Critique : Nos pires voisins

Simon Riaux | 16 juin 2014
Simon Riaux | 16 juin 2014
Figure de proue de l'écurie Apatow et désormais mètre étalon de la comédie trash américaine, Seth Rogen est devenu en l'espace de quelques années un des pontes du rire gras. C'est donc avec un à priori plutôt positif que nous le retrouvons entre les mains de Nicolas Stoller, routard du genre sans génie mais appliqué. À leurs côtés, Rose Byrne et Zac Efron en seconds couteaux de luxe passablement affutés. Autant d'ingrédients prometteurs, qui auraient gagné à être utilisés selon la recette qu'appelait le scénario de Nos Pires voisins, à savoir une fable douce amère plutôt qu'une pantalonnade scabreuse.

Quand un couple de jeunes parents presque trop vieux pour ces conneries voient débarquer dans leur voisinage une fraternité d'étudiants portés sur la gaudriole, les drogues douces et la musique tonitruante, un terrible dilemme se joue. Doivent-ils bénir les dieux et profiter encore un peu de leurs dernières années d'insouciance ou embrasser responsabilités et parentalité pour mieux bouter hors du quartiers les vilains fêtards ? Cette hésitation qui parcourt le film lui offre également ses meilleurs moments. C'est lorsque Seth Rogen regarde ses collègues de bureau avachis, que Rose Byrne joue les entremetteuses diaboliques, que Zac Efron doit assumer les conséquences de ses soirées apocalyptiques, que se craquelle le vernis de la comédie et que nous touchent les personnages. Entre deux gags à base de godemichets, le script délivre ainsi une amertume inattendue et vénéneuse, à l'image de la dernière bobine, où tous les personnages, perclus dans leur beauferie, constatent l'ampleur de leurs échecs.

Dommage que le film ne donne pas plus d'espace à ces eaux troubles, tant elles abritent les meilleurs performances des comédiens, ainsi que les rares séquences mémorables du film. Car si l'on rit souvent, on est finalement en terrain (trop) connu sitôt la machine à gags allumée. Sketch trash et humour bas du front sont maniés par tous les comédiens avec une belle aisance (notamment Rose Byrne, décidément irrésistible en garce trentenaire), mais on se sent finalement très peu concernés. La faute à un rythme lâche, qui nous maintient dans un flou pas si artistique, ainsi qu'à la réalisation de Nicolas Stoller, terriblement molle et générique.

EN BREF : Drôle mais jamais hilarant, on regrette un peu la paresse du film, tant ses zones d'ombre semblent intéressantes et ses comédiens plus motivés par les conflits des personnages que des gags déjà vus mille fois.

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