Entre Alien et Basic Instinct, le piège parfait pour les obsédés du cul (pris à leur propre piège)

Déborah Lechner | 14 décembre 2023 - MAJ : 15/12/2023 12:30
Déborah Lechner | 14 décembre 2023 - MAJ : 15/12/2023 12:30

La Mutante pourrait être un sommet de ridicule avec son histoire de tueuse hybride blonde en chaleur, mais ce film de science-fiction est plus malin et satirique que ce que son pitch graveleux laisse penser. 

Quand La Mutante, réalisé par le touche-à-tout Roger Donaldson, est sorti au cinéma en 1995, il a connu un joli succès au box-office, du moins suffisant pour accoucher de trois suites. La réception critique a cependant été plus mitigée, les descriptions oscillant entre la sympathique série B de science-fiction, et le sous-Alien paresseux qui flirte dangereusement avec l'absurde et la libido de son public. En cause : cette histoire en dessous de la ceinture sur un hybride mi-alien mi-mannequin qui s'échappe d'un laboratoire pour s'accoupler avec un beau mâle alpha (et se déshabiller toutes les 20 minutes).

Si on ajoute à ça le commando qui la recherche (surtout le médium aux fraises de Forest Whitaker), Ben Kingsley qu'on croirait pris en otage, l'histoire d'amour mi-molle en arrière-plan, les séquences numériques ridées et le design volontairement "sexy" de la créature avec tétons proéminents, le film a toutes les composantes du thriller vaguement érotique, voire du navet impuissant. Pourtant, sous ses airs grotesques et aguicheurs, le long-métrage écrit par Dennis Feldman s'avère malin et étonnant dans sa réinterprétation outrancière et ironique de la fameuse "femme fatale" hollywoodienne

 

 

NUE ET CULOTTÉE

Dans La Mutante, ce n'est pas la traque mollassonne de Sil (la mutante du titre) qu'il est intéressant de décortiquer, mais plutôt sa caractérisation et ses motivations, qui ont peu d'équivalents au cinéma. À première vue, elle pourrait coller au cliché sexiste de la femme insensible et croqueuse d'hommes qui use de ses charmes pour arriver à ses fins. Et le fait de donner ce rôle peu bavard et habillé au mannequin canadien inexpérimenté Natasha Henstridge (âgée de 20 ans pendant le tournage) avait de quoi renforcer cet a priori. 

Sil séduit effectivement les hommes avec son corps de rêve et en tue quelques-uns au passage, comme le fait la beauté glaciale de Sharon Stone dans Basic Instinct – pour prendre une des références en la matière. Mais la nymphomanie morbide de l’hybride est dénuée de désir ou même de libre arbitre; ne sachant pas pourquoi elle agit comme elle le fait, elle se demande même à quoi elle peut bien « obéir ». 

 

La Mutante : photo, Natasha HenstridgeL'autre Basic Instinct

 

Elle répond en fait à l’appel le plus primitif : être fécondée par un mâle génétiquement adéquat, qu’elle finira par tuer après leur coït. Sa part d’humanité ne s'exprime qu’à travers un camouflage charnel prévu à cet effet. Sil est ainsi renvoyée à ses instincts les plus bestiaux, devenant une incarnation quasi littérale de la « mante religieuse » (mandibules à l’appui).

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commentaires
Mx
16/12/2023 à 19:53

prochaine suggestion d'articles, de films oubliés, l'île du docteur moreau (1996), outlander le dernier vicking, le témoin du mal, surveillance, the night flyer, piège fatal, ultime décision, la dernière cavale, total western, les insoumis.

steve
16/12/2023 à 13:18

@Pseudonaze
euh, pourquoi "le regretté Michael Madsen" ??
Il est encore bien de ce monde, hein

@Eomerkor
Bien vu la réf à "Lifeforce" !

Ankytos
16/12/2023 à 10:46

Bon souvenir d'une série B sympa.
Mais pas trop d'accord avec le titre : y a-t-il vraiment besoin d'être obsédé du cul pour avoir envie de faire l'amour avec Natasha Henstridge ? Il me semble qu'il suffit d'une libido lambda :)
Ou alors, bon... je suis obsédé du cul, c'est bien possible :)

Flash
15/12/2023 à 14:32

Vu aussi à l’époque au cinoche.
Film assez oubliable, mais au casting sympa, et puis Natasha Hendtridge…
Je l’ai revu récemment dans un nanar horrifique, elle est encore bien gironde, mais hélas elle est restée habillée tout le film.

Boddicker
15/12/2023 à 10:58

Vu en salle à l'epoque, gros navet à mon avis, Henstridge est très belle mais elle a zéro charisme ni présence à du coup son perso n'est ni sexy ni fascinant (la malediction des tops models "actrice"), le travail de Giger se devine à peine tellement il à été remanié et gommé (voir plutôt le magnifique bouquin Species), sinon c'est du Donaldson, transparent, classique, fade... du sous sous Walter Hill.
Cheers.

Eomerkor
15/12/2023 à 08:24

Film plus subtil qu’il n’y parait donc. Faut juste ne pas regarder en dessous de la ceinture. J’avoue qu’à part le titre et Natasha Henstridge je me rappelai plus de quoi ça parle et encore moins qu’il y a avait des scènes de « caméos » (novlangue – confère James Gunn).
Prochain article : LifeForce. L’histoire d’une vampire extra terrestre (Mathilda May) qui se ballade toute nue pendant tout le film à la recherche de ses vêtements. Une dénonciation de la société de consommation et de l’impact des périodes de soldes sur la charge mentale des femmes.

Redwan78
14/12/2023 à 23:08

Trilogie qui passait en boucle sur M6 donc mauvais souvenirs.

Pseudonaze
14/12/2023 à 22:56

Ce qui m'a le plus marqué dans ce nanard désopilant ça reste le regretté Michael Madsen en pseudo super troufion d'élite des forces super méga spéciales qui ne sait jamais comment tenir correctement son arme pendant toute la durée du métrage.
Il y a même une scène où il agitte son gun à quelques centimètres du visage de Marg Heilgenberger alors qu'ils ont une discussion un peu tendue ! Dans la vraie vie il aurait déjà dégommé toute la fine équipe par accident au bout de 5mn et se serait fait explosé les roubignoles dès la première mise en joue !

Haha
14/12/2023 à 21:29

La lourdeur du titre, probablement un de vos meilleurs

Eg
14/12/2023 à 20:55

Personnellement j'ai aimé le 1 et 2 après ça a fait comme beaucoup de suite , c'est devenu mauvais.

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