Fast and Furious : Better Luck Tomorrow, le film oublié de la saga à ne pas manquer

Eden David-McCrann | 16 mai 2023 - MAJ : 30/05/2023 14:13
Eden David-McCrann | 16 mai 2023 - MAJ : 30/05/2023 14:13

La saga Fast & Furious a eu un prequel, Better Luck Tomorrow. Si vous ne le connaissez pas, c'est bien dommage.

Vous êtes vous déjà demandé en quoi résulterait l’union improbable entre un teen movie à la Richard Linklater et un film de gangsters à la Martin Scorsese (rien que ça) ? Sûrement pas, et pourtant, ce film existe : Better Luck Tomorrow est un vrai petit bijou, tout à la fois drame, thriller, comédie, et romance. Et curieusement, c’est aussi rétroactivement devenu un prequel à la franchise Fast and Furious. Profitons donc de la sortie imminente de Fast & Furious X pour revenir sur ce film méconnu.

Better Luck Tomorrow : photoHan, Ben, Daric et Virgil, les protagonistes du film

 

Petite révolution

La scène d’introduction illustre parfaitement tout le pari du film satirique de Justin Lin. Une succession d’images d’Épinal dressent le portrait d’une banlieue tranquille d’Orange County, près de Los Angeles. La quiétude règne, le soleil tape, les enfants jouent et courent après un camion à glace. Deux adolescents, Ben et Virgil, bronzent dans leurs jardins… avant d’être interrompu par la sonnerie d’un téléphone portable, celui d’un cadavre enterré là sous leurs pieds. Justin Lin vise ainsi à révéler ce que cachent les suburbs californiennes, au début des années 2000, sous leur mince vernis d’apparente perfection.

Pour ce faire, Lin déconstruit et se moque des clichés les plus répandus sur les jeunes étasuniens d’origine asiatique. Ben est un jeune homme poli, qui multiplie les activités de bénévolat extra-scolaires, et qui obtient les meilleurs résultats de sa promotion. Malgré cette façade bienveillante, il est en réalité profondément amoral et obsédé par l’argent.

Better Luck Tomorrow : photoOrange County Dreamin'

 

Cette ironie révèle aussi une certaine colère de Lin à l’encontre de l’Amérique blanche et de sa condescendance envers ses citoyens d’origine asiatique : « On parle beaucoup de l'importance d'une représentation positive des Asiatiques. Mais ce mot, “positif” est souvent mal interprété : il ne s’agit pas de montrer des gens biens, il s’agit de montrer des vraies gens » affirme-t-il dans le making-of. Ainsi, en 2002, ce film est une petite révolution, car il ne véhicule aucun des clichés qu’on retrouve dans quasiment tous les films étatsuniens avec des personnages d’origine asiatique.

Les personnages ne sont ici pas les objets de blagues à caractère raciste, mais des protagonistes complexes et bien façonnés. Aux yeux de nombreux critiques – dont le célèbre Roger Ebert, fervent défenseur du film lors de ses projections à Sundance – BLT a ouvert la voie à une représentation nouvelle.

Better Luck Tomorrow : photo« Rumors about us came fast and furious »- Ben

 

Faux Teen Movie

Cela étant dit, Justin Lin a aussi affirmé qu’il regrettait l’omniprésence de ce sujet dans les débats sur le film, qui occultait bien souvent les autres thèmes abordés par le scénario : la délinquance, le désir de s’enrichir à tout prix, encouragé par la culture populaire ou encore les métamorphoses des mentalités adolescentes au sein des banlieues. Si le film parvient à être aussi sincère, c’est aussi parce que Justin Lin a puisé dans son expérience de coach de basketball dans un lycée : « Je travaille avec des adolescents, et leurs mentalités sont très différentes de celles des jeunes des années 80. Dans les suburbs, les gosses de classes aisées ont adopté, par le biais des médias, une mentalité urbaine de gangsta ».

Les parents ne sont d’ailleurs jamais aperçus, et sont à peine mentionnés ici. Dans le monde de Better Luck Tomorrow, les adultes font figure de fantômes. Ces lycéens sont ainsi totalement laissés à eux-mêmes, et semblent exister dans une bulle. Et c’est justement à cause de cette absence totale d’autorité qu’ils se livrent à leurs délits. Face à l’ennui de la banlieue et au stress de leurs examens, la vente de drogue fait figure d’échappatoire amusante, auquel les protagonistes se livrent sans aucune peur des conséquences. 

Better Luck Tomorrow : photoLe tournant du film

Le film reprend tous les codes du teenage movie : scènes de cours, triangle amoureux entre le geek, la pom pom girl et le motard bad boy, bal de fin d'année, amis qui enchaînent des blagues sexuelles de mauvais goût. Même si cet humour macho a assez mal vieilli – on s'interroge sur la représentation du seul personnage féminin, Sophie –, ce ton faussement comique permet aussi d'induire le spectateur en erreur : les éruptions de colère et de brutalité qui parsèment le film en sont d’autant plus choquantes. Cette gradation de la violence culmine en un travelling circulaire magistral et déchirant. Ce troisième acte tragique achève ainsi la transformation des personnages, qui ont cher payé leur passage à l’âge adulte.

Cette effervescence adolescente est notamment transmise par les expérimentations visuelles du chef opérateur Patrice Lucien Cochet. Le film n'a pas coûté cher, mais est rempli de solutions ingénieuses. Chaque personnage est introduit par une série de photographies rapide qui nous disent tout ce qu’il y a savoir sur eux en quelques secondes. Les définitions des mots que Ben apprend pour ses examens apparaissent régulièrement à l’écran, et divisent le film en parties distinctes. Les ralentis et les accélérés se suivent et perturbent notre perception du temps qui passe. Des arrêts sur images, une bande-son rock et une voix off omniprésente insufflent une énergie inspirée des meilleurs films de Scorsese.

Better Luck Tomorrow : photo« I'm funny how ? »

 

Fast and Furious 0

Mais alors, comment ce film indépendant a-t-il rétroactivement été intégré à la méga-franchise Fast and Furious ? En 2005, Justin Lin est engagé par Universal pour réaliser un spin-off du film de Rob Cohen, intitulé Tokyo Drift. En effet, après l'échec critique de 2 Fast 2 Furious, il fallait réinventer la saga. Seulement, quand Lin a accepté le projet, le scénario de Chris Morgan était encore à l'état de brouillon : la figure du mentor était notamment à peine esquissée.

Lin a alors profité de cette opportunité pour ramener l'un de ses personnages préférés de BLT : Han Lue, interprété par Sung Kang : « Quand j'ai créé ce personnage de mentor pour Tokyo Drift, je me suis inspiré de Sung et de Han de BLT. Très vite, je me suis dit, autant directement ramener Han et Sung » avait-il dit à Entertainement Weekly. Si Lin a repensé à Han, c'est parce que dans BLT, ce dernier se passionne déjà pour les voitures – son père est garagiste – et s'engage sur une pente glissante de criminalité.

Better Luck Tomorrow : photoPlus qu'une et je me mets aux chips

Des références discrètes sont faites à son passé au cours de la saga : dans Fast Five, le personnage de Giselle taquine Han en faisant référence à son addiction à la nicotine, qui explique son grignotage constant (Universal n'autorise pas ses protagonistes à fumer). Dans le court-métrage Los Bandoleros, Han révèle qu'il est né et qu'il a grandi aux États-Unis, qu'il n'a d'ailleurs jamais quitté avant de rencontrer le Dominic Toretto de Vin Diesel. Si cette inclusion était importante aux yeux de Lin, c'est aussi car il regrettait dans le premier opus que les personnages d’origine asiatiques ne soient que des antagonistes caricaturaux.

Depuis, Han est devenu l’un des favoris des fans, à tel point qu’il est revenu d’entre les morts (oui, on ne se refuse rien dans F&F). Même si cette connexion est amusante et enrichit la franchise Fast & Furious, on aurait préféré voir des suites plus singulières à Better Luck Tomorrow : on n’a malheureusement jamais retrouvé dans le cinéma de Justin Lin l’ambition et le commentaire social de cet excellent film. On espère donc –  alors qu’il a laissé la casquette de réalisateur à Louis Letterier pour les derniers opus de la franchise automobile –  qu’il reviendra un jour avec un film aussi personnel. Quoi qu'il en soit, on retrouvera Han Lue dans Fast X.

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commentaires
Le prochain commentaire ftg fdp ok jbaize ta famille de tapins
21/05/2023 à 17:27

Se film il est aussi éclaté que Rorov94m et que toto44 que dieu est pitié de nous et nous préserve de c'est deux fois de put@in de leurs grosse darone les grosse lopsa qui font H24 les trottoirs comme des grosse tapin quelles sont

Rorov94m
17/05/2023 à 08:24

@toto
Contente toi de faire des blagues.

toto44
17/05/2023 à 07:41

"Pour ce faire", et non "Pour se faire"