Critique : The Sessions

Perrine Quennesson | 6 mars 2013
Perrine Quennesson | 6 mars 2013

Un homme d'une quarantaine d'années, toujours vierge, cherche à perdre sa virginité auprès d'une femme douce et ouverte d'esprit. Non, ce n'est pas le pitch de 40 ans toujours puceau de Judd Apatow mais de The Sessions. Leur différence ? Si Steve Carell était un handicapé social, John Hawkes lui interprète une personne handicapée physiquement. Mais ce passage à l'âge adulte par le sexe n'en est pas pour autant très éloigné, ni moins drôle et sûrement pas moins touchant.

Le film de Ben Lewin s'intéresse à l'histoire vraie de Mark O'Brien, poète et journaliste de presque 40 ans, survivant de la polio qu'il a contracté à l'âge de 6 ans. Enfermé dans un poumon d'acier une grande partie de la journée, assisté par des auxiliaires qui se relaient 24h/24, Mark n'est pas pour autant homme à se laisser abattre. Sa verve et son humour sont ses forces mais elles ne l'aident plus vraiment à lutter contre ce manque frustrant : l'absence de contact physique et, plus particulièrement, sexuel. Pétrifié par sa virginité, il décide, sous les conseils de ses amis, de faire appel à une thérapeute sexuelle.

Helen Hunt incarne Cheryl, cette thérapeute tandis que John Hawkes, que l'on avait pu voir en « gourou » manipulateur dans Martha Marcy May Marlene joue Mark. Leur rencontre dans le film, c'est la rencontre de deux corps, de deux nudités mais aussi de deux pudeurs. Elle, habituée, dévoile sa chair comme on ouvrirait une boite à outils pour réparer quelque chose : ce geste mécanique, mais gracieux, cache, en revanche, une vraie volonté de dissimuler ses sentiments et son âme. Tout le contraire de Mark qui étale à l'envie (mais avec style) ses affects et ses réflexions mais souffre de ce corps atrophié et convexe dont il ne peut disposer et qui est soumis au bon vouloir des autres. Ce choc, cette rencontre est donc source de révélations intenses pour les deux personnages, qu'elles soient physiques ou psychologiques. Quand le médecin aide le patient et vice versa.

Mais rien de sirupeux ici. Si le ton est résolument tendre et bienveillant, le film, un peu comme Intouchables, ne tombe jamais dans un misérabilisme primaire qui prendrait ce tétraplégique en pitié ou, pire, s'en servirait comme d'une caution morale. Non, le film traite frontalement d'un thème rarement évoqué au cinéma ou dans les médias : la sexualité des personnes handicapées. Sans détour, The Sessions évoque la ligne ténue avec la prostitution et apporte une vraie réflexion humaine au sujet. La question morale est elle aussi prise en compte avec le personnage de William H. Macy qui joue le prêtre, confident de Mark. Si son éducation religieuse ne cautionne pas l'acte, il parvient à mettre de côté ses propres convictions pour s'intéresser à ce qui compte réellement : la personne en face de lui. L'occasion de séquences particulièrement drôles et d'une grande intelligence.

Porté par des acteurs rayonnant de justesse, The Sessions est un feel good movie intelligent et jamais mièvre, qui parle sans fausse pudeur d'un sujet nécessaire qu'on a bien trop tendance à vouloir éluder.

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