Seven (et Fincher) n'existeraient pas sans ce film culte

Mathieu Victor-Pujebet | 16 juillet 2023
Mathieu Victor-Pujebet | 16 juillet 2023

Lorsque David Fincher reçoit le scénario de Seven, le cinéaste y voit l'occasion de retravailler les motifs et l'esthétique d'un de ses films de chevet : Klute.

En 1992, alors qu'il sort tout juste de sa très douloureuse première expérience à la réalisation d'un long-métrage (Alien 3), David Fincher est épuisé. Inquiet pour le futur de sa carrière et pas franchement emballé à l'idée de signer un nouveau film, le cinéaste reçoit finalement le scénario d'un étonnant polar, écrit par Andrew Kevin Walker (8mm, Sleepy Hollow, La Légende du cavalier sans tête).

Peu attiré par les premières pages du scénario, très typées buddy movie (ce genre de films où deux flics que tout oppose doivent collaborer), David Fincher est finalement absorbé par la noirceur de ce qui deviendra Seven. Le cinéaste y voit même l'occasion de réaliser le prolongement d'un de ses films de chevet, l'immense Klute, avec Donald SutherlandJane Fonda, et réalisé par Alan J. Pakula, le grand maître du thriller politique et parano.

 

Klute : photo, Donald SutherlandA Ghost Story

 

Noir c’est noir

Deuxième film de son cinéaste, après une comédie romantique portée par Liza Minnelli (Pookie, 1969), Klute est également la première collaboration entre Alan Pakula et son chef opérateur fétiche, Gordon Willis. De cette coopération sur les plus grands films du réalisateur (À cause d'un assassinat, Les Hommes du président) va naître une esthétique toute particulière qui restera associée à la carrière du cinéaste, certes, mais aussi à toute une partie du cinéma paranoïaque des années 70.

Et pour cause, son travail sur l'obscurité et sur les lumières contrastées vaudra à Gordon Willis (également le directeur de la photographie de la trilogie Le Parrain) d'être renommé dans le milieu le "prince des ténèbres". Or, avec ses puissants clairs-obscurs et ses cadres asphyxiants, Klute sonne comme le manifeste et représentant d'un projet esthétique formellement assez dingue, qui deviendra source d'inspiration pour bon nombre de cinéastes, dont David Fincher.

En témoigne cette séquence, qui intervient dans la première moitié du film, où le personnage joué par Donald Sutherland inspecte l'immeuble de Jane Fonda, à la recherche d'un intrus :

 

 

Jeux d'ombres, spatialisation floutée et surgissements de lumière : si Klute est un film, de façon générale, baigné dans une esthétique sombre et contrastée, cette séquence pousse cette idée à un niveau de radicalité proche de l'abstraction. Dans certains plans de l'extrait, l'immersion dans l'obscurité est telle que le spectateur peine ne serait-ce qu'à situer son regard dans le cadre et à cerner ce qu'il doit y voir.

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commentaires
Sanchez
16/07/2023 à 22:12

Vu récemment à la cinémathèque , je n’avait jamais entendu parlé de ce film qui est pourtant une bombe. On comprend pourquoi Jane Fonda est devenu une icône. Le couple quelle forme avec Donald Sutherland est tellement cute , voir Klute.
8/10