Avant The Handmaid's Tale : le film choc sur un monde sans femmes qu'il faut avoir vu

Clément Costa | 19 novembre 2023
Clément Costa | 19 novembre 2023

Des années avant le phénomène de la série The Handmaid’s Tale, le cinéma indien imaginait déjà une dystopie patriarcale dans Matrubhoomi, un monde sans femmes.

En 1987, l’autrice Margaret Atwood imaginait dans son roman de science-fiction La Servante écarlate un futur dystopique dans lequel l’oppression patriarcale la plus brutale est devenue un modèle de société. Et malgré l’adaptation éponyme sur grand écran par Volker Schlöndorff en 1990, il faudra attendre la série The Handmaid’s Tale en 2013 pour que ce récit devienne un véritable phénomène de pop culture.

Une quinzaine d’années avant la série mettant en scène Elisabeth Moss, un cinéaste indien proposait pourtant déjà une variation passionnante de la dystopie féministe. Avec Matrubhoomi, un monde sans femmes, Manish Jha imaginait un futur cauchemardesque en mêlant science-fiction intimiste et œuvre politique particulièrement lucide. En résulte un long-métrage choquant, brutal, mais tristement toujours nécessaire et d’actualité.

 

Matrubhoomi, un monde sans femmes : photoSeule contre tous

 

LA NATION ÉCARLATE

Il suffit de quelques plans à Manish Jha pour nous poser le décor terrifiant de son Matrubhoomi. Le postulat de l’œuvre est aussi simple que frappant : dans un futur proche, toutes les femmes indiennes ont disparu de la surface, victimes des traditions patriarcales qui dominent le pays. On suivra alors le destin tragique de Kalki, dernière femme indienne qui se retrouve mariée de force à cinq frères. À partir de cette idée glaçante, le film va nous dépeindre un monde dystopique qui n’est malheureusement pas si improbable qu’il n’y paraît.

Le premier thème social majeur auquel s’attaque le cinéaste est celui des fœticides et des infanticides. Véritable tragédie sociale, il est courant en Inde de voir des familles se débarrasser de bébés de sexe féminin, particulièrement dans les zones rurales du pays. Incapacité à payer la future dot, pression sociale, les raisons sont nombreuses, mais tournent systématiquement autour de traditions patriarcales meurtrières.

 

Matrubhoomi, un monde sans femmes : photoLa Dernière Femme sur Terre

 

Avec Matrubhoomi, Manish Jha pointe du doigt de nombreux maux qui frappent la société indienne. Viol conjugal, violences domestiques, le cinéaste ne recule devant aucun choc pour tendre à son pays un miroir bien peu flatteur. À sa sortie, le long-métrage marquera une véritable rupture pour le cinéma social indien. Les films engagés sont légion à Bollywood comme à Kollywood, cependant le message est souvent enrobé d’une bonne dose de divertissement et de grand spectacle.

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