Critique : Simon Konianski

Thomas Messias | 27 juillet 2009
Thomas Messias | 27 juillet 2009

Ainsi donc, on peut faire rire avec le judaïsme, la bande de Gaza et les camps d'extermination. Le deuxième long du belge Micha Wald réussit cet exploit de main de maître, et de façon assez imparable. Simon Konianski est une petite merveille de finesse et de drôlerie, qui démarre comme une comédie juive réussie et embraye sur un road movie tendre, tordant et finalement émouvant. Il faut le prendre comme un compliment : on se croirait dans un film américain indépendant, la liberté de ton et de mise en scène étant deux des grandes forces de l'oeuvre. On nage entre Wes Anderson, Noah Baumbach et Jonathan Safran Foer, références plus ou moins conscientes qui n'empêchent jamais le film d'être lui-même et d'échapper à toutes les étiquettes.


Simon Konianski évacue très rapidement l'appréhension d'assister à une nouvelle Vérité si je mens ! avec répliques conçues pour devenir cultes et hystérie à tous les étages. Wald opte pour une approche éminemment modeste mais pas dépourvue d'ambitions, menant de front la description de la crise vécue par son héros et la peinture amusée d'une religion juive vécue différemment selon les générations. Ce n'était pas gagné, mais il se moque avec brio de l'obsession totale des rescapés des camps pour le martyr qu'ils ont vécu soixante-dix ans plus tôt. Si cela fonctionne, c'est parce qu'il témoigne d'un grand respect à l'égard de ses glorieux aînés, qui ont besoin aujourd'hui encore d'évacuer leurs traumatismes en ressassant encore et encore les mêmes anecdotes. Simon Konianski et Micha Wald ne sont qu'une seule et même personne, et leur affection teintée d'agacement a de quoi réjouir amplement.


La deuxième partie, qui nous transporte du côté de l'Europe de l'Est, reste toujours aussi drôle, mais avec un supplément d'âme : le film rebondit bien et accentue sa tonalité douce-amère, si bien mise en valeur par une mise en scène ample et inventive. Caché derrière une paire de lunettes trop grande pour lui, Jonathan Zaccaï trouve ici un rôle à sa mesure, le personnage étant tellement à fleur de peau qu'on le sent prêt à basculer à tout moment dans l'hilarité ou le désespoir. Les autres, du petit garçon aux petits vieux, sont à l'avenant, caricaturaux quand la comédie l'exige mais pas en représentation perpétuelle. Il était bien difficile de croire qu'un film se terminant non loin des camps de la mort puisse provoquer une telle euphorie. C'est pourtant ce qui se produit avec cet étonnant Simon Konianski, qui a le potentiel pour séduire tous les publics, y compris les réfractaires de La vie est belle et Train de vie.

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