance, qui aurait pû éviter un tas de caricatures. Ou d'idées non exploitées (le jeu du titre faisant référence aussi bien référence à l'identifiant du sous-marin qu'à l'uranium, ou bien le sens tragique de la dernière scène sur la plage).
Pas de direction claire, moins d'empathie. Ne reste que l'énergie, même quand elle n'a pas toujours bien canalisée.

Kyle Reese
30/11/2022 à 21:13

"Ciel, mon nazi !" Ah oui quand même. Toujours le bon mot ;)

greg67
25/11/2020 à 10:19

Film très sympa. Vu grâce à EL merci!

BB
22/10/2020 à 23:12

Franchement mauvais...

Numberz
01/10/2020 à 09:03

Ah vla un truc auquel tu t'attends pas et qui a l'air bien fun. Merci Simon.

Moi qui pensait à un prequel de U-571...

Puree ça me fait penser à un autre film chiffré... J'allume amazon prime hier, et dans les films, je vois un truc nommé 301... C'est une parodie de 300. Mais comment tu peux faire ce genre de film aussi merdique...

Flash
09/04/2020 à 13:56

Merci Simon !

Simon Riaux
09/04/2020 à 13:44

@Flash

VOD en location et à l'achat depuis le 2 avril, distribué par Wild Side.

Flash
09/04/2020 à 13:41

Sympa cette chronique, j’imagine que c'est en Vidéo à la demande que l'on peut voir ce film.

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