Où est Alfred ? : Les caméos d'Hitchcock

Damien Virgitti | 7 novembre 2012
Damien Virgitti | 7 novembre 2012
A l’occasion de la sortie chez Universal du coffret Blu-Ray des 14 chefs d’œuvre d’Alfred Hitchcock produit par la compagnie, Ecran Large s’est amusé à retrouver, au détour des films, les apparitions du maestro en personne : Alfred Hitchcock. Du caméo le plus discret à son plus iconique, on vous aide à dépister l’une des figures les plus emblématiques du cinéma. Et contrairement aux idées reçues que le cinéaste aurait tendance à apparaître au début de ses films, il faut parfois aller loin dans le récit pour l'apercevoir. Sans pour autant cligner de l'oeil au risque de parfois le rater.
 
 
 
 
Pratiquement indétectable dans la séquence nocturne de ce film en noir et blanc. Au bout d’une heure de métrage, alors que Barry (Robert Cummings) s’apprête à atteindre le QG luxueux et bourgeois des comploteurs, sa voiture s’arrête devant la vitrine d’un petit magasin. Et parmi les passants attirés par l'étalage, on peut retrouver la silhouette très discrète d’Alfred Hitchcock. Parmi les films du coffret Universal, c’est son caméo le plus court (à peine une seconde). A ne pas louper !
 
 
  

La corde (1948)
 
Hitchcock se fait encore tout petit et discret, mais pas pour autant moins mégalo. A peine son nom s’efface du générique (vers 1min 56s) qu’il apparaît en tant que premier "acteur" du film: un passant qui longe la rue, un journal à la main et aux côtés d'une femme. Plutôt malin.
 
 
 
   

 
Là encore le réalisateur ne fait que traverser le champ de la caméra mais on peut le distinguer de plus en plus. Au bout de 21 minutes, alors qu’on nous présente les personnages du peintre Sam Marlowe (John Forsythe) et de la nostalgique Miss Gravely (Mildred Natwick), on voit passer, depuis la vitrine d'un magasin, un homme en imperméable. Depuis La corde son visage est rapidement reconnaissable et il s'agit bien du metteur en scène.
 
 
 
   

 
Comment résister à un tournage au Maroc sans apparaître soi-même devant la caméra ?. Hitchcock ne s’est pas refusé ce petit plaisir et se mêle à la visite au souk des McKenna (James Stewart et Doris Day). A la 30ème minute, à peine quelques instants avant la mort du fameux « homme qui en savait trop », le réalisateur profite d’un spectacle d’acrobates pour se joindre à la foule. A coté des artistes de rue, il ferait presque figure de prestidigitateur. Sacré Hitch !
 
 
 
 
Sueurs froides (1958)
 
Dans la lignée de ces précédents caméos, Hitchcock apparaît de plus en plus au premier plan lors de ses irruptions à l’image. Après le promeneur tranquille de Mais qui a tué Harry ?, il passe au bout de 10 minutes  devant le chantier naval où se rend l’ex-détective John Ferguson (James Stewart) pour accepter la mission qui fera de sa vie un cauchemar. Dans sa main, un accessoire étrange : un étui à trompette. Sans doute pour se faire de plus en plus remarquer.
 
 
 
Psychose (1960)
 
A l’image de son apparition dans La Cinquième colonne, Hitchcock se tient, 5 minutes après le début du film, devant la vitrine du bureau de Marion Crane (Janet Leigh). On peut le remarquer à son chapeau de cow-boy. Une façon peut être de préfigurer l'arrivée de Tom Cassidy (Frank Albertson), ce client libidineux qui donnera à Marion cette coquette somme d’argent qui la fera plonger en enfer… Pour les amoureux des petits détails qui font mouche.
 
 
 

 
Parmi les 14 films restaurés, on ne le verra jamais d’aussi près et aussi longtemps (23 secondes). Au bout de 18 minutes, dans le même train qui amène l’énigmatique oncle Charlie, on peut voir un vieux couple disputer une partie de cartes avec un mystérieux joueur à la main remplie de piques. Et cet adversaire n’est autre qu’Alfred Hitchcock. Les reflets du soleil le rendent pratiquement méconnaissable mais même le médecin en vacances semble avoir… « l’ombre d’un doute ».
 
 
 
 

L’étau (1969)
 
Son premier caméo plutôt drôle. Après 36 minutes de métrage, au moment où des espions arrivent sous couverture à l'aéroport, on peut remarquer une infirmière qui transporte un homme en fauteuil roulant avant qu’il ne se lève et salue une personne dans un couloir. Sa silhouette est reconnaissable avec sa démarche chaloupée et son tour de passe-passe plutôt cocasse !
 
 
 

 
Un nouveau caméo où le réalisateur se met en scène de façon drôle. A la septième minute, au moment où le Pr Armstrong (Paul Newman) et sa fiancée Sarah Sherman (Julie Andrews) arrivent à leur congrès de scientifiques à l’Hôtel d'Angleterre, on peut remarquer dans le hall d’entrée un homme qui se dépêtre avec un bébé sur ses genoux. Notez comment la musique souligne le moment où il soulève l'enfant. Comme si le réalisateur tenait à ce qu’on le remarque plus que les autres personnages dans la scène.
 
 
     

Les oiseaux (1963)
 
Un premier caméo où le maître du suspense se met en scène de façon personnelle. Dans ce chef d’œuvre indémodable d’angoisse (qu'on espère ne voir jamais remaké par le studio de Michael Bay), son apparition est très rapide. Au bout de deux minutes, lorsque Mélanie Daniels (Tippi Hedren) rentre dans l’oisellerie où elle fera la rencontre de Mitch Brenner (Rod Taylor), on voit sortir du magasin le réalisateur accompagné de ses deux propres Scottish Terriers, Geoffrey et Stanley. Une façon sans doute de le connaître un peu plus !
 
 

 
Frenzy (1972)
 
L’une des rares fois où on peut apercevoir le réalisateur par deux fois (il l'avait déjà fait dans Les cheveux d’or et Les amants du Capricorne). Dès le début du film, il se trouve parmi la foule venu assister à une présentation sur la réhabilitation de la Tamise. A la 3ème minute, il semble être le seul spectateur à être peu impressionné par le projet et 45 secondes plus tard, on le revoit dans la foule effrayée par la vue d'un cadavre repêché dans le fleuve. Il se tient juste à côté de badauds qui évoquent l’histoire de Jack l’éventreur. Comme si le réalisateur lui-même faisait ressurgir nos pires angoisses.
   

 
 
Le réalisateur est de plus en plus visible. Impossible de ne pas le remarquer à la 25ème minute, lorsque Jeff (James Stewart), qui ne perd jamais une occasion de mater ses voisins, aperçoit un homme en train de réparer une horloge. Le réalisateur nous fait presque face, comme pour nous renvoyer une fois de plus à notre voyeurisme, et en profite pour nous présenter Ross Bagdasarian, compositeur qui apparaît dans plusieurs films.
 
 
 
  

 
Le réalisateur brise de plus en plus le quatrième mur. Au tout début du film, en suivant de dos l’envoûtante Marnie (Tippi Hedren) dans un couloir d’hôtel, on aperçoit à la 5ème minute le metteur en scène sortir d’une chambre et se tourner vers nous. Sans doute son apparition la plus claire puisqu’on peut le voir de la tête aux pieds.
 
 
 
  
 
 
Pour son dernier film, le réalisateur est passé depuis longtemps au stade de la légende. Plus qu’un homme, il est maintenant devenu une silhouette reconnaissable entre toutes. Et c'est ce fameux profil qu’on aperçoit à la 39ème minute au registre des naissances et décès, pendant que Georges Lumley (Bruce Dern) enquête sur la disparition d’un héritier. Le réalisateur nous quittera quatre ans plus tard, léguant à jamais sa silhouette  aux souvenirs des cinéphiles du monde entier.
 
 
 
 
Bonus  
 

La Corde (1948)
 
Pour finir, revenons un instant sur ce fabuleux huis clos filmé tout en plan séquence. Si le réalisateur est déjà apparu au début du film, des observateurs prétendent encore qu’une autre référence au metteur en scène se cache à la 54ème minute du film. Alors que les invités prennent congé de leurs hôtes machiavéliques, on peut alors apercevoir entre Janet (Joan Granger) et Kenneth (Douglas Dick), au loin dans le décor de la ville, un néon rouge clignoter juste au dessus de la marque Reduco (un caméo déjà visible sur un journal dans Lifeboat). Un clin d’œil très fugace mais visible en tout 54 secondes, ce qui équivaudrait à son temps d'apparition à l'écran le plus long au sein des films Universal. Alors, image subliminale ou hallucination ? A vous de juger.
 
 
 


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