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Cannes 2025 : on a vu Dalloway, le Black Mirror français tout pourri sur l’IA

Par Alexandre Janowiak
17 mai 2025
Cannes 2025 : on a vu Dalloway, le Black Mirror français tout pourri sur l'IA © Gaumont Paramount

Ecran Large est de retour sur la Croisette pour le Festival de Cannes 2025. Et c’est l’heure de revenir sur Dalloway, le film de science-fiction d’anticipation du Français Yann Gozlan avec Cécile de France.

Après le solide Un homme idéal en 2014, le prenant Burn Out en 2017 et surtout le très efficace Boîte noire en 2020, le réalisateur Yann Gozlan avait signé un triplé plutôt très prometteur pour la suite de sa carrière. Tout du moins, c’est ce qu’on pensait avant le thriller psychologique Visions, première douche froide révélant de nombreuses failles dans son cinéma. On gardait espoir malgré tout avec son thriller d’anticipation Dalloway, présenté en séance de minuit, mais c’est au contraire un énorme raté.

Les premières secondes de Dalloway

PARANO-IA

De quoi ça parle ? Clarissa est une romancière en panne d’inspiration. Elle rejoint alors une résidence d’artistes à la pointe de la technologie, où elle va être assistée virtuellement par une intelligence artificielle prénommée Dalloway. Mais si l’IA est un soutien précieux au départ, Clarissa va vite éprouver un inconfort face à son comportement de plus en plus intrusif. Est-elle vraiment ici pour l’aider ?

Et ça vaut quoi ? En ce début du Festival de Cannes 2025, l’IA était évidemment au coeur du mastodonte Mission Impossible : The Final Reckoning avec son Entité antagoniste. Il faut dire que la question de l’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres, deux ans après la grève historique des scénaristes à Hollywood sur la place de l’IA dans le processus créatif et au moment où de nombreuses polémiques entourent certains films ayant utilisé l’IA générative (comme Here par exemple).

Choisir d’en faire le sujet d’un film sur une écrivaine (métier équivalent aux scénaristes) était donc une idée plutôt maligne de la part de Yann Gozlan et légitime. Dans le dossier de presse, le cinéaste explique d’ailleurs son intention clairement en disant vouloir « explorer nos angoisses et nos peurs face à l’émergence des IA génératives et conversationnelles, tout en questionnant notre dépendance à la technologie » et « sensibiliser le public à ces problématiques à travers un récit à suspense ».

Dalloway
C’est sombre et ça fait peur l’IA

Le film est en théorie une adaptation du roman Les Fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay, mais pour intégrer les données IA, Gozlan et ses deux scénaristes, Nicolas Bouvet et Thomas Kruithof, ont complètement remodeler l’histoire pour en faire le coeur de la paranoïa ambiante du récit de Dalloway (et des névroses de son héroïne). Et dans un premier temps, cela fonctionne plutôt bien. Clarissa (incarnée par Cécile de France) forme un duo efficace avec Dalloway (la voix de Mylène Farmer) qui met en place leur dynamique et leur rapport de force.

Sauf que le prémisse est la meilleure chose qui compose Dalloway. Tous les questionnements sur l’IA sont passionnants, dans l’idée, mais bien trop mal écrits pour gagner en épaisseur et sont plombés par des dialogues d’une nullité affolante pour un projet aussi imposant. Les personnages sont très mal développés et l’intrigue avance sans profondeur, se reposant quasi-exclusivement sur la parano grandissante de son héroïne. Logiquement, l’ensemble sombre donc dans une histoire sans queue ni tête.

Cécile de France dans Dalloway
Cécile de France fait le job, mais elle n’est pas aidée

C’est d’autant plus criant que la plus grande crainte ultime de Clarissa, vivant dans un pays/monde en dictature sanitaire, aux libertés compromises et subissant de plein fouet le dérèglement climatique (avec des journées caniculaires), reste son IA générative. Un outil invasif certes, mais dont elle peut pourtant s’échapper à son bon loisir si l’on en croit les révélations du scénario.

Bref, c’est tellement mauvais que dans ses pires moments, le film semble presque écrit par Chat GPT, un peu comme si son trio de scénaristes avait lui aussi souffert du syndrome de la page blanche touchant sa protagoniste. Ce n’est évidemment pas le cas (quoi qu’on n’était pas en coulisses), mais une chose est sûre, Dalloway ressemble à une version française de Black Mirror toute naze ou un Don’t Worry Darling français tout pourri. Autant dire que c’est une vraie déception.

Et ça sort quand ? Le 17 septembre en France grâce à Gaumont.

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