GUESS WHO’s BACK (BACK AGAIN)
Après Kevin Costner dans Yellowstone, Taylor Sheridan a mis à l’honneur une autre icône vieillissante du cinéma américain dans sa nouvelle série Tulsa King. Avec Sylvester Stallone dans le rôle de Dwight Manfredi, un vieux mafieux qui tente de rebâtir un empire après avoir passé 25 ans en prison, l’auteur et l’acteur concoctent la même vieille recette, mais dans une toute nouvelle marmite.
Après Le Samaritain dans lequel il joue un « super-héros » qui sort de la retraite, le monsieur muscles de 75 ans confirme un peu plus qu’il n’est pas encore prêt à abandonner l’archétype de l’outsider sur le retour qui l’a hissé vers les sommets, tandis que le scénariste se penche à nouveau sur une figure esseulée et clivante dans une Amérique en pleine crise identitaire.
Mais si Le Samaritain était désespérément premier degré, Tulsa King s’annonçait plutôt comme une comédie dramatique dans laquelle Sly serait davantage dans l’auto-dérision et l’egotrip gentiment décomplexé. C’est du moins ce que laissent deviner certaines scènes dans les premiers épisodes, en particulier celle où il couche avec une quadragénaire choquée qu’il puisse être aussi vieux (et doué au lit) alors qu’elle lui donnait 55 ans max.

Au-delà de certaines scènes qui dressent un parallèle évident avec l’acteur et son ego surdimensionné, son personnage flirte lui-même avec la caricature ringarde du mafieux à l’italienne : expression monolithique, tatouages, costumes chic, gros cigare au bec et bijoux en or clinquants.
Mais à défaut d’être un personnage parfaitement risible (un rôle qui incombe plutôt au personnage de Martin Starr), Dwight est à lui seul un anachronisme qui endosse une certaine mélancolie surannée et des idéaux dépassés, en particulier le virilisme bien transpirant que l’acteur a longtemps incarné (du moins physiquement). Même s’il a joué des variations de Rocky Balboa tout au long de sa carrière et que Dwight Manfredi s’apparente à l’une d’elles, ce nouveau rôle lui convient donc tout particulièrement. L’acteur n’a en effet aucun mal à lui prêter son charisme, sa gueule cabossée pas très commode, sa confiance démesurée et sa carrure toujours hors-norme.

À LA VIEILLE ÉCOLE
Les premiers épisodes jouent sur le décalage entre le septuagénaire et le monde qui a évolué sans lui, le transformant en boomer 100% pur jus, qui s’étonne des avancées technologiques, se plaint des pronoms de genre et a un peu de mal à comprendre que du cannabis puisse être vendu légalement. Dwight est a priori un personnage marginal dont la série pourrait suivre les désillusions et maladresses, mais c’est finalement tout l’inverse.
S’il est d’abord largué, Dwight reprend vite ses vieilles habitudes et continue de faire les choses à sa manière, ce qui lui réussit plutôt bien (à une ou deux fusillades près). Le mafieux du 20e siècle finit par s’acclimater au 21e siècle (il fait même des recherches Google !), le monde ayant plus changé sur la forme que le fond. Et c’est malheureusement là que la série change de perspective pour coller à l’image et l’esprit de son personnage principal.

Dwight quant à lui ne devient jamais l’anti-héros mal aimable qu’il est censé être. Il tue des gens, organise des rixes, extorque de l’argent, abandonne sa famille et met tous ceux qu’il croise en danger de mort, mais la série reste étonnamment bienveillante à son égard. Il a donc droit à une semi-rédemption et l’approbation incompréhensible de tous ceux qui devraient vouloir le fuir à tout jamais (sa fille, ses petits-enfants, son associé pas consentant et ses employés). Les femmes sont réduites aux rôles de traitresses et love interest, tandis que les valeurs familiales se résument à des hommes qui cognent pour protéger les leurs.
Au final, alors qu’on pensait qu’elle s’en moquerait ou prendrait au minimum du recul, la série remet en avant l’image ultra fantasmée (et vieillotte) du gangster gentleman qui est un criminel au code moral irréprochable (il n’apprécie ni les agresseurs de femmes, ni les concessionnaires racistes, ni les méchants gangs de bikers). On aurait presque envie de jouer la carte du « ok boomer ».

ET c’est le drame
Au-delà de sa représentation rance de la mafia et de la criminalité, Tulsa King accuse un gros ventre mou passé le troisième épisode et ne parvient jamais à trouver son rythme et son identité. Les deux premiers épisodes annonçaient une mécanique simple, mais efficace avec un mafieux qui épisode après épisode coche les cases de son cahier des charges (le chauffeur, le nouveau business, le nouveau QG, etc.). Mais cette structure toute trouvée s’effondre rapidement pour s’étaler sur des sous-intrigues inintéressantes et des rivalités totalement rincées.
À trop vouloir préserver l’image de son protagoniste, Tulsa King n’est jamais vraiment drôle. Sylvester Stallone occupe tellement de place qu’il n’en reste presque aucune à l’équipe de pieds nickelés qui l’accompagne, la quasi-disparition du personnage de Martin Starr étant le plus frustrant. Les antagonistes n’ont aucune autre caractérisation que la méchanceté et certains personnages inconsistants entrent et sortent du cadre sans aucune incidence ou presque sur le récit (une mention pour Dana Delany et McKenna Quigley Harrington).

La série n’est donc jamais vraiment une comédie, ni même un drame convaincant. Le pathos (qui repose essentiellement sur des relations familiales dysfonctionnelles) est étalé à la truelle, jusqu’à tomber dans le cliché avec Stallone qui crie son désespoir seul dans la nuit… Le contexte social est, lui, dilué au maximum, la corruption de la police ou le racisme prégnant de la ville n’étant que des ficelles scénaristiques qui ne sont jamais approfondies.
La série a déjà été renouvelée pour une saison 2 qui permettra peut-être de corriger le tir et d’étoffer son intrigue, mais il sera certainement difficile d’atteindre l’aura de Yellowstone, Tulsa King se révélant pour l’instant un produit d’appel bien fade pour Paramount+.
Un nouvel épisode de Tulsa King chaque lundi sur Paramount+ depuis le 12 février 2023

Donc comme prévu, Taylor Sheridan a eu une idée (parmi des centaines), qui est à peu près la même à chaque fois : « hey, les droitards c’est des gens intéressants… mais ok ils sont un peu cons des fois ».
Aucun doute, c’est du bourrin.
Qui mieux que Terrence Winter pour bosser sur le segment « mafieux italien » du showrunner, même si la grosse attraction ici c’est Stallone.
Et ça c’est pas rien quand on connaît Tout du bonhomme, et les nombreux éléments qui le composent.
Parce que parler de l’Amérique et de ce qui la compose elle aussi, dans son versant le plus violent notamment, c’est une des marottes de l’acteur (quand il bosse vraiment). Le prolétariat, en recherche de respect, est notamment représenté chez lui par Rocky – versant optimiste et humain – et Rambo – version pessimiste et machine à tuer.
Deux choses lui ont échappé au fil des ans, ce sont les gangsters (italiens) et le Western (« Copland » ou « Rambo : Last Blood » le traitent en partie).
Alors envoyer un mafieux de New-York étendre le business à Tulsa – Oklahoma, c’est la promesse qu’on va parler de quelque chose de très important, sinon c’est pas la peine.
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Disons que pour l’instant, on pose les bases et on parle déjà de ce qui représente la façade : un gus qui doit s’acclimater à un autre environnement Et un autre contexte… 25 ans en prison, 75 ans (assumés) au compteur, et il y a de quoi lâcher les boomers.
Il n’en sera rien, ouf ! Parce que le gars est aussi un dur à cuire, plutôt cool, à peine déboussolé par les trucs modernes (il y a juste un moment où il fait son vieux à fond, mais c’est juste parce qu’il a fumé de l’herbe malgré lui).
Et surtout, c’est un super fort. Le genre qui n’est pas sorti des années 90 (et même avant), celles où un expert pouvait débarquer dans une ville de ploucs et résoudre des problèmes à coup de poings.
Nostalgie à la « Jack Reacher » (la série) ? Non parce que dans ce cas là, notre Dwight Manfred dit « Cinq Étoiles », dit « Le Général », est un expert oui, mais dans le domaine de l’extorsion. Et ses 25 ans de cabane, ce sont aussi des années passées à se préparer à réclamer ce qui lui revient de droit, par tous les moyens possibles.
Même en défonçant les têtes de ses alliés naturels (de toute façon des faux-derches), ou en mettant dans la mouise ses nouveaux « amis », tout ça avec un grand sourire charmeur – au détriment des femmes, dont une agent de la DEA qui se coltine malgré elle un sacré Œdipe (Andrea Savage).
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Ne surtout pas prendre cette série au premier degré, ce personnage n’est Pas un mafieux au grand cœur… mais un enfoiré qui rejoue la conquête américaine façon capitalisme sauvage – c’est là où on fait le lien entre Western et Mafia.
Donc avec du muscle, de l’intimidation, sans jamais s’excuser – comment on monte un business ? on prend par la force un établissement, et on se crée un associé en menaçant de l’écraser à coup de talon (et il en est capable, on le verra à un moment donné !)… Ensuite on devient copains, parce que c’est Lui qui le décide. Et puisqu’il est si fort, pourquoi pas ? Tant qu’à faire…
Amoralité totale, et c’est ça qui est bon… Surtout que lorsque la moralité va quand-même frapper à la porte à divers moments, ça ne sera pas pour annuler tout ce qui a précédé, mais plutôt pour créer une réflexion pour le spectateur seul :
Dwight fait ce qu’il fait pour celles et ceux qu’il apprécie, mais ne fait tout de même que leur ajouter des emmerdes supplémentaires…
Dwight est un mec à l’ancienne, avec de l’honneur et de la virilité, suffisamment pour éblouir ses associés… Mais comme ceux-ci sont des petits bras, des mous qui se font marcher sur les pieds, on comprend aussi pourquoi ils le suivent. Et qu’est-ce qu’ils risquent de récolter en échange…
Dwight est un moindre mal par rapport au gouvernement des États-Unis, ou à un gang de bikers (évidemment Sheridan se rappelle des « Sons of Anarchy »), et en fait non, c’est peut-être lui le plus dangereux, n’ayant aucun grande difficulté à détruire ce gang tout nul – c’est un peu une déception niveau action, même si Stallone se réserve un petit mano a mano sanglant… et malgré que les épisodes sont souvent mis en scène comme des cochons (peu de plans composés, les formats qui changent n’importe comment entre les deux villes, la référence gratuite à Phil Collins et « Miami Vice »).
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On a un échantillon clichetonneux d’individus, entre Jay Will « le jeune noir chauffeur et intelligent », Martin Starr « le geek qui est forcément aussi un super pirate informatique », Max Casella « le mec qui veut maintenant qu’on le respecte, surtout sa femme »…
Au début on aurait pu croire que c’est là que le côté Western allait ressortir, façon « Josey Wales… ». Mais ses rejetés de l’Amérique (ou bien qui représentent son futur) ne se sont pas greffés à un mec bourru, sans famille, traumatisé et en reconstruction. Il n’a peut-être pas besoin d’eux d’un point de vue affectif, et pourrait aisément s’en débarrasser.
On n’y explore pas encore tout ce qui touche au territoire – leur QG, un bar tenu par un tendre redneck (Garrett Hedlund) est sur sol Natif – ni même au massacre de Tulsa, qui devrait représenter quelque chose pour le jeune Tyson.
Par contre le côté mafieux est bien représenté dans tous ses atours grotesques, entre la tronche de Stallone, la moumoute de Domenick Lombardozzi (qui finit par être elle-même importante)… Scorsese et David Chase les ont déjà désacralisé en profondeur, rien de bien nouveau.
Mais les personnages principaux ont tous droit à de petites scènes qui vont creuser leur personnalité, celles avec Stallone étant les plus importantes – telle scène avec un frère et une sœur, telles autres qui résonnent forcément avec les fils (ses erreurs) et les filles (ses peurs) de l’acteur.
Lequel acteur est aussi un gros businessman, qui sait se vendre comme personne.
Ce qui fait que son personnage n’est pas entièrement un rôle de composition…
Disons, pile entre Rocky et Rambo.
Je suis devenu fan de la série. Série divertissante avec le code des mafieux des années où l’honneur et le respect étaient mis en avant , bien avant de régler les comptes au fusil, si cela s’imposait. stallone reste mon acteur qui sait comment s’y prendre malgré son âge.
C’est vraiment une critique de gauchiste, le rythme de la série est très bien choisi et le « ventre mou » n’existe pas. Et si, la série est drôle, seulement cela nécessite de l’humour qui existe uniquement au delà du périph.
Très bonne série télévisé. Pour quand la saison 2!!!!!!¡
Super serie!, j ai passe un tres bon moment devant, avec de l humour juste ce qu il faut. Stallone au top! Un role qui lui va tres bien. 75 ans! Mes respects monsieur
Je n’ai jamais compris l’intérêt d’avoir un site ou un blog spécialisé dans la critique de films.
Cette série est assez crédible. JE regarderai avec plaisir la deuxième saison !
Très bonne série. Bon scénario et bons acteurs. Franchement c’est du tout bon.
Ce qu’il y a de bien avec des articles d’opinions, c’est que ça reste des « opinions ». Pour ma part, j’ai apprécié cette série, j’ai apprécié de voir jouer Stallone à 75 ans, sortant de taule, je l’ai trouvé convaincant, crédible, je trouve la série originale ( mettre un ancien mafieux de la vieille école en Oklahoma, bien loin des clichés pompeux sur les mafieux de New York, et autres grandes cités, relève d’une certaine audace ), je trouve que cette série en a une sacrée paire, et si je devais lui émettre une seule critique, c’est qu’il manquerait 5 ou 10 minutes de plus à chaque épisode… C’est ce qui m’a un peu frustré. Stallone, c’est Stallone, ce qu’il incarne pourrait, grâce à ces minutes supplémentaires, être un peu plus approfondi, de même, ça permettrait sûrement aux personnages secondaires de pouvoir s’installer… Les 37 minutes de certains épisodes obligent les scénaristes à raccourcir certaines intrigues et d’éviter le côté un peu « coupe-sec » de certaines scènes. Malgré cela, j’adore ! J’ai eu la chance de visionner tous les épisodes, j’ai été conquis, et quand je vois qu’aux USA, ça a cartonné et que la deuxième saison a été signée avant même la fin de la totalité des épisodes, je me dis que ma petite opinion ne s’est pas trop trompée … Si seulement les épisodes pouvaient être un peu rallongés, ce qui en permettrait l’approfondissement du personnage de Stallone et de ses partenaires, je pense que nous ne serions pas loin d’un succès de série aux « Sopranos » ou à la « Breaking Bad » ( je parle du succès, non de la similitude des scénarios ). Pour ma part, j’ai adoré, j’ai été agréablement surpris, et j’en redemande 🙂
Allez j’y vais cash : c’est de la merde !
Cette série ne présente aucun intérêt, j’ai souffert atrocement lors du visionage du 1er épisode, que j’ai regardé en 3 fois, je me suis arrêté à l’épisode 2, c’est tellement cliché, lourd, idiot, c’est embarrassant de voir cette ancienne star du cinéma d’action dans une production d’aussi mauvaise qualité ; Stallone aurait mieux fait de rester chez lui et de nous épargner pareil nanar. À regarder bourrée ou alors être amateur de gérontophilie…
Yep, perso j’ai trouvé ça plutôt embarrassant… tellement fade et mauvais, ennuyeux, mal joué… mention spéciale aux scènes de dialogues entre Sly et Dana Delaney tous les deux le visage ravagé par la chirurgie « esthétique », on dirait les marionnettes de guignols…