Avant Twilight, le premier grand rôle oublié de Kristen Stewart

Axelle Vacher | 27 avril 2023 - MAJ : 28/04/2023 13:48
Axelle Vacher | 27 avril 2023 - MAJ : 28/04/2023 13:48

Avec Speak, un coming of age cruel et dramatique, Jessica Sharzer dirige une très jeune Kristen Stewart dans un premier rôle principal poignant.

Si les années collège et lycée laissent invariablement leur lot de séquelles sur les uns et les autres, le spleen qui en découle a pour rare qualité de nourrir les artistes en recherche de catharsis. Légion au pays de l'audiovisuel, les contes d'une enfance révolue tels que La Fureur de vivre, The Breakfast Club, Booksmart, Ladybird ou encore Moonlight, pour n'en citer qu'une poignée, déploient ainsi l'inélégance qu'implique l'écoulement des années. Néanmoins, il arrive quelques fois que cette étape, pourtant charnière, soit coupée court par une tragédie. 

Adapté du roman Vous parler de ça de Laurie Halse Anderson, Speak s'articule ainsi autour d'un passage à l'âge adulte précoce, forcé au détour d'une agression. Porté par une toute jeune Kristen Stewart, le film fait le récit non pas initiatique, mais brut de décoffrage de l'abandon de soi, de ses séquelles, mais aussi, de son éventuelle rémission.

 

Speak : photo, Kristen StewartBesoin de parler ?

 

Thou shall not speak

Après avoir été violée lors d'une fête à l'aube de sa première année de lycée, Melinda Sordino s'enferme dans un mutisme presque total. Rejetée par ses amis, lesquels lui reprochent d'avoir ruiné la soirée en appelant la police (puisqu'ils ne savent rien de l'agression), et délaissée par ses parents, aussi bien intentionnés que maladroits, l'adolescente se replie peu à peu sur elle-même.  

Dans l'ombre de cette prémisse dramatique et maintes fois éculée par d'autres récits, le film se propose toutefois d'ausculter le traumatisme de son personnage à de multiples degrés et échelles. Speak n'est pas seulement un film sur une jeune fille détruite par un viol survenu entre deux âges, mais plutôt une fenêtre sur les dysfonctionnements intersubjectifs et sociaux, ainsi que sur la perte de contrôle de son corps selon les circonstances.

 

Speak : photo, Kristen Stewart, Eric LivelyClaustrophobie

 

Le patronyme du protagoniste n'est d'ailleurs nullement anodin. En effet, "sordino" signifie "sourd" ou encore "muet" en italien. Alors certes, nommer un personnage par l'une de ses caractéristiques principales n'est pas bien subtil, mais la démarche implique combien le silence dont souffre brusquement Melinda est imprimé au plus profond d'elle.

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commentaires
Mon film préféré
28/04/2023 à 13:10

Si on montrait ce film à des classes de lycéens ça serait très utile pour la société

Axelle Vacher - Rédaction
27/04/2023 à 19:57

@morcar // le « à l’aube » orphelin de ma réponse haha. J’ai envie de dire que le film est beaucoup plus pudique que 13 reasons why. La scène la plus violente à certes beaucoup d’impact mais il n’y a pas de nudité ou que sais-je. Et elle ne s’éternise pas. Au mieux, regardez-le et jugez par vous même :))

Morcar
27/04/2023 à 17:32

Merci Axelle pour ta réponse, le sujet me parait en effet important à montrer justement à l'âge de mes filles. Mais selon comment il est traité, je n'étais pas certains que le film était adapté. Par exemple, pour le moment la série "13 reasons why" ne me parait pas être encore vraiment pour elles, même si la scène la plus dure a été retirée du dernier épisode.

Axelle Vacher - Rédaction
27/04/2023 à 17:21

@Morcar // je l’ai vu pour la première fois à l’aube entre 16 et 17 ans. C’est un film difficile mais loin d’être inutilement cru. La scène de viol n’a rien de « glamourisée » ou « pornographique » comme cela peut être le cas dans d’autres productions. Le film de Sharzer est avant tout un film sensible sur l’incommunicabilité, la nécessité de s’ouvrir aux autres pour mieux guérir. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est aussi un récit très bienveillant envers son personnage central. Il n’y aucun « victim blaming », aucune remise en question identitaire. À la fois doux et poignant. Je ne dis pas que c’est un film facile à voir, surtout à l’adolescence, mais son enseignement est important. À mon sens.

Morcar
27/04/2023 à 16:30

Intéressant, je n'en avais jamais entendu parler.
Une question me vient alors : est-il abordable par des filles de 14 et 16 ans ? A priori, j'ai tendance à penser que oui, mais je voudrais être certain.