LA RÉFORME DES RETRAITES
La dernière fois que Cameron Diaz et Jamie Foxx étaient ensemble à l’écran, c’était dans l’un des meilleurs films de leurs carrières : L’Enfer du dimanche, ou les gladiateurs du stade selon Oliver Stone. C’était en 1999, et depuis de l’eau a coulé sous les ponts pour ces deux pontes. Lui a décollé en gagnant un Oscar et en tournant chez Michael Mann et Quentin Tarantino, et elle a continué sa route chez Martin Scorsese, Charlie et ses drôles de dames et une pelletée de comédies, avant de mettre sa carrière en pause en 2018.
Mais les retraites à Hollywood, c’est comme les alliances à gauche en politique : ça ne dure presque jamais. La question est alors de savoir ce qui peut motiver les artistes à ressortir leurs plus beaux sourires pour reprendre du service. Avant l’inévitable Shrek 5 (prévu pour 2026) et la comédie Outcome réalisée par Jonah Hill et avec Keanu Reeves, Cameron Diaz a choisi Back in Action. Pourquoi ? Parce que le titre était de circonstance, que Jamie Foxx est son pote, et que c’était bien payé. Parce qu’il n’y a sinon aucune explication plausible.
« Imaginé » par le réalisateur Seth Gordon (Comment tuer son boss ?, Arnaque à la carte, Baywatch) et son co-scénariste Brendan O’Brien (Nos pires voisins, Nos pires voisins 2, Ninja Turtles : Teenage Years), Back in Action est la photocopie d’une photocopie de photocopie. Deux anciens agents de la CIA ont raccroché pour fonder une famille, mais des années plus tard, ils sont contraints de repartir en mission pour sauver le monde et leurs deux mioches. Inutile de les lister, ça rappelle quelques dizaines de films du même genre. Et même le talent de Cameron Diaz et Jamie Foxx ne pourra sauver ce machin de l’oubli et l’ennui instantané.
DIAZ AU DIAPASON
C’est peut-être ça le plus triste : gâcher le talent de Cameron Diaz dans un produit si insipide. Étiquetée godiche depuis ses débuts dans The Mask, l’actrice en a joué avec brio au fil de sa carrière, avec un goût pour la comédie potache, les personnages grotesques et les gags physiques. De Mary à tout prix à Allumeuses ! en passant par Une vie moins ordinaire et Bad Teacher, elle a maîtrisé l’exercice à la perfection, quitte à parfois être la seule chose à sauver de films sinon médiocres.
Dans les grandioses Charlie et ses drôles de dames, elle avait ajouté la corde action à son arc comique, touchant des sommets de magnifique ridicule avec une aisance impressionnante. C’est pour ça que Back in Action avait du sens, sur le papier : Cameron Diaz sait être drôle en tapant des gens. Le film semble même aller sur ce terrain dès son intro, avec le gadget absurde d’un parfum que n’aurait pas renié le trio de Charlie. La suite du prologue est presque une bonne surprise, avec une petite surenchère du chaos qui précipite une catastrophe cartoonesque.
Back in Action ne sera plus jamais aussi amusant que dans cette intro, ce qui en dit long sur la pauvreté du film. Et même si Cameron Diaz est moins tarte que Jamie Foxx, le principal argument de cette comédie d’action (leur duo de parents-amants-espions) tombe vite à l’eau, la faute à un scénario infiniment banal. C’est bien simple : aucun gag, aucune blague, aucune idée n’a pas déjà été vu et revu ailleurs. Et comme la mise en scène de Seth Gordon a autant d’intérêt qu’un verre d’eau tiède dans un gobelet en plastique, Back in Action enchaîne les petites scènes sans jamais tirer profit des situations ou des acteurs.

BACK IN « ACTION », APPAREMMENT
Seth Gordon n’ayant aucun sens du timing comique (le personnage nullissime de Jamie Demetriou, dont la présence fera au moins sourire les fans de Fleabag), personne ne sera étonné de voir qu’il est également un manche côté action. Bricolée autour d’une énième babiole high-tech capable de prendre le contrôle du monde parce qu’il était grand temps que quelqu’un alerte enfin sur les potentiels dangers de la technologie, l’intrigue trimballe ses personnages comme des Jason Bourne version Spy Kids, avec zéro surprise dans le tempo blabla/baston/blabla/baston.
Éventuellement, en étant de bonne humeur, il y a quelques petites idées visuellement amusantes, comme les coups de néon dans la tronche ou le lance-flamme improvisé dans la station-service (… qui rappelle une scène avec Drew Barrymore dans Charlie’s Angels : Les Anges se déchaînent tiens tiens). Le réalisateur de seconde équipe J.J. Perry (passé sur John Wick et quelques Fast & Furious) y est peut-être pour quelque chose, d’autant que l’équipe a au moins évité le formatage grisâtre et le trop-plein de fonds verts.

Mais puisque tout ça été découpé, monté, mis en scène et en musique sans la moindre ambition, Back in Action reste bel et bien cloitré dans la case de production Netflix générique. Andrew Scott et Kyle Chandler gigotent pour faire comme si l’histoire racontait quoi que ce soit, les dialogues s’assurent que tout ça reste mignon (« On n’a pas tué ces gens ! » dit la mère, après avoir explosé la tronche d’une bande de méchants), et la sacro-sainte famille est réconciliée comme dans une bonne aventure de Joséphine, ange gardien.
C’est toujours la douce ironie de ces machins qui exploitent la peur de la technologie : on dirait qu’ils ont été écrits par une IA. Et ça n’a plus rien de fantaisiste puisque plusieurs sociétés « entraînent » actuellement leurs petits robots virtuels à partir des scénarios de milliers de films et séries. Si ça donne des Back in Action à la pelle, ça risque d’être formidable.
Ça aurait pu être pire ? Oui. On aurait peut-être pu citer le navet Agent Stone, où Glenn Close était déjà de la partie dans un mini-rôle (si tu as besoin d’aide Glenn, envoie-nous un signal). Encore faudrait-il se souvenir de ce truc. Mais ça aurait pu être tellement moins pire avec un minimum de travail que ça devient désespérant. Surtout quand la fin de Back in Action ose teaser une suite censée donner envie. C’est une autre obligation des grosses productions Netflix pensées à l’envers, apparemment.
Back in Action est disponible sur Netflix depuis le 17 janvier 2025

Pour ma part, je ne comprends pas vos commentaires. Oui, ce n’est pas le film du siècle, mais c’est un film divertissant et ça marche ; j’ai passé un bon moment. Certes, je ne mettrais pas 5 étoiles, mais un bon 4/5. En voyant la bande-annonce, on comprend tout à fait le genre de film, et je suis client. Pourquoi critiquer si ce n’est juste pas votre genre de film ? Le scénario est déjà vu oui et alors ? Les acteurs sont bons ! S
Le film est fabuleux, après près de 15 ans d’absence Cameron Diaz est toujours aussi pétillante, de l’action, de la comédie, de la tendresse…. Vraiment un régal. 5/5
J’ai l’impression que Geoffrey aime s’autoflageller en faisant les critiques de tous les navets de plateforme en ce moment ^^
Tenu 3 mn avant de refermer la vidéo. Sortir un navet pareil la semaine où David Lynch quitte ce monde, trop fort Netflix…
Vu hier , boff boff.
Jamiz foxx comprend pas , ils payent si bien que ca netflix? Il a quand meme des propositions de cinoche quand.meme !!!
Des fois il vaut mieux ne pas sortir de sa retraite, ou alors il y avait beaucoup de zéro sur le chèque de Diaz.
Il y a plus de mauvais que de bon chez Netflix.. 75% de leurs trucs c’est à jeté! Et encore je suis gentil!
Netflix est sans doute l’entité incarnant le mieux l’expression « capable du meilleur comme du pire »…