Oubliez Roméo et Juliette : voici LA grande histoire d'amour scandaleuse du cinéma

Geoffrey Fouillet | 5 août 2023
Geoffrey Fouillet | 5 août 2023

Harold et Maude ou la comédie romantique qui fleure bon le Flower Power et le scandale, par le grand Hal Ashby.

Peut-être que ce petit classique de la comédie romantique vous a échappé, et on comprend facilement pourquoi. Son échec monumental au box-office (à peine plus de 1500 dollars de recettes pour un budget d'1,2 million) n'a pas aidé à sa visibilité, et la nature controversée de son histoire d'amour non plus. Harold et Maude poursuit ainsi ce que Le Lauréat avait pu toucher du doigt, c'est-à-dire une relation non platonique entre un jeune homme et une femme d'âge mûr, mais en ruant plus franchement dans les brancards.

Oubliez donc Roméo et Juliette ou Tristan et Iseult, les amants maudits qui méritent d'être reconsidérés, ce sont bien eux, et il faut rendre grâce à Hal Ashby, cinéaste lui aussi à réévaluer, qui les a immortalisés sur grand écran.

 

Harold et Maude : photo, Bud Cort, Ruth GordonL'union la plus amorale qui éclot dans l'édifice le plus moral (oui, c'est un comble)

 

AU DIABLE LA BIENSÉANCE !

Quand la passion naît de l'interdit, on sait à quel point les conséquences peuvent être terribles. Mais c'est aussi, il faut bien l'avouer, là où émergent les histoires d'amour les plus belles et intemporelles, et nous voilà devant un cas d'école en la matière. Commençons donc par les présentations. Lui, c'est Harold (Bud Cort). Il a 18 ans et trompe l'ennui en asticotant sa mère dans leur immense maison bourgeoise. Elle, c'est Maude (Ruth Gordon), une vieille dame excentrique de 79 ans vivant dans un wagon de train retapé en musée des curiosités. Aussi improbable que cela puisse paraître, ils sont faits l'un pour l'autre, et la bonne société ne va pas s'en remettre.

Oui, la transgression est partout et d'abord dans la malice incroyable des personnages, qui cultivent leur bizarrerie pour mieux défier l'autorité, quelle qu'elle soit. Les voir narguer un policier en moto en le semant par deux fois, au prétexte qu'ils doivent aller planter en urgence un arbre malade, a tout du jeu d'enfants, comme lorsqu'ils font croire à l'oncle d'Harold, un général manchot au patriotisme enflammé, que son neveu est devenu incontrôlable et veut s'enrôler pour récupérer des scalps. Non, rien ne les arrête !

 

Harold et Maude : photo, Ruth Gordon, Bud CortMamie fait de la résistance !

 

Toutes les institutions (familiale, militaire, médicale, religieuse) en prennent ainsi pour leur grade, le duo restant imperméable aux remontrances et leçons de devoir assénées par leur entourage, tout en se plaisant à ridiculiser les supposés gardiens de la moralité. La mère d'Harold est à ce titre l'exemple même de l'aristocrate insupportable, dissimulant son mépris de classe derrière des politesses infinies. "Les laides et les grosses ont été éliminées", dit-elle en aparté à son fils afin de le prévenir du profil des candidates qu'elle a sélectionnées comme potentielles épouses pour lui.

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commentaires
Truc Bidule
08/08/2023 à 14:41

Vu a la télé, il y a tres longtemps.
Très bon souvenir.

Rom
07/08/2023 à 16:20

Ça vaut pas Karate kid

Ray Peterson
05/08/2023 à 23:32

L'une des plus belles histoires d'amour du cinéma jamais racontée, ni plus ni moins.
D'une douceur et d'une mélancolie rarement égalée. L'un des plus beaux plans de fin pour un film, une interprétation de génie, une BO de dingue. Ce film me fait toujours autant pleurer que me donner la patate en même temps.

T'es trop fort Hal Ashby. Et tu mérites une plus grande reconnaissance (Shampoo, Bound For Glory, The Last Détail, Coming Home, Being There : put*** que des chefs d'oeuvre des 70's!!!!).
Même son pas bon "8 millions de façon de mourir" j'arrive un peu près à le défendre et le re-regarder.

Faurefrc
05/08/2023 à 22:23

Hal Ashby ou le grand oublié du Nouvel Hollywood. A l’inverse des Copolla, Scorsese, De Palma, Lucas ou Spielberg, aucun de ses pourtant bons films n’est entré aux panthéon des films cultes…