Avant Rocky et Raging Bull : le film de boxe en temps réel qui met KO l'Amérique

Près de trente ans avant Rocky et Raging Bull, la boxe était sublimée par Nous avons gagné ce soir de Robert Wise, tour de force cinématographique et politique.

Surtout célèbre pour ses musicals West Side Story et La mélodie du bonheur (tous les deux récompensés de l'Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisation en 1962 et 1966 respectivement), son thriller Le coup de l'escalier, son incroyable film d'horreur La Maison du diable ou son précurseur Le Jour où la Terre s'arrêta, Robert Wise ne considère pourtant pas ces cinq films comme les meilleurs de sa carrière. Au contraire, c'est l'une de ses petites séries B des années 40 qu'il juge comme un de ses films les plus (si ce n'est le plus) réussis et aboutis : Nous avons gagné ce soir.

Et pour cause, cette adaptation (très libre) du poème éponyme de Joseph Moncure March est une petite merveille. Suivant Bill "Stoker" Thompson, un boxeur sur le déclin qui doit perdre un combat truqué par la mafia, Nous avons gagné ce soir (ou The Set-Up en version originale) va jongler entre le film noir, le film de boxe, le pamphlet politique et la tragédie romantique, le tout en temps réel. Un véritable exploit pour ce film sorti en 1949 et mené par Robert Ryan.

 

"Le film sensationnel dont vous entendez parler"

 

real time

En effet, à cette époque, le procédé est encore une rareté et se cantonne plutôt au genre du huis clos, rapprochant le concept du théâtre. Ainsi, en 1948, Raccrochez, c'est une erreur ! d'Anatole Litvak reposait sur cette idée de film en temps réel avec l'enquête téléphonique de son héroïne clouée au lit pour empêcher un meurtre. L'année suivante, un certain Alfred Hitchcock tournait à son tour un thriller en temps réel et en huis clos, La Corde, toutefois en repoussant les limites techniques du cinéma avec une construction en un unique plan-séquence.

Et cette même année, Robert Wise s'est donc également lancé ce défi du temps réel en lisant le scénario de Nous avons gagné ce soir avec une ambition tout autre. De l'horloge initiale ouvrant le film après le générique et affichant 21h05 à cette même horloge indiquant 22h17 pour clôturer cette longue nuit harassante après 1h12 de métrage, le film est construit très précisément sur cette idée de temps. Du moins, pour les plans de début et de fin, puisqu'en vérité, certains inserts sur le réveil qui jalonnent le récit ne sont pas forcément exacts.

 

L'horloge extérieure comme symbole du temps qui passe