7e Festival asiatique de Deauville – Clôture et palmarès

Par Thomas Douineau
14 mars 2005
MAJ : 20 septembre 2018
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Quatrième et dernière journée du septième festival du film asiatique de Deauville avec deux long-métrages dont un en compétition (The World) qui ont un élément en commun : le grand soin esthétique portée à des récits confus ou pesants…

THE WORLD (Chine, 2004)
Réalisateur : Jia Zhang-ke

Résumé : À World Park, parc miniature réunissant les monuments les plus célèbres du monde, Tao vit dans un rêve. Chaque jour, elle chante et danse avec bonheur devant un public ravi. Son petit ami, Taisheng, travaille comme gardien du parc. Mais leur relation se dégrade peu à peu, d’autant que Taisheng est attiré par une autre femme…

Chronique sentimentale et sociale, The World prend le parti pris d’une mise en scène hyperréaliste et sincère parfois confuse, ce qui n’est pas forcément le meilleur moyen pour nous happer au coeur de l’histoire. En effet, son sens de l’ellipse et la multiplication des destinées demande un certain effort de concentration qui ne nous aide malheureusement pas plus pour comprendre où l’auteur veut vraiment en venir. En revanche, il se sert avec brio de son décor mondial, sans pour autant en abuser, le tout accompagné d’une lumière travaillée et d’une bande son originale tendance post-rock. Quant aux passages animés pour représenter une « urbanisation » galopante où la technologie supplante chaque jour davantage le contact humain, leur emploi souligne une dernière fois toutes les aspirations mal agencées du concepteur de ce monde hétéroclite et difficilement assimilable.


Jia Zhang-ke

PRINCESS OF MOUNT LEDANG (Malaysie, 2004)
Réalisateur : Saw Teong Hin

Résumé : À la fin du quinzième siècle, la mythique princesse Gusti Putrid un royaume de Majapahit tombe éperdument amoureuse du légendaire guerrier Hang Tuah. Suite à une décision politique inattendue, elle apprend qu’elle doit épouser le Sultan de Melaka…

Présenté dans de nombreux festivals à travers le monde, dont celui de Venise en septembre dernier, Princess of Mount Ledang affiche fièrement son statut de plus grosse production cinématographique malaisienne à propos d’un « amour légendaire ». Si, à l’écran, les moyens employés et le soin apporté à cette reconstitution se voit à chaque seconde avec un réel soucis du rendu visuel (décors et costumes fastueux, photographie et musique travaillées, mouvements de caméra léchés), le plumage ne cache pas suffisamment le ramage interminable (2h30) sur le choix délicat entre devoir et désir. En dépit de toutes les bonnes intentions dont il fait preuve (interprétation sobre et poignante, présence ponctuelle du magique et du mystique) dans sa volonté de graver à jamais cette légende nationale dans les mémoires, Princess of Mount Ledang souffre d’un rythme si constant et pesant que ses atouts finissent par se retourner contre le film lui-même, à l’image de cet amour maudit.


Saw Teong Hin

Les emplois du temps au cœur des festivals étant ce qu’ils sont, à savoir imparfait, certains films ont dû être sacrifiés sur l’autel de la subjectivité, des rencontres (interviews de Takashi Miike et d’Eric Serra qui arriveront très prochainement, le temps nécessaire à leur retranscription) et de la compétition officielle.

À croire qu’il est maudit, Arahan est encore une fois passé à la trappe après Gérardmer, ainsi que dans la même section « Action Asia », Heroic Duo. Dans le « Panorama », le thaïlandais Baytong, le vietnamien Bride of Silence et le Leave Me Alone de Danny Pang, avec une seule projection à leur actif, étaient difficilement visibles. Même chose en ce qui concerne The Neighbor n°13 dont la seconde projection qui devait avoir lieu le dimanche matin fut annulée à la dernière minute. Quant à 3 Extrêmes, le film à sketchs de Fruit Chan, Takashi Miike et Park Chan-Wook (Old Boy), sa sortie française en mai nous donnera l’occasion de revenir dessus en détails.

Comme toutes les bonnes choses ont une fin, cette septième édition du festival du film asiatique de Deauville s’en achevé sur l’incontournable palmarès.

PALMARES
– Lotus du meilleur film (Grand prix) : Holiday dreaming

– Lotus du jury (Prix du jury) : This charming girl

– Lotus du meilleur scénario (Prix du groupe Lucien Barrière) : The world

– Lotus Air France (Prix de la critique internationale) : Holiday dreaming

– Lotus Première (Prix du magazine Première) : Electric shadows

– Lotus Action Asia (Grand prix Action Asia) : Arahan

PALMARES OFFICIEUX VINCENT JULÉ
Dans le désordre : Electric Shadows, Survive Style 5+, Breaking News, Crazy kung fu, Locataires

(+) Les combats de xylophones de The overture
(-) The Neighbor n°13 raté de peu

PALMARES OFFICIEUX STÉPHANE ARGENTIN
En compétition :
– Holiday dreaming
Une très belle invitation, complètement décomplexée, à l’évasion, la drôlerie et au rêve.

– Electric shadows
Une très belle invitation aux souvenirs d’enfance et aux souvenirs cinématographiques.

Hors compétition :
– Locataires
Une succession de scènes entre réalité et onirisme mêlant à la fois beauté, dureté et drôlerie. Une œuvre rare et prodigieuse.

– Léo, roi de la jungle
Ce qu’aurait pu (dû ?) être, en beaucoup moins naïf, le prodigieux Roi lion de Disney.

– Breaking news
Ce jeu de cache-cache en quasi temps réel entre policiers et truands mêlant la noirceur d’un PTU et la maîtrise visuelle d’un Fulltime killer font de Breaking news l’un des meilleurs films de Johnnie To.

Vincent Julé & Stéphane Argentin

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