Avant de confier le premier film Harry Potter au réalisateur Chris Columbus, Warner a approché David Fincher qui avait une vision assez particulière de l’adaptation.
Après avoir commencé sa carrière de réalisateur au début des années 1990 avec non moins qu’Alien 3, dont la production et surtout l’ingérence de la Fox l’ont marqué au fer rouge, David Fincher n’a plus signé de films de franchise, exception faite de son remake de Millenium en 2011. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué.
Au fil de sa carrière, le cinéaste à qui on doit entre autres Fight Club, Seven et Gone Girl a été attaché à quelques projets issus de licences, principalement des suites de blockbusters : World War Z 2, Spider-Man 4, Mission : Impossible 3 ou même Millenium dont il devait réaliser au moins une suite.
Depuis, le réalisateur a plusieurs fois donné des détails sur ces films abandonnés, comme pour sa version de Spider-Man qu’il imaginait bien plus sombre et cruelle avec un protagoniste plus proche du monstre que du super-héros. Une vision plutôt radicale et inattendue pour la gentille araignée du quartier, et qui n’est d’ailleurs pas si éloignée de celle tout aussi tordue qu’il avait pour… Harry Potter.
HARRY POTTER R-RATED
L’arrière du crâne du professeur Quirrell et le meurtre de la licorne ont peut-être choqué quelques enfants, mais le premier Harry Potter à l’école des sorciers reste un film doudou par excellence, qui sent bon les grenouilles en chocolat et le jus de citrouille, même si le filtre nostalgique y est certainement pour beaucoup.
Avant de le confier à Chris Columbus, génial conteur pour le jeune public (qui a réalisé Maman, j’ai raté l’avion, produit La Course au jouet et écrit Les Goonies), la Warner a toutefois approché d’autres réalisateurs, notamment Steven Spielberg qui avait le CV adéquat. Au final, de nombreux noms ont été associés au premier volet de la saga, mais pas celui de David Fincher qui a tout récemment dévoilé à Variety qu’il avait lui aussi été contacté avant d’être recalé.

Mais celui-ci ayant détaillé la vision assez particulière qu’il avait du film et de son histoire, on peut comprendre que le studio a choisi de le confier au réalisateur de Madame Doubtfire plutôt qu’à celui de Seven :
« On m’a demandé de venir pour que je leur parle de la façon dont j’adapterais Harry Potter. Je me souviens leur avoir dit : « Je ne veux pas faire une version hollywoodienne bien lisse. Je veux faire quelque chose qui ressemble beaucoup plus à Withnail et moi [une comédie noire britannique de 1987, réalisée par Bruce Robinson, ndlr], et je veux que ce soit un peu flippant. »
Ils m’ont répondu : « On part plutôt sur l’idée d’un style scolaire traditionnel façon Thom Browne [styliste et marque de prêt-à-porter], du genre Oliver Twist. » »

À l’écouter, David Fincher ne souhaitait donc pas que le film s’adresse en premier lieu à des enfants (soit le public cible), sauf s’ils prévoyaient de les traumatiser, ce que Alfonso Cuaron s’est chargé de faire quelques années plus tard avec Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban. Pour ce qui est de la comédie noire et grinçante, le cinéaste pourra toujours s’y essayer dans un de ses derniers projets en date : le remake américain de la série Squid Game, sobrement baptisé Squid Game : America.
Quant à son prochain film, Bitterroot, il devrait s’agir d’un western criminel inspiré d’Impitoyable (le western culte de et avec Clint Eastwood). Celui-ci étant encore en développement, il n’a aucune date de sortie pour l’instant.