Buried : Ryan Reynolds dans une leçon de flippe (et de cinéma)

Ange Beuque | 25 juin 2022
Ange Beuque | 25 juin 2022

Après s'être distingué avec le court-métrage espagnol le plus primé de l'histoire (15 Days), le réalisateur espagnol Rodrigo Cortés enferme Ryan Reynolds dans un cercueil et lui concède 90 minutes d'oxygène pour s'en extraire. Il en tire avec Buried un huis clos d'une intensité folle qui déverse des pelletées de terre sur la concurrence.

Vous êtes Américain et vous roulez tranquillement avec votre convoi en Irak occupé. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Des enfants vous jettent des pierres, puis la mitraille commence à pleuvoir. Black-out. Quand vous reprenez connaissance, vous êtes enterré vivant. Vous êtes Paul Conroy et à défaut de super-pouvoir, vous dépendez d'un portable paramétré en arabe, un Zippo et votre confiance dans les protocoles de crise imaginés par l'Oncle Sam.

Avec un tel postulat, Buried aurait pu échouer dans la catégorie des films-concepts superficiels, peinant à justifier une raison d'être au-delà de leur idée initiale. L'uppercut à sa vision n'en est que plus violent.

 

Buried : Photo Ryan ReynoldsLight of my life


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La taille, ça compte. Quand on parle huis clos claustrophobe en tout cas, la sensation d'étouffement du spectateur est logiquement corrélée à l'espace dévolu au(x) protagoniste(s). D'un postulat similaire de course contre-la-montre solitaire avant l'asphyxie, Gravity octroyait généreusement l'insondable immensité à son héroïne, et un panorama d'agonie plus attrayant que six planches de mauvais bois.

Alfred Hitchock, dont le Lifeboat en 1944 a largement contribué à définir les règles cinématographiques du huis clos, fantasmait de réaliser un film intégralement cantonné à l'intérieur d'une cabine téléphonique – sans doute n'avait-il pas imaginé que son rêve serait exaucé par Joel Schumacher avec le justement nommé Phone game. Rodrigo Cortès pousse le parti-pris au maximum : d'un point de vue arithmétique, on peut difficilement proposer plus restreint qu'un cercueil, conçu par nature pour coller au plus près des proportions humaines.

 

Buried : Ryan ReynoldsVous sentez que les illustrations vont être un brin redondantes ?

 

Les esthètes que la seule logique mathématique laisserait de marbre apprécieront plutôt l'intérieur tout bois, dont le charme rustique égaiera l'éternité passée à le contempler – contrairement à Buried, 95 minutes au compteur générique compris, celle-ci est présumée longue, surtout vers la fin. Peut-on imaginer écrin plus morbide que cette caisse, sorte de point terminal apposé avant l'heure sur la destinée de l'infortuné Paul ?

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commentaires
RobinDesBois
26/06/2022 à 17:35

Vu au ciné. Aussitôt vu aussitôt oublié. C'est pas mauvais, çà se laisse regarder mais c'est le genre de film faussement conceptuel dont on devine que la conception du projet s'est articulé autour d'un

- Et si on faisait un film qui coûtait pas cher du tout et qui surferait sur la mode du survival et du huis clos ça cartonne en ce moment et au pire on perd pas beaucoup d'argent ?
- Bonne idée on a qu'à enfermer deux personnages dans une pièce comme dans le 1er Saw
- Deux acteurs c'est trop cher on a qu'à en mettre un seul
- Excellente idée et une pièce ça demande trop de matos on qu'à prendre un placard
- C'est bizarre un placard prenons un cercueil !

Ok c'est le réal qui en a eu l'idée mais bon il a du se faire dialogue intérieurement. Au final tout ça pour quoi ? Tout est téléphoné sans mauvais jeu de mot et on devine rapidement le twist final bidon hyper prévisible.

La Classe Américaine
26/06/2022 à 17:06

Tres bon film concept, hyper efficace, Reynolds impeccable (mais ca c'était avant) et une fin o combien déchirante.

Guéguette
26/06/2022 à 13:29

Correct, mignon, m'enfin...brillant, non.

Kyle Reese
26/06/2022 à 13:27

Excellent film concept malheureusement découvert en vidéo. J’imagine que l’expérience ciné doit jouer à fond.
On ne peut que s’identifier et avoir de l’empathie pour cet homme pris au piège. Et cette tension à la fin …
Et oui Reynolds avait su montrer tout l’étendu de son talent avec ce film.
Ses ambitions ont été revu à la baisse
depuis un petit moment, à l’inverse de ses revenues j’imagine …

Aja a bien repris le concept avec son Oxygene en l’upgradant intelligemment.

Pseudo1
26/06/2022 à 12:22

Super souvenir ce film. Vu au ciné dans les bonnes conditions image et son (à l'exception des bouffeurs de pop-corn), c'était franchement excellent.

Assez d'accord pour Reynolds qui s'est enfermé dans son Deadpool revisité à toutes les sauces.

Max Zander
25/06/2022 à 20:52

@Solan remarque très juste, j'aurais également cité Renaissances qui, dans sa filmo récente (même si le film est de l'ère pré-deadpool), n'est certes pas le meilleur film du monde mais un thriller honnête où Reynolds a l'occasion de montrer un peu ce dont il est capable. C'est d'autant plus dommage de ne le voir jouer que des déclinaisons de Deadpool quand on voit qu'il en a sous le pied.

John Spartan
25/06/2022 à 20:12

Vu au cinéma, j'avais adoré.
Reynod à des années lumière de ses rôles habituel.

Solan
25/06/2022 à 14:33

Je ne cesse de le comparer à l'effet papillon pour Kutcher. Un film plus mature pour un acteur qui prouve son talent dedans, et revient à son style très post-ado dans la suite de sa filmographie, sans concrétiser les promesses esquissées ici. Enfin surtout pour Kutcher, Reynold ne déroge plus à son personnage, qu'importe le rôle qu'il puisse jouer.

Arnaud (le vrai)
25/06/2022 à 14:18

Au final j’ai été un peu déçu par ce film, je m’attendais à plus prenant je pense, un peu dans la lignée de Phone Game
Ça reste un bon film avec un Ryan Reynolds comme on l’a rarement vu, mais j’avais trop d’attentes