Hansel & Gretel : Witch Hunters - critique sanguinolente

Jérémy Ponthieux | 27 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jérémy Ponthieux | 27 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Hansel & Gretel : Witch Hunters de Tommy Wirkola avec Gemma Arterton et Jeremy Renner, héros d'une version revisitée du célèbre conte : voilà bien un film qui, de son concept même, se présente comme un objet bancal, aux confluents de deux courants de pensée contradictoires. 

De l'un, il y a la nouvelle mode hollywoodienne qui consiste à investir les projets les plus invraisemblables (un jeu de société hier, un conte allemand aujourd'hui) pour en faire de la conserve photographique, long-métrage ciblé pour un public-type qui assimile un bon fast-food à un sain déjeuner. En pratique, cela se traduit par un récit laborieux, traversé de lieux communs et de psychologie de comptoir, le tout relevé d'un zeste de dialogues indigents (« j'ai la maladie du sucre » s'exclame très sérieusement un Hansel malade).

 

photo, Jeremy Renner, Gemma Arterton

 

Le conte d'origine est expédié en une introduction d'une dizaine de minutes, au montage accéléré et à l'atmosphère dénuée d'épaisseur, faisant de l'efficience visuelle une primauté de tout les instants. Puis le générique, carte interactive où la légende s'imprime au rythme d'une composition musicale énervée, amenant le plus naturellement au couple vedette. Comme bien d'autres avant lui, Hansel & Gretel met seul en valeur l'alchimie du duo central, n'amenant ni ambiguïté sexuelle ni conflits dramatiques, se reposant sur des performances physiques qu'on imagine travaillées. Parfaitement conscient de l'ampleur du projet, les deux acteurs s'évertuent à rester sur la touche, particulièrement Jeremy Renner, tout en mâchoire serrée et en postures décontractées. Le reste du casting est à l'avenant quand il ne cabotine pas à fond les bananes, d'un Peter Stormare caricatural à une Famke Janssen en roue-libre.

 

photo, Famke Janssen

 

Seulement voilà, Hansel & Gretel: Witch Hunters est un film de Tommy Wirkola, produit indépendamment par Adam McKay & Will Ferrell. Le premier est un réalisateur norvégien adepte des concepts frappadingues (Dead Snow, c'est lui) et l'autre est un inséparable duo enclin à toutes les plus absurdes facéties. Il résulte de cette association une liberté de ton parfois vivifiante, qui agit en sourdine par le truchement d'une violence transgressive, qui lâche la bride à de multiples implosions sanguinolentes. Tel un vrai sale gosse, Wirkola fait connaitre des misères à ses chasseurs de sorcières, qui se font botter les fesses les trois-quarts du film, quand l'un des deux ne s'enfile pas une groupie rousse dans un lac chauffé. Généreux dans sa sincère envie d'en faire des caisses, le réalisateur n'a pas peur du ridicule et transforme de multiples poncifs en plaisir coupable, parfois pertinents, jamais de bon goût. Et quand son climax métamorphose son univers nordique en orgie de douilles bénites, on se sent comme pris en sandwich, l'esprit endolori par autant de bêtises crasses. 

 

Affiche

Résumé

Un spectacle généreux, amusant, mais finalement très bancal et loin d'être aussi fun que prévu.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.3)

Votre note ?

commentaires
Number6
28/03/2018 à 07:10

Oh on aura peut être une surprise, il finira bien par se montrer. Mais si c'est pas le cas, je voudrais qu'on parle d'un personnage sensé être présent mais qui ne l'est pas ou peu en disant, tiens il a fait une Hawkeye...

corleone
28/03/2018 à 01:48

Ha ha ha Number6 merci pour ton vibrant hommage au MCU et à l'un de ces "personnages phares" ha ha ha

Number6
27/03/2018 à 21:37

Dans la suite, Hansel reste à la maison pendant qu'un méchant veut contrôler le monde. Du coup, tous les héros sont de la partie, sauf lui qui reste pour ses enfants et sa femme, aidé par un homme fourmi...

votre commentaire