Critique : Dark star - L'étoile noire

Premier film officieux de John Carpenter alors âgé de 25 ans, Dark star est en fait le film de fin d'études de ce dernier à USC (university of southern California). Après avoir obtenu son seul et unique oscar pour The Resurection of Bronco Billy (court métrage collectif), Carpenter se lance dans son projet de fin d'études, un film de SF, genre qu'il affectionne par-dessus tout, qui n'a rien à voir, malgré son titre, avec l'étoile noire chère à George Lucas. Coécrit par Dan O' Bannon, Dark star est avant tout un film (de) potache, un fourre-tout bordélique et jouissif, tourné avec des bouts de ficelle dans le garage de Carpenter, et sur lequel de nombreux étudiants de USC viendront donner un coup de main.

Dan O' Bannon y dessine sous un mode parodique les premières esquisses d'Alien, qu'il rédigera quelques années plus tard. On lui doit notamment la chasse à l'alien : un ballon scotché sur un manche à balai qui se balade en couinant dans les (minuscules) coursives du garage – pardon, du vaisseau spatial. Carpenter reprend à son compte une bonne partie de la problématique développée par Kubrick dans 2001: L'Odyssée de l'espace, et surtout dans Docteur Folamour (le dernier plan du film nous montre un astronaute surfant à la dérive dans l'espace ; difficile de ne pas penser au cow-boy de Kubrick chevauchant sa bombe), sur la politique de l'armement US. Cinéaste (déjà) engagé politiquement, Carpenter développe une critique du programme spatial américain de l'époque dans LA scène mythique du film : une discussion philosophique entre une bombe douée de conscience et un officer chargé de la raisonner afin qu'elle ne cède pas à ses instincts primaires, exploser.

Tourné sur un période de deux ans, et entaché de problèmes juridiques entre USC et Carpenter sur la propriété légale du film, Dark star parvient à trouver le chemin des salles obscures dans une version longue, rendue nécessaire pour son exploitation au cinéma (le DVD chroniqué ici propose les deux versions du film ; la director's cut, une fois n'est pas coutume, étant la version la plus courte). Film à part dans l'œuvre de John Carpenter, resté invisible pendant de nombreuses années, Dark star est surtout une véritable curiosité, un film collectif où il est encore difficile de reconnaître la patte de son auteur. Assaut restant pour beaucoup le premier film officiel du grand John.

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