Blanche-Neige chez Blade Runner : les coulisses désastreuses de ce film dingue avec Keanu Reeves

Ange Beuque | 2 avril 2024 - MAJ : 02/04/2024 13:41
Ange Beuque | 2 avril 2024 - MAJ : 02/04/2024 13:41

Après Minority Report, Blade Runner et autres Total RecallPhilip K. Dick fait de nouveau l'objet d'une adaptation en 2006 avec A Scanner Darkly, tiré de son best-seller Substance Mort. Fort d'un casting prestigieux (Keanu ReevesRobert Downey Jr.Winona Ryder), le cinéaste  Richard Linklater ose un parti-pris visuel très audacieux... qui transforme la postproduction en calvaire.

Ridley Scott, Paul Verhoeven, Steven Spielberg et bien d'autres : le pedigree des réalisateurs appâtés par les écrits de Philip K. Dick donne une juste idée de leur génie visionnaire et de leur potentiel cinématographique. Quoi de plus logique pour Richard Linklater (Before Sunrise) que de se tourner à son tour vers le maître de l'anticipation au début des années 2000 ?

Après avoir échoué à obtenir les droits de Ubik, son choix se porte sur le roman Substance Mort paru en 1977, l'une des œuvres les plus personnelles de l'auteur puisqu'elle s'appuie sur son propre rapport à la drogue. Conscients de son potentiel, Charlie Kaufman et Terry Gilliam ont un temps été associés à son adaptation. Mais comment se distinguer des Minority Report et autres Blade Runner qui ont marqué l'histoire du cinéma ? Linklater veut tenter un coup, dont il ne mesure pas toutes les conséquences.

 

A Scanner Darkly : Keanu ReevesLe report majoritaire

 

Un parti pris visuel très audacieux

Désireux de longue date d'adapter K. Dick, Richard Linklater et son producteur Tommy Pallotta ne souhaitent pas un mastodonte d'action à gros budget de type Paycheck. Ils rêvent d'un projet plus modeste, qui coûterait moins de dix millions de dollars de manière à garantir au réalisateur un contrôle créatif total. Une gageure, tant le genre de la science-fiction semble indissociable à l'écran de certaines fantaisies dispendieuses.

Le choix est alors fait de recourir à la rotoscopie, une forme d'animation qui doit permettre quelques excentricités visuelles sans faire exploser la facture. Alors que Zemeckis s'apprêtait à mettre la capture de mouvement au service de La Légende de Beowulf, Linklater ambitionne de contribuer à tirer l'animation vers une audience plus adulte.

 

A Scanner Darkly : Keanu Reeves, Robert Downey Jr.Iron Man vs Neo

 

Consciencieux, le réalisateur consulte l'agent littéraire du domaine de K. Dick puis les filles de l'écrivain, Laura Leslie et Isa Hackett, qui gèrent son héritage. Après lecture du scénario, elles acceptent de le rencontrer. Elles se laissent convaincre que le film rendra justice à ce thème si sensible de l'addiction et donnent leur bénédiction. Le rendu les effraie un peu, mais le choix a du sens : l'animation est alors perçue comme un art moins mature, créant une connexion avec l'auteur lui-même, qui fut déconsidéré au prétexte qu'il faisait de la SF.

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commentaires
Ghost Leopard
04/04/2024 à 01:18

J'aime beaucoup le film.

Je n'étais pas au courant pour cette histoire de postprod. Merci pour l'information.

En fait, ça confirme ce que je pense concernant la réalisation d'animation. C'est un métier spécifique.

En l'occurrence, ce quils ont fait n'était pas de la simple postproduction puisque c'est le style même du film qui était en jeu.

Lorsqu'on creuse en source ouverte, on s'aperçoit qu'ils ont foiré la mise en place d'un pipeline cohérent avec l'objectif à atteindre.
C'est une responsabilité partagée par la réalisation, la direction de production et l'équipe informatique et il n'y a pas vraiment d'équivalent pour quelqu'un qui viendrait de la réalisation en prise de vue réelle. Là, je suppose que c'est la direction de postprod qui s'est brûlée les doigts et le réalisateur qui, par absence d'expérience préalable, a occulté la masse de travail nécessaire.
En général, les producteurs et réalisateurs sous-estiment très fréquemment la masse de travail en animation, parce qu'ils croient à tort que c'est essentiellement du temps de calcul informatique alors que c'est beaucoup de temps de travail humain pour obtenir ce qui aurait été très simple en prise de vue réelle. On peut tout obtenir en animation si on a de l'argent et du temps mais il faut tout faire dans le détail (les personnages, les props, les décors...).
A ce stade, l'IA n'y changera pas grand chose. L'animation reste du sur mesure.

Uloora
02/04/2024 à 20:45

J'avais bien aimé ce film. Le rendu passe super bien vu le sujet.

[)@r|{
02/04/2024 à 18:29

Philip K. Dick est un romancier vraiment exceptionnel. J'ai passé beaucoup de temps à lire certains de ses livres.

Quand tu te plonges dans l'un de ses romans, tu te sens ailleurs... D'autre part, vous évoquez "Ubik". C'est l'un des bouquins de science-fiction que j'apprécie le plus !

Ciao a tutti !