La Défense Lincoln : Critique

Sur le papier, cette histoire d'avocat singulier (sa voiture, une Lincoln, lui sert de bureau) défendant un fils de bonne famille accusé de tentative de viol d'une escort, on a l'impression de l'avoir mille fois ailleurs tant les séries TV se sont accaparé le filon depuis une dizaine d'années. Quand en plus, on a droit à un réalisateur débutant et un acteur vedette qui a passé bien trop de temps à jouer dans des mièvres comédies romantiques quand il n'exhibait pas tout simplement ses abdos (impressionnants au demeurant) dans des productions sans intérêt, il y a vraiment de quoi faire la fine bouche devant cette Défense Lincoln.

Ce serait finalement une petite erreur d'appréciation tant ce gentil thriller se suit avec un certain intérêt et ce pour plusieurs raisons. Matthew McConaughey nous rappelle qu'il a été révélé dans ce genre de film (Le droit de tuer) et que le costume de l'avocat lui sied à merveille. D'autant plus qu'ici, le caractère borderline du personnage (sa vision du métier, son rapport avec son ex,...) offre à l'acteur une palette de sentiments et d'expression bien plus riche qu'à l'accoutumée. Avec un tel héros, le film est donc sur des rails solides.

Comme, en plus, les producteurs ont réussi à réunir une sacré palette de comédiens pour entourer leur star (Marisa Tomei, Ryan Philippe, William H. Macy, Josh Lucas, Michael Pena, John Leguizamo, Bryan Cranston, Frances Fisher) à tel point qu'on se croirait parfois dans un Altman, il y a de quoi enrichir la moelle des seconds rôles pour éviter les stéréotypes du genre.

Alors bien sûr, l'intrigue n'est pas des plus tendues et le suspense est relativement vite désamorcé, les rebondissements s'avérant un poil trop prévisibles à l'instar d'une fin à rallonge inutile.  Mais le résultat possède cet aspect « old fashion » des années 80-90 qui a indéniablement un côté séduisant et qui explique d'ailleurs sûrement le joli succès du film aux USA. Comme d'autres romans existent avec cet étonnant héros, il y a fort à parier que l'on revoit l'homme à la Lincoln dans un proche avenir. On aura du plaisir à le retrouver !