Critique : Mandela : un long chemin vers la liberté

Sandy Gillet | 18 décembre 2013
Sandy Gillet | 18 décembre 2013

Du vivant de Mandela, ce film n'avait pour lui que la seule légitimité de son existence. Depuis son passage de mythe vivant à légende déifiée, Mandela : un long chemin vers la liberté sonne en plus et bien malgré lui le top départ des nombreux hommages post mortem (et pour beaucoup hypocrites) qui ne vont pas cesser de pleuvoir dans les prochaines années. Une telle boursouflure numérique n'en demandait certainement pas tant, elle qui a déjà tant de mal à aller vers ce pourquoi elle a été produite à savoir rendre hommage à l'une des figures les plus emblématiques du XXème siècle. Sans oublier au passage d'enterrer encore plus un genre qui n'avait vraiment pas besoin de cela.

Le biopic, puisque c'est de cela dont on parle ici, sert donc de moteur pour raconter l'histoire emblématique d'un homme qui a d'abord changé la face de son pays avant de devenir une icône universelle. C'est à la base un livre écrit par l'intéressé lui-même racontant près de 70 ans de vie depuis son enfance, ses années de luttes anti-apartheid et finalement de prison. Il est évident qu'avec un tel matériau de départ, la seule obsession du producteur sud-africain et son anglais de réalisateur étaient de ne pas trahir la confiance d'un homme qui leur avait confié un manuscrit longtemps convoité par Hollywood. Bref, la marge de manœuvre était nulle et ne pouvait donner lieu qu'à un film corseté sans aucun autre point de vue que celui dont on dresse les louanges. Normal me direz-vous. Certes. Mais même ainsi il y avait matière à réaliser un film qui pouvait être autrement plus ambitieux dans la forme et le fond. Un film qui trace sa route et qui se forge sa propre identité à commencer par trouver une approche qui pouvait accrocher son auditoire. Il y avait matière pourtant. L'histoire de Mandela est en effet juste hors norme et ne peut qu'interpeller exégètes et autres artistes pour favoriser l'émergence d'œuvres passionnantes tout en étant fidèles à la mémoire de cet homme qui s'est forgé définitivement une place dans l'histoire de l'humanité.

Au-lieu de cela, le réalisateur Justin Chadwick se contente d'ânonner un scripte aussi indigent qu'indigeste uniquement rythmé par des envolées lyriques et musicales qui finissent par enterrer toutes velléités créatrices et personnelles. Idris Elba confirme aussi qu'il est encore loin d'avoir trouvé un rôle au cinéma à la démesure de son immense talent découvert avec la série Sur Écoute. À la limite, la seule mais énorme qualité de Mandela : un long chemin vers la liberté, c'est de permettre une révision à la hausse d'Invictus où Morgan Freeman interprétait un Mandela bien plus incisif et où l'angle choisit par Eastwood pour parler de l'Afrique du Sud était bien plus efficace et convaincant.  

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