Shaft : un scénariste indigné par le remake et le racisme d'Hollywood

Jacques-Henry Poucave | 30 juillet 2015
Jacques-Henry Poucave | 30 juillet 2015

Shaft est plus qu’un personnage culte. Il symbolise notamment l’avènement de la blaxploitation, l’arrivée seules écrans américains de héros afro-américains libres et subversifs. Tout un symbole. Alors que New Line vient d’annoncer u projet de remake, le scénariste du comics dérivé de la saga et auteur du dernier roman adapté de la franchise réagit violemment.

David Walker n’est pas peut-être pas un des créateurs du mythique Shaft, mais il n’en est pas moins un véritable gardien de son héritage. Scénariste du comics, il est surtout le premier auteur à avoir été autorisé par l’inventeur du personnage, Ernest Tydman, à rédiger un roman issu de son œuvre depuis 40 ans.

Et manifestement, l’orientation prise par le remake de Shaft signé New Line est à ses yeux une véritable offense, doublée d’un projet qui fleure bon le racisme et les stéréotypes hollywoodiens. En effet, le héros n’aurait pas droit à une nouvelle aventure dans la lignée des films originaux, mais à une relecture comique.

Dans une lettre ouverte publiée sur son blog, Walker regrette que le studio préfère « chier dans les bottes » du personnage plutôt que de faire un bon film, ce qui aurait pour conséquence d’aboutir à un probable flop. L’auteur rappelle en effet que les parodies ou pastiches basés sur la communauté afro-américaine sont loin d’avoir tous été des succès.

« En comparaison, The Equalizer a rapporté plus de 190 millions de dollars dans le monde, et c’était un film d’action au premier degré, avec un noir dans le rôle principal. »

Or, la société américaine a justement besoin de ce type de héros, selon Walker.

« Depuis qu’Ernest Tydman a créé John Shaft dans les années 70, nous n’avons jamais eu autant besoin de quelqu’un comme lui. Et malgré cela votre réponse, c’est de prendre le héros le plus iconique de l’histoire de la culture black – quelque chose qui fait défaut au paysage cinématographique actuel – pour le transformer en une sorte de figure comique.

Parce que dieu sait que ce dont les noirs – et l’Amérique en général - ont besoin en ce moment, c’est un ENCORE un noir qui fasse des blagues pour nous distraire un peu de ce qui nous fait souffrir. On peut laisser les super-héros aux blancs, mais le héros noir ne peut être héroïque que s’il est emballé dans un package de comédie. »

Tout savoir sur Shaft : Les nuits rouges de Harlem

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commentaires
Karlito
31/07/2015 à 09:39

Serait-il possible qu'il y ait un décalage de générations? Shaft est ancré dans les années 70. Depuis, le cinéma a tout de même évolué. On trouve de trés bons acteurs de couleurs dans le cinéma américain; beaucoup comme Samuel Jackson ont joué dans de très bons films sérieux, Forest Whitaker, Morgan Freeman, Denzel Washington dans Line of Fire, James Earl Jones ou Jamie Foxx entre autres. Ils sont davantage présent au cinéma. Aprés il y aussi les comédies lourdingues avec leurs icones (Will Smith, Eddy Murthy, l'insupportable Chris Rock). Il y a une évolution, le cinoche se marqué dans un ton ethnique (black explotation). Les films actuels sont davantage dilués. Il y a du progrés. Aprés les évènements sociaux démontrent une autre réalité...

Aprés, cette mode des remakes vaseux, ce n'est pas seul a subir le ridicule. L'annonce de Nosferatu ou de 81/2 de Fellini... Je ne comprend pas. Ces films se suffisent à eux même et marque leur temps, ce qui historiquement est important.

Ducky
31/07/2015 à 01:28

Je comprends le mec déjà que des personnages se fictions iconiques noirs on en a très peu mais d'en faire un bouffon comique pour amuser la galerie je comprends la déception Du type. Franchement si ce qu'il dit est vrai les studios allez bien vous faire enc. ..

DJ Fest
30/07/2015 à 17:11

Le remake de Singleton c'était pas déjà une parodie ?

diez
30/07/2015 à 17:07

Je trouve son commentaire à côté de la plaque.

Je comprend ce que représente Shaft, mais l'indignation du monsieur n'est pas pour aider la cause qu'il tente de défendre.