Avant Ghost in the Shell, l'autre chef-d'œuvre que même son réalisateur n'a pas compris

Axelle Vacher | 15 avril 2024 - MAJ : 18/04/2024 01:58
Axelle Vacher | 15 avril 2024 - MAJ : 18/04/2024 01:58

Quel est le point commun entre Ghost in the Shell et Final Fantasy ? L'Oeuf de l'ange, le petit chef-d'oeuvre surréaliste dirigé par Mamoru Oshii et animé par Yoshitaka Amano

La figure de l'artiste soulève son lot de fantasmes et d'idées préconçues, et nombreux sont lesdits artistes à perpétuer eux-mêmes ces différents mythes. Et pourtant, peut-être s'agirait-il de nuancer ce culte du créateur pseudo-mystique. Que l'on s'entende, Christopher Nolan n'a pas tort de prêcher son célèbre "n'y pensez pas, ressentez-le". Mais rappelons tout de même que réfléchir aux fondements d'une oeuvre participe largement à son appréciation (autrement, pourquoi se donner la peine de rédiger ces dossiers ? Ou de passer cinq ans à étudier l'Histoire de l'Art ? Ou d'être journaliste cinéma ? Mystère).

Dans son ouvrage consacré au papa de Ghost in the Shell, l’auteur Dani Cavallero rapporte néanmoins que le cinéaste lui-même ne savait pas quel était le sens de son Oeuf de l'ange. Surréaliste, nébuleux et pétri de symbolisme, le récit propose effectivement une expérience singulière. La confession de Mamoru Oshii laisse quant à elle libre cours à toutes les interprétations possibles – la plus commune supposant une méditation relative à la perte de foi religieuse. Et s’il s’agissait également d’une réflexion sur la création artistique ?

 

L'Oeuf de l'ange : photoUn grand film chevelu

 

genesis in the shell

On ne surprendra probablement personne en avançant que L'Oeuf de l'ange se rapproche davantage du rêve fiévreux qu'autre chose. Les images se succèdent, aussi éthérées que perturbantes, et perpétuellement hantées par une bande-son lyrique à mi-chemin entre le choeur religieux et le film d'horreur. Là, deux personnages anonymes – une figure christique à la mine patibulaire et une enfant trimbalant l'oeuf titulaire – évoluent, quasi mutiques, au sein d'un paysage à l'esthétique mélancolico-post apocalyptique.

Si Villeneuve a récemment divisé la sphère cinéphile en confiant abhorrer les dialogues, puis en arguant que le "pouvoir du cinéma" était avant tout une histoire d'image et de son, l'oeuvre de Mamoru Oshii semble plutôt lui donner raison. Sur les 71 minutes que compte le long-métrage, seules quatre minutes de dialogues peuvent être recensées, dont trois citant de façon cryptique le livre de la Genèse, chapitre 6, verset 7.

 

 

Pour ceux qui n'auraient pas été gavés de catéchisme lors de leur tendre jeunesse, ce passage réjouissant rapporte comment Dieu s'est levé un beau matin, a décidé que l'Homme était irrécupérable, et s'est mis en tête de déclencher le fameux Déluge en vue de régler le problème une bonne fois pour toutes. Et puis finalement, le brave Noé "trouva grâce aux yeux du Seigneur", et le bougre s'est ainsi retrouvé à construire une arche gargantuesque, destinée à voguer les flots avec tout un zoo à son bord. De toute évidence, ce rappel biblique n'est point gratuit, et trouvera son importance d'ici quelques paragraphes.

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commentaires
Mouais
18/04/2024 à 18:44

Oui, il faut le dire dans ce cas là aussi : tout comme like (com1) : pour ces articles que je continue de venir ici, merci :-
)
et paradoxalement son 2e a augmenté mon envie de voir ce film ^^

Axelle Vacher - Rédaction
18/04/2024 à 12:56

@like : merci beaucoup :))

like
17/04/2024 à 21:28

Alors je me suis empressé de voir ce manganimé et euh ? comment dire ?
Pas facile, il n'y a rien à comprendre... Dieu, l'arche de Noé... Dire que c'est un chef d'oeuvre est vraiment exagéré, on en est bien loin.
La musique est réussi, joue grandement à donner cette ambiance obscure et cléricale.
Le bidule que tient le gamin est assez ridicule faisant allusion à une croix mais ça ressemble à un guidon de vélo avec des bout de bidules ici et là...
Si à chaque fois qu'il y a un animé avec juste une ambiance singulière, il est qualifié de chef d'œuvre. Ils vont en pondre des chefs d'oeuvre.
Artistique, ouais... On utilise cette qualification parfois quand il n'y a rien dire car effectivement il ne se passe rien ici.
La fin encore plus incompréhensible, c'est quoi ce truc ???

Satan LaBitt
17/04/2024 à 16:25

Dont on attend toujours une sortie dvd/bluray. Quand on voit toutes les bouses qui pullulent dans les rayons, ou les ré-ré-éditions en 2k, 4k, 8k, 66k blablabla qui malheureusement plaisent toujours ou des séries Z, ça me fait mal au f.ion

J0N
17/04/2024 à 09:28

Attends, quoi ??? "n'y pensez pas, ressentez-le"... Nolan ? Mais c'est à l'opposé absolu de ce qu'il applique la plupart du temps !

like
16/04/2024 à 11:45

Voilà ce que j'aime sur ce site.
Nous sortir des films passés inaperçus, ça c'est cool.
Faute de ne pas être d'accord avec la plupart des classements : "du meilleur au pire" ;)

Saul
15/04/2024 à 17:39

Oh ! Pas vu cette œuvre du maître ! A ceux qui ont eu cette chance, ca me fait penser à Seraphim (manga inachevé de Oshii toujours et Kon), est ce qu'on est dans une œuvre similiaire, un prémisse / premier essai, ou au final rien a voir si ce n'est un thème ?

Hasgarn
15/04/2024 à 13:31

Ce film est merveilleux. Obscure, hermétique, à l'opposé des travaux intellectuels de Oshii.
Un truc de dingue