Going the distance
À l’origine pur appeau nostalgique post-Stranger Things, Cobra Kai a glorieusement jump the shark (ce moment où les séries américaines virent au grand n’importe quoi) dans le dernier épisode de la saison 2, énorme baston générale s’achevant sur la dislocation d’une colonne vertébrale. À ce stade, les dojos de karaté et leurs grandes valeurs avaient déjà transformé les gamins de la vallée en harceleurs surentrainés, qui s’échangent des molaires à chaque vol de goûter.
Dès lors, les innombrables défauts inhérents au concept initial (le jeu des comédiens, l’humour pachydermique, les raccourcis narratifs et surtout ce flot ininterrompu de clins d’œil à chacune des 127 minutes qui composent Karate Kid) étaient compensés par ces éclats de divertissement décomplexés. Au fil des saisons, malgré de sacrés moments de malaise (chaque apparition de Paul Walter Hauser), cette science du retournement de situation toujours plus grandiloquent, du cliffhanger toujours plus improbable, accrochait l’œil.

En d’autres termes, Cobra Kai est devenue un pur soap opera, particulièrement digne de ce titre dans les deux premières parties de la saison 6, s’achevant avec la mort d’un élève sur le tatami, au beau milieu d’une autre baston générale. La dernière pousse le « genre » dans ses ultimes retranchements, quitte à trahir l’esprit Foot de rue (stéréotypes compris) qui prévalait jusqu’ici et parfois paraître franchement ridicule.

Combats de maîtres
Vous qui avez déjà posé vos yeux sur une compétition de Karate, abandonnez tout espoir. Bienvenue au très officiel Sekai Taikai, championnat du monde diffusé dans le monde entier, où les règles changent à chaque nouvelle manche. Visiblement, dans cet univers parallèle, un homicide involontaire n’est pas encore assez grave pour que la police intervienne. Sur simple décision des maîtres en présence, le tournoi reprend de plus belle… pour le plus grand plaisir des amateurs de violence sur mineur, du moins ceux qui n’ont pas remarqué la moyenne d’âge pour le moins frauduleuse des participants.

Soucieux de proposer un véritable final emphatique, les scénaristes jettent tous leurs clichés d’écriture les plus démonstratifs dans la bataille. Difficile de ne pas s’amuser des enjeux disproportionnés et des méchants dignes du prochain Shang-Chi, particulièrement le machiavélique Sensei Wolf campé par un Lewis Tan autrement plus drôle que dans Mortal Kombat (le film). Leurs troupes comprennent une influenceuse psychopathe, un monstre de Frankenstein adolescent et ils s’entrainent dans le niveau des caves d’acide de Mortal Kombat (le jeu).
La tension accumulée est à peu près aussi archétypale qu’amusante, surtout quand Kreese se voit subitement affubler d’un arc de rédemption approximatif culminant dans une explosion de Yatch ! Bref, du soap dans le meilleur sens du terme, du divertissement assumé et immédiat, qui fonctionne d’autant plus que les séquences de combat sont une fois de plus étonnamment bien chorégraphiées et que les arbitres pourtant choisis par les héros n’accorderaient pas plus de pénalités si les participants s’affrontaient à coups de tronçonneuses.

Beaux discours
C’est au moment d’accorder leur happy end aux nombreux personnages accumulés tout au long de ces 6 saisons que les auteurs en font trop. Elles ont beau être propulsées par des envolées musicales sur-épiques, les bastons finissent par toutes se ressembler. Le schéma se répète, encore et encore : un gentil affronte un adversaire trop fort pour lui, se fait rétamer, retourne auprès de ses amis, écoute attentivement un discours de motivation et revient miraculeusement au score.
Cette saison 6, et plus particulièrement cette dernière partie, distribue les pouvoirs de l’amour et de l’amitié comme autant de cachets de speed, amenuisant de fait la saveur de ces victoires. À l’époque, les scénaristes étaient même parvenus à glisser sous la couche de bonbon nostalgique sucré une description sincère des difficultés et de la beauté de l’éducation des gosses, entre vieilles références et nouvelles hormones. Il n’en reste plus grand-chose dans cette enfilade de victoires homériques… qui concluent plus Karate Kid que Cobra Kai.

On en revient aux débuts de la série et à cette contemplation béate du film des années 1980, au détriment de toute plus-value artistique. Sur la ligne d’arrivée, Cobra Kai régresse au point de se conformer à la lubie fétichiste la plus dégueulasse du moment et ressusciter numériquement celui-là même qu’ils prétendaient respecter à peu près toutes les 5 minutes.
À la fin, tout le monde a gagné, les enfants sont partis, les sponsors ont gagné deux hommes-sandwichs, les personnages secondaires retrouvent leur trophy-girlfriend et un nouveau Karate Kid viendra prendre la relève dans le cœur des quadragénaires incapables de passer à autre chose. Car au fond c’est toujours d’eux qu’il s’agissait, bien qu’on soit presque parvenu à se prendre d’affection pour ces gamins turbulents… et à se persuader du contraire.
La saison 6 de Cobra Kai est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 13 février 2025

Salut ! Ce final m’a fait sauter le pas de l’inscription pour poster, et c’est pour en dire presque que du bien !
Effectivement j’ai bientôt 40 ans et la nostalgie, non pas de Karaté Kid, car aucun souvenir dans ma mémoire au moment de lancer Cobra Kai, mais simplement des films des années 80 me font porter en haute estime cette série.
Les créateurs ont quand même réussi à faire une série qui transpire les années 80 par tous les pores du début à la fin. Exagération comportementale, surenchère d’événements, happy endings, punchline (mention spéciale pour
Et ce qui est fort étonnant c’est qu’hormis quelques surprises par-ci par-là dont la fameuse scène de la colonne vertébrale, cette série nous donne juste ce qu’on a envie de voir, TOUT LE TEMPS, et des façons les plus sincères, et ça marche !
Oui c’est complètement WTF mais « Maman j’ai raté l’avion » aussi et pourtant ce film est intemporel (ma fille de 5 ans adore encore aujourd’hui).
Oui le jeu d’acteur de certains laisse à désirer mais celui de William est très bon et c’est le héros ça tombe bien.
C’est pas un chef-d’oeuvre à la Breaking Bad mais ça reste le top du top des productions d’aujourd’hui dans le genre série « pop-corn ».
4,5 étoiles pour moi et 5 pour la partie finale car tout y est. C’est convenu mais c’est ce qu’on voulait voir !
Personnellement j’ai aimé. Pas un chef d’œuvre, oui c’est culcul mais ca change de toutes ces séries à la « Élite ». Au moins ici, les ados restent habillés et sont juste des ados
C’est vrai que c’est Soap, mais j’ai aimé ces 5 derniers épisodes avec la revanche des » outsiders » , la série se termine positivement.
Après, par moment on est pas loin du ridicule, la bagarre Ehpad style sur le Yatch.
Et puis quels parents censés, confiraient leurs enfants à cette bande de sociopathes.