Sailor et Lula : la comédie romantique selon David Lynch

Chloé Chahnamian | 15 janvier 2023
Chloé Chahnamian | 15 janvier 2023

Nicolas Cage et Laura Dern tombent amoureux dans Sailor et Lulale plus sulfureux des films de David Lynch. Un road movie kitsch, violent et terriblement pessimiste.

En 1990, David Lynch ouvre la décennie avec deux œuvres majeures : sa série Twin Peaks, qu'on ne présente plus, mais aussi le film Sailor et Lula, ou Wild at Heart en version originale, adapté du roman de Barry Gifford, qui reçoit notamment la Palme d'or au Festival de Cannes. Comme la majorité des films du cinéaste, il devient au fil des ans un incontournable, mais pas pour les mêmes raisons que Mulholland Drive ou Lost Highway.

Avec Sailor et Lula, David Lynch ne propose pas au spectateur une histoire alambiquée, des images subliminales et des plans énigmatiques qui engendrent encore des années plus tard des théories plus farfelues les unes que les autres. Ici, il est tout d'abord question d'amour. Nicolas Cage et Laura Dern incarnent un couple fou, des jeunes amants passionnés, mais rongés par un monde sale et une société déviante.

Kitsch à souhait, excessif, grotesque, et même parodique, Sailor et Lula est une œuvre étrange jonchée de séquences hallucinantes, hallucinatoires et musicales qui donnent l'impression que Lynch se moque de ses deux personnages principaux pour révéler la naïveté de leur ambition, celle d'être un couple parfaitement normal dans une société parfaitement anormale.

 

Sailor et Lula : photo, Nicolas CageL'imprimé python au summum de sa gloire

 

Bonnie et Clyde, ou presque

David Lynch clôturera les années 1990 avec un deuxième "film de route", Une histoire vraie. Il inaugure donc cette décennie avec un premier road movie, à un moment précis où ce genre est en pleine perte de vitesse. Après les années 70 et les grands classiques du genre, comme Easy Rider de Dennis Hopper et Point limite zéro de Richard C. Sarafian, qui ont participé à l'élaboration même du road movie, le genre s'est essoufflé dans les années 80.

Politique et contestataire, le road movie a été dans les années 1970 l'emblème d'une génération marginalisée, d'une contre-culture, une réponse directe à des événements traumatisants comme la guerre du Viêt Nam. Dans les années 1980, les road movies semblent avoir perdu ce sentiment de rébellion, mais la décennie suivante remet les pendules à l'heure et Thelma et Louise, True Romance et Tueurs nés sont arrivés.

 

Sailor et Lula : photoVoyage mouvementé

 

Fini la découverte du paysage américain, la prise de drogues sur la route et les discussions avec les hippies, les road movies des années 1990 semblent bien plus violents et pessimistes, à l'image de Sailor et Lula. Ici, le duo ne prend pas la route de son propre chef pour s'aventurer en terre inconnue à la recherche de nouvelles sensations ou pour sortir d'un ennui profond. 

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commentaires
Sawyer76
16/01/2023 à 08:11

Dans la carrière de David Lynch, le meilleur côtoie le pire.
Et "Sailor et Lula", à la revoyure, c'est une véritable horreur.
Film d'une vulgarité absolue, la palme d'or n'était vraiment pas méritée.

Hocine
15/01/2023 à 23:14

Sailor et Lula est un très bon film de David Lynch, même si ce n’est pas nécessairement celui auquel on pense d’emblée, lorsqu’on évoque la carrière du réalisateur. Nicolas Cage y est particulièrement excellent: l’alchimie entre Laura Dern et lui est parfaite. Le road movie est un genre qui sied bien au cinéma américain: son ancêtre n’est autre que le western. Que ce soit à cheval ou en voiture, prendre la route est un élément important de la culture américaine. Nicolas Cage tournera également un autre road movie à la même époque: Red Rock West.
Il y a un autre road movie dans les années 90: Un Monde Parfait de Clint Eastwood, qui reste l’un de ses meilleurs films. Dans les années 70, on peut également citer L’Epouvantail de Jerry Schatzberg avec Al Pacino et Gene Hackman, Le Canardeur de Michael Cimino, Badlands de Terrence Malick et Alice n’est plus ici de Martin Scorsese.
Dans les années 80, je retiendrai Bronco Billy et Honkytonk Man, tous les deux de Clint Eastwood. Même Sylvester Stallone se frottera au genre avec Le Bras de Fer de Menahem Golan.

Kojak
15/01/2023 à 14:10

J'avais aussi aimé, ayant ressenti la passion qui animait le couple. Et à propos de musique, dans le genre cavale je vous conseille "Lockdown Hurricane", le clip et la chanson sont chouettes je trouve. J'ai beau préférer les happy end aux fins tragiques (rapport à ma dépression chronique) , ce sont ces dernières qui me marquent.

Ray Peterson
15/01/2023 à 12:49

Pas mon préféré de Lynch mais à cette époque le bougre était On Fire entre ça et sa série Twin Peaks. Mention spéciale (entre autre) à Wilem Dafoe, impeccable Bobby Peru bien cradingue et à son destin encore plus cradingue ainsi que la magnifique scène d'errance d'accident portée par la musique de Chris Isaak....