Viva Erotica : mode d'emploi du parfait film de cul

Mathieu Jaborska | 6 mai 2023
Mathieu Jaborska | 6 mai 2023
 

En 1996, Leslie Cheung et Shu Qi concluaient l'âge d'or du Category III et du cinéma érotique hongkongais en leur rendant un hommage amer dans Viva Erotica.

La Category III, c'est avant tout une classification, ou plus précisément la dernière classification du système hongkongais, divisé en trois paliers distincts. Les films qui en écopaient – et en écopent toujours – étaient donc destinés à un public adulte. Sauf que l'industrie locale, alors encore en pleine effervescence, en a parfois profité pour l'ériger en label. Certains de ces films profitaient de l'occasion pour repousser les limites de l'infamie et multiplier les scènes de violence sexuelle et physique, tels les célèbres Ebola Sydrome (pour le côté immoral) et Riki-Oh (pour le côté improbable). C'est ainsi qu'ils ont inspiré un petit culte qui a depuis atteint l'occident et les amateurs de mauvais goût cinématographique.

S'en tenir à cette définition, c'est toutefois oublier que les productions estampillées Category III pré-années 2000 étaient en grande majorité non pas des pornos (genre carrément proscrit sur la péninsule), mais des films érotiques, dont les plus fameux représentants sont peut-être les Sex and Zen et leur mélange de sexe et de comédie potache. Un an à peine avant l'évènement qui allait sonner la fin de la récré, la rétrocession, Law Chi-Leung et dans une moindre mesure Derek Yee livraient un véritable instantané de ses dernières heuresViva Erotica, désormais disponible en Blu-ray en France grâce à Spectrum Films.

 

Viva Erotica : photo, Leslie Cheung, Shu QiUn duo de rêve

 

HK cinémagique

En 1996 sort également Ebola Syndrome, épopée complètement azimutée de l'un des anti-héros les plus méchants de l'Histoire et probablement aujourd'hui le plus célèbre des Category III (par ailleurs également sorti en Blu-ray chez Spectrum). Le genre, si toutefois on peut l'appeler ainsi, atteint son acmé et fait partie intégrante de la culture cinématographique HK. Perspective difficile à concevoir pour le public occidental contemporain : le génial comédien Anthony Wong avait par exemple remporté le Prix d'interprétation masculine lors des HK Film Awards (l'équivalant des César chez nous), pour sa performance délirante dans The Untold Story, dont Ebola Syndrom est plus ou moins un remake.

Le moment est donc propice à l'introspection. Quand bien même le cinéma érotique n'a pas attendu la mise en place du système de classification pour se développer à Hong-Kong, Viva Erotica entend bien mettre en scène la génération d'artistes et de commerciaux qui y ont contribué sous ce régime et, plus largement, qui ont fait rayonner le 7e art local à cette période. Car, comme le rappelle le film, ils étaient nombreux à alterner Category II et Category III. Anthony Wong y fait donc par exemple un caméo qui rappelle la figure de Wong Jing, producteur et réalisateur stakhanoviste indissociable du cinéma d'exploitation de l'époque. Et il n'est pas la seule vedette à passer une tête dans le cadre.

 

Ebola Syndrome : photoAnthony Wong dans Ebola Syndrome

 

La plupart des membres de l'équipe technique qui tourne le film dans le film sont interprétés par d'authentiques techniciens. Peter Ngor Chi-Kwan avait notamment écrit et réalisé Erotic Ghost Story II pour le compte de la Golden Harvest. Se sentant coupable de l'avoir viré sur un précédent tournage où il officiait en tant que chef opérateur, Law Chi-Leung lui offre le rôle du sympathique Dicky.

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