Steamboy : la bombe steampunk du papa d'Akira

Geoffrey Fouillet | 4 décembre 2022 - MAJ : 06/01/2023 16:26
Geoffrey Fouillet | 4 décembre 2022 - MAJ : 06/01/2023 16:26

Exit le Néo-Tokyo d'Akira et place à l'Angleterre victorienne du boom industriel avec Steamboy, l'autre grand prodige de Katsuhiro Otomo

Qui dit animation au pays du Soleil levant, dit Katsuhiro Otomo. Oui, l'un ne va pas sans l'autre, et pour cause, de tous les grands noms de la japanime, il est l'un des rares à pouvoir se targuer d'avoir accouché d'une œuvre aussi culte qu'Akira. Avec cette dystopie cyberpunk qu'il illustre d'abord en manga puis adapte lui-même en film en 1988, Otomo semble impulser un nouveau versant post-apocalyptique pour la science-fiction, consacrant notamment le rapport de l'homme à la machine, thème exploré ensuite par des fleurons du genre tels que Ghost in the Shell et Neon Genesis Evangelion.

Difficile donc de rebondir après avoir fait autant l'unanimité, mais le mangaka et cinéaste ne compte pas en rester là. C'est en réalisant un des segments de Memories en 1995, intitulé Cannon Fodder, qu'il a l'idée de Steamboy. Un projet au moins aussi ambitieux qu'Akira sur le papier, qu'il cherche d'abord à concrétiser aux États-Unis. Bingo, le roi du monde James Cameron paraît intéressé. Mais comme tout maître en son royaume, il doit consulter ses loyaux sujets – autrement dit ses associés – et ceux-ci vont hélas être un obstacle à sa collaboration avec Otomo.

Tant pis, le réalisateur revient en son pays et parvient à financer son long-métrage à hauteur de 2,4 milliards de yens (environ 20 millions de dollars) grâce à de nouveaux investisseurs, ce qui en fait alors le film d'animation japonais le plus cher de toute l'Histoire. Reste que l'échec en salles est de mise à sa sortie, pendant qu'un certain Hayao Miyazaki vit sa meilleure vie, enchaînant les succès les uns après les autres. Et si Steamboy, plutôt que d'être un simple décalque d'Akira, avait réussi à renouveler l'univers d'Otomo ?

 

Steamboy : photo, Anna PaquinAdmirez ce magnifique pédalo circulaire (oui, ça vient de sortir)

 

LA RÉVOLUTION EN MARCHE

Dès les cinq premières minutes de Steamboy, on décèle ici et là quelques influences éminentes, littéraires pour la plupart. On y reconnaît par exemple Jules Verne et son goût des explorations aux confins du monde, mais aussi Charles Dickens et son jeune héros solitaire aux faux airs d'Oliver Twist. S'il ne s'est jamais caché d'avoir des référents européens, Otomo s'ouvre ici à un paysage fictionnel inédit pour lui en situant son récit dans l'Angleterre du milieu du XIXè siècle, et plus spécialement au cours de l'Exposition universelle de Londres en 1866.

Un ancrage spatio-temporel qui permet au réalisateur d'assumer l'uchronie en réinventant le grand virage industriel de nos amis anglais à coups d'automobiles, de planeurs et de fantassins à vapeur (oui, tout un programme). On suit ainsi Ray Steam (Anna Paquin en version anglaise, allez savoir pourquoi), un petit garçon plein de ressources, qui se retrouve arraché de son foyer après avoir été chargé par son grand-père (Patrick Stewart) de protéger une mystérieuse sphère. Ses aventures le conduisent à Londres, jusqu'à son père (Alfred Molina), défiguré à la suite d'une malheureuse expérience et résolu à exploiter des ressources infinies d'énergie afin de propulser le monde dans une ère de l'hyper-technologie.

 

Steamboy : photoEn voiture !

 

Le souci du détail pousse Otomo à vouloir reconstituer avec précision la géographie des lieux, l'architecture des édifices, de sorte à redonner vie à cette époque sans tomber dans la carte postale. Il intègre même à son intrigue des personnages ayant réellement existé, à l'instar de Robert Stephenson, ingénieur civil et fils unique du créateur des chemins de fer, et la reine Victoria, venue ouvrir solennellement l'Exposition universelle alors que Scotland Yard essuie de lourds bombardements à seulement quelques pas de là (après tout, il faut bien sauver les apparences).

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commentaires
Ben01
06/12/2022 à 14:46

Akira, lu et vu mille fois...
Celui-ci vraiment j'ai pas accroché,

Pat Rick
05/12/2022 à 22:26

Grosse déception pour ma part.

Zurdo
05/12/2022 à 13:14

Un film fantastique, colossal, pas assez (re)connu! Le prochain projet dOtomo, Orbital Era, fait saliver mais reste bien mystérieux...

galetas
04/12/2022 à 19:27

Vivement une édition UHD de cette bombe et dans nos rêves les plus fous , un nouveau long du maître.

Perturbator
04/12/2022 à 18:03

Super film, par le génie Otomo!