Godzilla x Kong : Le nouvel Empire - critique la Kong de toi

Mathieu Jaborska | 2 avril 2024 - MAJ : 02/04/2024 18:07
Mathieu Jaborska | 2 avril 2024 - MAJ : 02/04/2024 18:07

Aux antipodes du blockbuster grave de Gareth Edwards, Godzilla x Kong : Le nouvel Empire confirme la direction prise par le Monsterverse américain : le gros divertissement bas du front, qui vous fera perdre une centaine de neurones par minute de métrage. Mais la générosité ne fait pas tout, comme le prouve ce nouvel opus signé Adam Wingard avec Rebecca Hall et Dan Stevens, en salles le 3 avril 2024.

Showa must go on

Le réalisateur Adam Wingard l'a répété partout : son nouveau Godzilla s'inspire ouvertement de l'ère Showa de son règne japonais (les années 1960 et 1970). À l'époque, il était principalement un héros de films destinés aux enfants, capable aussi bien de voler grâce à son souffle atomique que de se lancer dans une partie de balle au prisonnier avec un homard géant. Une approche beaucoup plus assumée que dans Godzilla vs. Kong, qui prenait (trop) le temps de mettre les formes.

Ici, le ton est donné dès la scène d'introduction, où Big G oblitère un crustacé avec nonchalance au beau milieu de Rome. Le délire anthropomorphique est à son paroxysme. Les deux monstres, et plus spécifiquement Kong, sont les véritables protagonistes d'un récit crétin, entièrement à leur service. Les personnages humains sont réduits à un trio baladé d'un coin à l'autre de la "terre creuse" : Rebecca Hall débite comme elle peut l'exposition, tandis que ses deux acolytes sont chargés des vannes. Chaque séquence se veut plus absurde que la précédente, dans un décor numérique constellé de cristaux magiques et de volcans débordant de lave.

 

Godzilla x Kong : Le nouvel Empire : photoLe grand méchant, c'est euh... un singe

 

On suit donc principalement les péripéties de King Kong, qui découvre la terre creuse creuse (il fallait y penser), où se terre une société de singes géants régis par le terrible Skar King. Tandis que le tyran essaie de se frayer un chemin vers la surface à l'aide d'un McGuffin dont on ne connaîtra même pas la nature, notre singe géant préféré appelle à l'aide le lézard de son coeur, lequel entreprend de level up avant la bataille finale.

Wingard, ainsi que ses sbires Terry Rossio, Jeremy Slater et Simon Barrett, poussent la référence au point de reconstituer les séquences de dialogues entre monstres, et d'ajuster la mise en scène en conséquence. La terre creuse remplaçant les étendues naturelles de King Kong contre Godzilla et consorts, ils sont parfois carrément cadrés en pied, éjectant les humains de leurs... débats. De même que ceux-ci sont souvent filmés séparément, dans une enclave, annulant volontairement tout rapport d'échelle lorsqu'ils commentent les actions des titans, si bien qu'on se croirait dans Ghidrah, le monstre à trois têtes.

 

Godzilla x Kong : Le nouvel Empire : photoLa bromance plein cadre

 

Et il faut bien l'avouer : il y a quelque chose de fascinant à voir un studio hollywoodien – a fortiori Legendary, qui vient de sortir Dune 2 ! – faire du tokusatsu avec plusieurs centaines de millions de dollars de budget et des téraoctets de CGI multicolores. D'autant que passé l'heure et demie, il enchaine les empoignades de kaijus à un rythme éreintant, contredisant littéralement les règles les plus élémentaires de la gravité. En piochant dans cette partie kitsch de la saga, il retrouve un peu de sa sincère générosité.

 

Godzilla x Kong : Le nouvel Empire : photoUn mini-singe qui rappelle le mini-Godzilla Minilla

 

Godzilla Maximus one

Toutefois, on reste dans un blockbuster américain, avec son propre cahier des charges et surtout sa propre vision du grand spectacle. Et de toute évidence, le cinéaste n'est pas le plus à l'aise pour conformer son kaiju-eiga puéril à ces codes. Dès qu'il lui faut ajouter un peu de dynamisme à ses bastons homériques, il capitule et se contente de réciter ses idées régressives... sans soigner plus que ça leur mise en scène, comme l'avait fait par exemple Guillermo del Toro dans sa propre lettre d'amour au cinéma populaire nippon, Pacific Rim.

Certes, tout le monde n'est pas Del Toro, mais force est de constater que, lors des bastons, la réalisation est rarement à hauteur des multiples excentricités du scénario, notamment lors d'un climax qui en devient frustrant. Les bestioles s'envoient des immeubles à la tronche, se tirent dessus à coups de lasers – roses, donc plus puissants apparemment –, réduisent en cendres une mégalopole entière... sans jamais en donner l'impression.

 

Godzilla x Kong : Le nouvel Empire : photoLa course aux jouets

 

Tant qu'on reste dans l'hommage naïf aux élucubrations des années 1970, éjecter le référent humain de l'équation, quitte à rendre le film muet pendant plusieurs dizaines de minutes d'ailleurs, amuse. Par contre, quand on revient aux salades de phalanges contemporaines, il faut des points de repère, ou à défaut quelques mouvements de caméra fantasques. Faute de quoi, le spectateur n'en retirera qu'une migraine carabinée, pas aidé par la BO cacophonique de Tom Holkenborg, lequel ne s'est cette fois même pas emmerdé à proposer des thèmes identifiables, quelques années après la partition épique de Bear McCreary. 

Attachant lorsqu'il se réapproprie la candeur de l'ère Showa, Le nouvel Empire peine donc à transformer l'essai quand il verse dans le destruction porn yankee. Il faut dire que l'Oncle Sam n'a pu s'empêcher d'y incorporer ses marottes, à commencer par la nostalgie des années 80 (mauvaise décennie !) et un comique complotiste-blogger (à qui il adore donner raison !), un bon argument en faveur de l'éradication pure et simple des humains dans les prochains volets de la saga. La morale de l'histoire : aussi respectueuses puissent-elles être, les superproductions américaines resteront des superproductions américaines. Alors, autant faire les choses bien.

 

Godzilla x Kong : Le nouvel Empire : Affiche françaiseDes affiches qui abusent toujours plus sur les échelles

Résumé

King Kong va chez le dentiste, Godzilla dort dans sa niche, Tom Holkenborg pense que la synthwave est encore cool et Adam Wingard s'amuse avec les jouets de l'ère Showa. Dommage qu'il ne prenne pas la peine de vraiment les mettre en scène.

Autre avis Antoine Desrues
C'est encore plus con que le précédent, écrit comme un mauvais jeu vidéo (Godzilla passe le film à grinder comme dans un RPG), et Wingard ne sait toujours pas filmer ses titans (revoyez Pacific Rim). Mais au moins, ça lâche la bride très vite, et ça s'amuse beaucoup plus avec ses créatures numériques et leurs patates de forain.
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commentaires
Flo1
16/04/2024 à 15:15

(Beau et Kong à la fois)

Même « punition » que le précédent volet, mais avec quelques améliorations narratives (et quelques upgrades pour les monstres) :
Quitte à courir deux -trois lièvres à la fois, contentons-nous seulement d’une seule héroïne à la tête bien pleine, d’une seule jeune fille débrouillarde, d’un Godzilla en mode automatique, d’une poignée de gags routiniers à base de gigantismes, d’un seul comique de service pathétique mais qu’on équilibre grâce à une bromance avec Dan Stevens (vieille connaissance de Adam Wyngard et Rebacca Hall, qui se prend ici pour Owen Wilson)…

Et de laisser plusieurs scènes d’exploration sans dialogues (humains) avec Kong, très classique puisqu’il y sera un guerrier essayant de libérer un peuple oppressé par un gros salopard. Émulant évidemment les récents « Planète et Singes » (un mois avant la sortie du quatrième volet, sacré timing).
Ce sont ces moments de cinéma purement visuels, film d’aventure plus convaincant et très proche d’un jeu vidéo, qui font qu’on ne va pas venir uniquement pour le gros spectacle dévastateur où les supposés champions de la Terre piétinent cette même Terre comme des sagouins… Pendant qu’un scénario prétexte se développe à partir d’une ligne de dialogue du film précédent (y a peut-être des semblables à Kong dans cette fameuse terre creuse ?).

C’est toujours étonnant de constater que l’équipe de ces films y croit encore dur comme fer. Presque autant que l’ironie de voir une boîte de prod en partie chinoise, Legendary, tordre dans tous les sens des icônes américaines et japonaises.
Faisons le pari que, à l’instar des Transformers ou Fast and Furious, un prochain film finira bien par envoyer les deux monstres dans l’espace.
Pourquoi ? Par-ce-que ! ^⁠_⁠^

Fred
06/04/2024 à 08:16

Marre de ces blockbusters qui ne raconte rien et bourrés d'images de synthèse. Inutile !
Préférez le King Kong de Peter Jackson qui rend un bel hommage au premier kong de 1933 ou alors Pacific Rim de Guillermo Del Toro qui au moins a du sens.
Jusqu'à quand il vont continuer à nous faire des nanars pour du pognon. Ne soyez dupes si vous voulez les voirs attendez qu'ils passent sur Canal + ou ailleurs !

Dino
05/04/2024 à 11:30

Les gens qui disent sont débiles c'est ce lui qui dit est débiles les films ne sont pas débiles alors arrêter de critiquer avec vos mensonges aller le voir

machin
05/04/2024 à 10:37

Il faut laisser les films débiles aux gens débiles ou pour les enfants , c'est la logique. Mais pitain, y en a de plus en plus, ça fait peur quand même.

Dino
04/04/2024 à 13:16

Vous êtes pénible à critiquer je l ai Vu il est Super bien il a plus de combat même le 1er il est était bien alors arrête de critiquer

Jonathan Hart
04/04/2024 à 05:44

Encore une bouse atomique, Hollywood est comme Disney, dead !

Rorov94m
03/04/2024 à 19:20

Le 1er était chiant, long et on voyait rien même en IMAX!
Le second déjà plus lisible et hyper généreux malgré sa connerie revendiqué (à l'inverse du 1er).
SKULL ISLAND et K vs G était juste démentiel visuellement, parfaitement fait pour le cinoche. Point.
Celui ne fait pas exception.
D'ailleurs, se serait bien d'en faire un sans aucuns humans...du génie.

Garm
03/04/2024 à 11:43

Tout cet argent bien dépensé...

Eomerkor
03/04/2024 à 10:54

@Eddie Felson
Et oui et ce n'est qu'une fraction de ce que cette décénnie a produit. Personnellement je préfère la période 75-85 avec ce que le nouvel hollywood nous a donné et l'émergence de la pop culture (de qualité à l"époque). Après on peut lui en préférer une autre évidemment .
Je pense qu'écran large a entendu les Tarentinades de Quentin qui fait son intéressant et se sent obligé d'être possédé par cet énergumène qui ferait mieux de refaire du cinéma plutôt que d'être laissé en roue libre lors de ses interviews. Ne prenez pas ses interventions pour argent comptant. Ce type est une boule de flipper.
Pour finir et à titre personnel, quand je mettais ma petite main jaune à l'époque je savais pourquoi je le faisais et j'étais capable de débattre avec ceux qui ne le supportaient pas sans vouloir les oblitérer. Ce petit truc qu'on appelle liberté (de s'exprimer, de créer, de se moquer, de débattre ) me manque vraiment. Le petit truc que les studios sont incapables de rebooter.
C'était aussi ça la mauvaise décénnie des eighties.

Eddie Felson
03/04/2024 à 10:50

@Obi
Yep, I know, thanks! J’ai fait acte de contrition plus bas! Pas taper, pas taper;)

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