Critique : 2 automnes 3 hivers

Simon Riaux | 23 décembre 2013
Simon Riaux | 23 décembre 2013

Il y a de belles idées dans 2 automnes 3 hivers, de nobles intentions et parfois une humble ambition qui réchauffe le cœur du cinéphile désespéré par l'interminable hibernation du cinéma français. Hélas, comme l'indique le titre de son nouveau film, Sébastien Betbeder ne nous apportera pas le printemps, tout juste un redoux poli.

Chronique des amours, des doutes, puis des amours de quatre français moyens, le film prend la forme d'autant de monologues, tantôt en voix off, tantôt face caméra, qui nous plongent directement dans la subjectivité et l'intimité des protagonistes. La modestie du projet comme la simplicité de son exécution s'avèrent d'autant plus touchants que l'aspect rugueux et branque de l'ensemble s'accorde parfaitement avec le choix de ne pas s'attarder sur les dialogues, grand impensé du cinoche hexagonal.

Hélas, la sincérité du film comme sa franche bonhommie ne suffisent pas à faire oublier l'inconstance de son scénario. L'arc narratif dédié à Vincent Macaigne et son spleen cataleptique a beau jouir d'une puissante sensibilité, parfaitement exprimé lorsque le comédien lance un ultime regard à l'homme qui l'agressa jadis, ses petits camarades ne sont pas aussi bien servis. En effet, les errances du personnage de Bastien Bouillon s'avèrent vite soporifiques, tant à cause de leur platitude que du jeu approximatif du comédien.

L'alternance entre pellicule s'avère d'une laideur perturbante, si bien qu'il est difficile de ne pas s'agacer devant les tirades exécutées face caméra, redondantes, qui laissent entrevoir les failles de l'écriture. Et c'est ainsi que la modestie originelle de la chose finit par rejoindre les tares systémiques de la production française, à savoir l'absolu refus de la maîtrise technique, la négation de la belle image, la quête stérile d'une poétique de la banalité. Reste qu'il n'y a pas de quoi désespérer de Sébastien Betbéder, qui emballe ici suffisamment de répliques acidulées, accomplit assez de contrepieds audacieux pour qu'on lui souhaite de s'accomplir à l'occasion d'une œuvre plus solide et rigoureuse.

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