Lollipop Chainsaw, un massacre à la tronçonneuse

Simon Riaux | 6 juillet 2012
Simon Riaux | 6 juillet 2012

Tout joueur qui se respecte a déjà massacré des hordes de zombies vidéoludiques, démembré des adversaires anthropophages, maculé des murs entiers de sang, broyé les crânes de ses ennemis. Mais rarement aura-t-on eu l'occasion de le faire aux commandes d'une cheerleadeuse déviante, insolemment sexy, adepte de la tenue déshabillée, à la cuisse hospitalière et au cœur sur la main, toujours équipée d'une tronçonneuse. C'est là ce qui fait la spécificité azimutée de Lollipop Chainsaw, un beat them all qui comme un certain LeatherFace, fait le buzz...

 


 

Si vous êtes un gamer exigeant, tendance hardcore, ou tout simplement que votre portefeuille ne vous autorise pas à craquer sur un jeu divertissant mais pas indispensable, vous feriez bien de passer votre chemin, tant l'expérience risque d'être émaillée de frustration. Car le soft ahurissant que nous a concocté Suda 51 ne se caractérise pas par sa finition. La direction artistique de haute volée a bien du mal à faire oublier la pauvreté technique de l'ensemble, les graphismes et effets spéciaux rappelant plus les derniers soubresauts de la PS2 que les standards actuels des productions AAA. On le verra le gameplay se révèle jouissif, mais aussi cruellement pauvre, et à la limite du simplisme, et n'offrira que peu de rejouabilité, quoi que les plus acharnés puissent comparer leurs performances à celles des joueurs du monde entier. Ne tournons pas autour du pot, le jeu est pétri de défauts, et manque de profondeur dans tous les domaines, nous verrons que ces faiblesses ne lui interdisent pas de nous divertir bien au-delà du minimum requis, mais ceux que cet état de fait rebute risquent gros à s'essayer au titre.

 

 

Reste que Lollipop Chainsaw caresse le gamer dans le sens du phallus comme aucun autre avant lui. Sous l'égide du formidable James Gunn et d'une bande de développeurs gentiment tarés, ce qui n'aurait pu être qu'un démastiquage de morts-vivants classique s'est transformé en aventure haute en couleurs et furieusement sexy. L'ambiance du jeu mélange avec bonheur les plus insupportables traits de l'animation japonaise, les clichés du film de zombies, les emblèmes du teen movie, passé au mixeur d'un cerveau barré au possible, le tout avec une concupiscence et un goût pour la fausse innocence de notre héroïne pomponnante qui renvoie le mauvais goût au rang d'art. Se dégage ainsi du soft une bonne humeur et une énergie débordantes, qui imprègnent chaque séquence du jeu, notamment les affrontements de boss, tout bonnement incroyables.

Et si manette en main, le maniement de cette pom-pom girl-walkyrie demeure bien trop léger pour représenter un quelconque challenge, il n'est pas rare d'exploser de rire devant les actions proposées, d'un pole dance massacreur, en passant par des écrasements faciaux ahurissants, et quelques audacieux tronçonnages. On est surtout étonné que l'ensemble parvienne à éviter toute véritable vulgarité, car le mérite incontestable de Lollipop Chainsaw est de se moquer autant de l'univers qu'il dépeint, que du joueur et de ses attentes. Car en creux, c'est une caricature très bien pensée des attentes et fantasmes du lycéen binoclard qui se dessine. En effet, notre héroïne n'a rien d'une bécasse, et sait régulièrement prendre à revers le petit malin qui s'inquiète plus de placer la caméra derrière son postérieur que face à l'action.

 

Au final, si l'on regrette sa trop grande légèreté et son endémique absence de profondeur, Lollipop Chainsaw s'impose comme une tornade rafraîchissante dans un univers vidéoludique où la liberté de ton rime trop souvent avec une artificielle noirceur. Voilà un jeu qui malgré ses évidentes limites fait rire, détend, et sait englober avec frénésie tout un pan de la pop culture. Si ses défauts ne vous rebutent pas, précipitez-vous sur cette gâterie acidulée, outrageusement sexy et référentielle.

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